On ne compte plus les différentes récompenses qui ont été attribuées à ce natif de ce qui était Shawinigan-Sud en 1947. Mentionnons trois Prix du gouverneur-général en 1985, 1997 et 2003, le Prix Athanase-David en 2018, son titre de Chevalier de l’Ordre national du Québec ou encore la Grande médaille de la francophonie de l’Académie française pour l’ensemble de son oeuvre. Or, malgré une longue liste d’honneurs et de distinctions, c’est avec une grande modestie qu’il a accepté mardi le Prix Adagio qui lui vaudra une visibilité spécifique lors de la tenue du Salon du livre trifluvien du 28 au 31 mars.
«Il est vrai que j’ai reçu plusieurs prix depuis quelques années mais ça témoigne essentiellement de mon âge, a-t-il ironisé devant le public présent pour l’occasion à la bibliothèque Gatien-Lapointe. Il reste que ce Prix Adagio est très spécial à mon cœur. Il est certainement de ceux qui me font le plus plaisir, et ce, pour plusieurs raisons. D’abord, il vient en quelque sorte boucler une boucle puisque le tout premier prix que j’ai remporté, c’était en 1965 à une époque où Le Nouvelliste organisait un concours de contes de Noël et le mien avait été retenu et publié. Cinquante-quatre ans plus tard, je reviens pour recevoir cette très belle récompense.»
«Il reste que la principale raison de mon plaisir, c’est que ça vient de la région où je suis né et où j’ai grandi. Ma famille paternelle est installée à Shawinigan-Sud depuis deux ou trois siècles et ma femme est également mauricienne. C’est ma patrie intime, là où j’ai appris ma langue, où j’ai reçu mon éducation. C’est ici que j’ai découvert tout ce qui allait me faire vivre par la suite. Je dois énormément à la Mauricie.»
François Ricard a fréquenté le Séminaire Sainte-Marie de 1959 à 1966 et garde de ces années d’apprentissage un excellent souvenir. «Je fais partie d’une des dernières cohortes à avoir suivi le cours classique. Nous vivions une époque de transition alors que nous avons pu profiter d’une grande et riche tradition tout en étant très ouverts à la nouveauté. On a beaucoup critiqué le cours classique mais j’avoue que pour moi, ce sont de merveilleux souvenirs. Le Séminaire Sainte-Marie était un milieu unique avec des prêtres remarquables qui créaient un climat très riche pour les élèves curieux comme je l’étais. Malgré l’image caricaturale qu’on en a faite au cours des années, je peux dire que le cours classique avait l’immense mérite de nous apprendre la liberté.»
«Quand je pense aujourd’hui à tous ces gens de la région à qui je suis redevable, ça me rend encore plus humble devant ce prix qu’on me remet. Je suis très touché et c’est un immense plaisir que vous me faites.»
C’est l’abbé Jean Panneton qui a présenté le récipiendaire au public avec l’humour et la verve qui le caractérise or, les organisateurs n’auraient pu faire choix plus éclairé puisque non seulement il a enseigné la littérature à François Ricard au SSM mais il l’a même accompagné lors d’un séjour de deux mois en France marqué par divers pèlerinages littéraires. «Ça avait été deux mois d’exaltation constante alors que j’avais 20 ans et que je découvrais ma passion pour la littérature.»
L’abbé Panneton a indiqué que c’est la forme de l’essai qui a sans doute marqué la carrière littéraire de son ancien élève parce que c’est celle qui convenait le mieux à sa langue claire, nette et directe.
Proche de Gabrielle Roy, François Ricard lui a consacré une biographie devenue une référence incontournable et il a également travaillé étroitement avec Milan Kundera avec qui il a préparé l’édition de Milan Kundera: Oeuvre dans la très prestigieuse collection de la Pléiade.
À 72 ans, même retraité de l’enseignement depuis une dizaine d’années, il demeure très actif au sein, notamment, de la maison d’édition Boréal où il a fondé la collection d’essais Papiers collés.