Notre patrimoine a besoin d’amour!

Les archives du Séminaire Saint-Joseph (notre photo), tout comme le Musée Pierre-Boucher et le lieu historique national des Forges-du-Saint-Maurice, ont subi de durs coups dernièrement. Le patrimoine et ses institutions en prennent pour leur rhume. Selon l’auteure de ce texte, il y a lieu de réclamer des budgets plus équitables pour les institutions patrimoniales.

OPINIONS / C’est là un constat auquel j’adhère entièrement qui a été lancé, dès ses premières lignes, par l’historien René Beaudoin dans un texte d’opinion intitulé «Les Forges, les archives et le musée», paru le 11 juillet dans ces pages. Sa connaissance du milieu est incontestable et les idées qu’il propose sont inspirantes.


Rien de surprenant que l’historien mentionne, entre autres, l’urgence d’un meilleur investissement de l’État; ceci est non seulement nécessaire mais indispensable. Notre patrimoine collectif mérite qu’on s’en préoccupe collectivement.

Pourtant, deux des exemples qui ont suscité son intérêt relèvent, en fait, du secteur privé: un service d’archives et un musée, en piste depuis un siècle et plus et abrités sous le dôme du Séminaire Saint-Joseph, école secondaire. Chacun d’eux renferme des héritages laissés par des individus, familles, commerces ou autres, avec la confiance que petits et grands trésors y soient sauvegardés et mis en valeur. Accueillant visiteurs et chercheurs gratuitement depuis plusieurs décennies, peut-on reprocher, par ailleurs, à ces lieux de culture de réclamer et mériter d’être soutenus par l’État?

On parle ici d’environ 150 000 $ qui ne sont plus accessibles à la Mauricie. Et surtout pas à Trois-Rivières. Notre patrimoine a cependant toujours besoin d’amour. Les impacts des coupes de financement gouvernemental des dernières années en patrimoine ont déjà des répercussions déplorables sur nos lieux de mémoire en Mauricie, comme ailleurs au Québec.

Mais, comment en est-on arrivé là?

Le tout semble reposer sur les critères d’attribution. En haut lieu, on doit établir des règles de financement, souvent modifiées faute d’argent disponible. On ne répond plus aux nouveaux critères? On ne peut cocher telle ou telle petite case du formulaire, dommage, on coupe! Côté encouragement et reconnaissance du travail accompli, on est loin du compte! Comme le mentionne d’ailleurs monsieur Beaudoin, les archives et le musée fonctionnent à partir d’équipes réduites au maximum, une seule personne dans un cas, trois ou quatre pour l’autre. Assujettis pourtant, eux aussi, aux mêmes barèmes d’évaluations que d’autres institutions qui elles ont accès à des ressources humaines, technologiques et financières plus imposantes. Deux poids, deux mesures.

Avec des budgets plus équitables accordés à l’enveloppe du Ministère de la Culture du Québec et destinés au patrimoine (services d’archives privées et institutions muséales par exemple), la situation pourrait s’améliorer.

Passons le message à nos élus.

Suzanne Girard

Trois-Rivières