Un immigrant français menacé de retourner dans son pays

Valentin Agator et sa conjointe, Sophie Delepine, avaient trouvé leur chez-soi au Québec.

TROIS-RIVIÈRES — Valentin Agator, un immigrant français installé à Trois-Rivières depuis mars 2017, était loin de se douter de ce qui allait lui arriver en acheminant sa demande de renouvellement de permis de travail en octobre 2018. Alors que tout son entourage n’avait que des bons mots à son égard et qu’il avait obtenu son certificat de sélection du Québec, le ministère de l’Immigration du Canada a refusé toutes ses demandes dans la dernière année pour finalement lui donner un délai de trois mois pour retourner dans son pays d’origine.


Vendre ses meubles, résilier son bail et ses abonnements au Québec, se trouver un logis en France, trouver une source de revenus là-bas en attendant de revenir au Québec, voilà entre autres ce qui attend Valentin Agator dans les prochains mois. Pourtant, il avait su s’établir confortablement au sein de sa communauté en se trouvant un emploi stable chez Logesco Informatique, à Nicolet, dans lequel il a fait très bonne figure selon son patron. Comble de malheur, tous ces problèmes sont arrivés dans sa vie au moment où sa conjointe, une éducatrice en garderie qui doit affronter les mêmes problèmes, et lui planifiaient de se procurer leur première maison et d’établir officiellement leur vie au Québec.

«On a tout essayé pour pouvoir rester, mais chaque fois que l’on tentait de poser des questions aux différentes instances gouvernementales, on obtenait systématiquement une réponse différente qui nous obligeait à chercher une autre solution. Le système semble trop compliqué pour que ça fonctionne», raconte-t-il.

La mauvaise demande

En mars 2017, il a obtenu un permis de travail ouvert sous le programme Expérience internationale Canada (EIC) au titre de la catégorie Vacances-travail. Le permis venant à échéance en mars 2019, il a tenté de le renouveler dès janvier, mais en vain, car les permis de travail émis sous la catégorie Vacances-travail ne peuvent être prolongés. Constatant la situation, M. Agator a choisi de se rendre au port d’entrée d’Armstrong, au Québec, où il a pu mettre la main sur une fiche de visiteur valide jusqu’au 1er novembre 2019, date à laquelle il devrait retourner dans son pays si rien ne bouge dans son dossier. Pour le moment, il serait dans une impasse puisqu’il ne disposerait pas des documents requis pour formuler une demande de résidence permanente et qu’il n’aurait pas le statut requis pour obtenir ces documents. Ce serait donc simplement parce qu’il n’a pas effectué la bonne demande à la base que M. Agator se voit contraint d’affronter ces problèmes.

Cependant, dans un message acheminé au Nouvelliste, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada a laissé entendre que le couple peut encore entretenir l’espoir de rester au Canada. «Si M. Agator souhaite rester au-delà de la période autorisée, il devra présenter une demande de prolongation avant la date d’expiration de son statut actuel, soit le 1er novembre 2019», a fait savoir la conseillère en relation avec les médias chez Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, Nancy Caron.

À cela, Valentin Agator répond qu’il lui est financièrement impossible de prolonger un statut ne lui donnant pas l’autorisation de travailler pendant six mois.

Un problème de plus pour l’employeur

Pour l’employeur de M. Agator, David Francoeur, c’est la catastrophe. Le domaine de l’informatique subissant une forte pénurie de main-d’œuvre qualifiée, il sera très difficile pour lui de combler entièrement le vide causé par le départ d’un employé de la trempe du Français.

«Ça n’a aucun bon sens. Je ne peux pas concevoir qu’une telle situation puisse survenir dans un endroit qui doit faire face à une forte pénurie de main-d’œuvre. Ça allait extrêmement bien avec Valentin. Même que son bagage était extrêmement poussé en raison de l’éducation qu’il avait reçue en Europe. Il a progressé très rapidement et était même sur le point d’obtenir une autre augmentation salariale. Je trouve ça déplorable qu’aucune aide ne soit disponible pour lui et qu’on se débarrasse ainsi de quelqu’un de bien», soutient-il. Il est à noter que M. Francoeur a démontré une volonté de reprendre Valentin Agator dans ses rangs dès son retour au Québec lorsqu’il aura obtenu les documents nécessaires.

En attendant, M. Agator et sa conjointe devront inévitablement trouver une solution pour rester au Canada, sans quoi ils n’auront d’autre choix que de retourner dans leur pays natal pour quelques mois.