La tournée s’arrêtera également à Québec et Montréal et elle implique la participation de Marika Bret, de Charlie Hebdo, et de Gérald Dumont, le comédien français qui interprétera à chaque endroit le texte de Charb.
Dans le cas de la conférence de presse, Djemila Benhabib prendra la parole pour expliquer les raisons de son initiative alors que Marika Bret et Gérald Dumont s’exprimeront également pour expliquer dans quel contexte ils travaillent puisqu’aujourd’hui, la critique des religions et celle de l’Islam en particulier est un sujet encore sensible et très difficile à traiter.
Le soir, le public pourra assister à la représentation théâtrale de Gérald Dumont rehaussée par une rétroprojection. Par la suite, plusieurs personnalités prendront la parole dans le cadre d’une discussion qui impliquera Marika Bret, Gérald Dumont mais aussi Louise Mailloux, philosophe, Isabelle Dumais, présidente de la Société des écrivains de la Mauricie, Jamil, auteur, compositeur et interprète de même que Guy Rousseau, directeur général de la SSJB.
L’initiative de Djemila Benhabib de présenter cette tournée tient évidemment à la pertinence du propos véhiculé même quatre ans après la tragédie de Charlie Hebdo. «Le combat pour la liberté d’expression c’est un combat qui ne finit jamais; il y a toujours des dangers et des enjeux. La parole est encore menacée: la critique de l’Islam, elle est difficile aussi bien en Europe qu’ici au Québec. Évidemment, je suis déçue qu’on en soit encore là aujourd’hui. J’aurais souhaité qu’on avance plus rapidement et qu’on soit plus nombreux à porter ce combat-là. Par contre, je constate qu’il y a de plus en plus de gens qui y sont sensibilisés. Je suis donc partagée entre le besoin de sensibiliser davantage et une profonde reconnaissance envers les gens qui s’impliquent.»
L’écrivaine cible certains facteurs qui contribuent à ralentir la progression de la lutte pour la liberté d’expression. «La censure est un problème majeur comme l’est la peur de parler. En 2019, on a peur de parler de plein de choses au Québec et ailleurs. Je vois s’installer une forme d’autocensure notamment chez pas mal de journalistes et ça m’inquiète. Je ne veux pas vivre dans un pays où les gens se surveillent parce qu’il est sain de formuler une pensée: ça élève notre intellect.»
«Certaines de mes conférences ont été annulées comme une, à la Maison de la littérature à Québec, sous prétexte que ma parole était dangereuse. On appréhendait ce que j’allais dire. J’étais coupable par avance de ce que je n’avais pas encore dit!»
«Il existe toujours une menace que chacun de nous a intériorisée. Ces lignes rouges ne sont pas établies par nos démocraties mais par des lobbys intégristes et c’est ça qui est inquiétant. Je suis convaincue que des événements comme cette tournée peuvent contribuer à changer les choses. Il faut que les gens parlent, qu’ils puissent partager des expériences, échanger, s’ouvrir à l’altérité, à la diversité, à la pluralité. C’est comme ça qu’on peut établir un nouveau paradigme, en travaillant ensemble.»
«Je mène ce combat avec beaucoup de monde et je trouve très important de préciser qu’il y a parmi ces gens beaucoup de voix musulmanes qui prennent la parole pour nous sensibiliser au danger de l’Islam politique. Je trouve ça très salutaire.»