Le fédéral et le contrôle des armes à feu

Selon l’auteur de ce texte, le Parti libéral de Justin Trudeau était celui qui avait l’engagement le plus complet et le plus solide en ce qui a trait à l’interdiction des armes d’assaut.

OPINIONS / L’auteur, Serge St-Arneault, est originaire de La Tuque. Il est le frère d’Annie, une des victimes de la tuerie de Polytechnique.


Une culture des armes à feu existe bel et bien au Canada, qui se classe au cinquième rang mondial pour le nombre d’armes à feu en circulation. L’organisme «Small arms Survey» estime que ce nombre à 13 millions d’armes à feu soit 35 armes par 100 habitants.

Une précision s’impose. Il y a trois catégories d’armes à feu: les carabines et fusils de chasse classés sous l’appellation «sans restriction», les armes de poing ou pistolets et les armes d’assaut «à autorisation restreinte» et les armes automatiques et certaines armes d’assaut «prohibées».



Les statistiques montrent que 60 % des homicides sont commis par les armes de poing et que leur nombre a augmenté de 100 % entre 2013 et 2017, en plus de celles qui sont illégales. Le trafic de ces armes provient de deux principales sources: des États-Unis et celles volées de propriétaires légaux canadiens.

Le contrôle des armes à feu est de fait un enjeu incontournable dans la campagne électorale qui a cours en ce moment. En parler ne relève pas de la propagande politique. En effet, il s’agit avant tout d’un enjeu de santé et de sécurité publique. Les médecins dénoncent de plus en plus les conséquences dévastatrices des blessures causées par les projectiles d’armes à feu, toutes catégories confondues.

Les armes semi-automatiques de style militaires sont particulièrement dangereuses. En fait, leurs mécanismes peuvent parfois être modifiés de manière à les transformer en fusil automatique ou capable de tirer 20, 30 et même 50 balles en rafale.

À bien y penser, les chasseurs et fermiers ont intérêt eux aussi à demander la mise au rancart des armes d’assaut si destructrices. Leurs armes d’utilité sportive, bien entreposées et manipulées de manière responsable, ne représentent pas un risque déraisonnable pour la sécurité publique et peuvent donc rester entre les mains de citoyens responsables. La plupart des propriétaires d’armes sont des chasseurs et, selon les sondages, n’endossent pas l’accès légal aux armes d’assaut de type militaire.



Quelle était donc la position des partis politiques sur ce sujet?

Basé sur leur bilan et leurs promesses électorales, le Parti conservateur entendait continuer à démanteler la loi sur le contrôle des armes conformément aux vœux du lobby des armes à feu.

Le Parti populaire aurait augmenté l’accès aux armes d’assaut et leurs accessoires et légiférerait pour protéger les intérêts des propriétaires d’armes.

Le Nouveau Parti démocratique et le Bloc québécois sont généralement en faveur d’un contrôle plus strict des armes à feu et appuieraient l’instauration d’une interdiction des armes d’assaut ainsi que des chargeurs modifiables.

Or, la proposition du Parti libéral d’interdire les armes d’assaut sans clauses «grand-père» et attachée à un budget substantiel pour racheter les modèles existants représente l’engagement le plus complet et le plus solide quant à cette mesure, attendue depuis 30 ans par les familles des victimes de la tuerie à Polytechnique.

Il faut maintenant espérer que le Parti libéral, qui forme maintenant un gouvernement minoritaire, passe de la parole aux actes concernant la question critique de l’accessibilité des armes d’assaut de type militaire encore légalement vendues au Canada. Souhaitons, si le gouvernement présente des mesures de contrôle plus strict, qu’il puisse compter sur l’appui des partis qui se disaient favorables à de telles mesures.