Selon ce que Le Nouvelliste a appris, ce blitz de négociations, qui se déroule sans la présence d’un médiateur, doit durer jusqu’à dimanche. Certains syndiqués espèrent même que l’assemblée générale d’information prévue le 12 février prochain puisse se transformer en vote sur une proposition. Un vétéran s’attend même à un retour au travail en mars.
Même si quelques-uns ne cachent pas leur confiance, d’autres ne veulent pas se faire d’illusions, ayant déjà vécu leur part de déception au cours des 13 derniers mois.
Chose certaine, l’ambiance était plutôt détendue à l’entrée de l’aluminerie, qui fait toujours l’objet d’une surveillance serrée au niveau de la sécurité. Et le débarquement de cette centaine de camarades CSQ, répartis dans trois autobus, a visiblement réchauffé le cœur des lockoutés. Les visiteurs ont profité de leur conseil général de négociation dans la région pour venir exprimer leur soutien.
«Après plus d’un an de lock-out sauvage, ça fait du bien. Les batteries faiblissent, mais là, elles sont pleines», a lancé spontanément un représentant des syndiqués de l’ABI, provoquant un concert de trompettes.
Celui-ci a voulu souligner tout l’appui reçu depuis ce fameux 11 janvier 2018, date à laquelle l’entreprise a décrété un lock-out. «Parmi tout ce support incroyable, soit un total de 404 supporters, il y a 17 syndicats affiliés à la CSQ. Il y en a de partout», s’est-il plu à rapporter.
Un collègue syndical a rappelé que la CSQ était déjà venue au printemps et que dès sa nomination à la présidence à l’été, Sonia Ethier avait tenu un discours de solidarité. «Il y a cette solidarité entre le secteur public et privé», a-t-il soulevé avant de parler, dans le cas du conflit à l’ABI, de «la plus grande solidarité intersyndicale de l’histoire du Québec».
À son arrivée sur les lieux, l’invitée du jour fut accueillie chaleureusement par les lockoutés, multipliant les poignées de main alors que soupe et boîtes à lunch étaient distribuées.
«C’est indécent qu’un employeur agisse comme ça au Québec et perpétue ce lock-out sans vouloir régler la situation. Il est plus que temps que le ministre du Travail fasse quelque chose dans ce dossier-là. Il doit intervenir», a-t-elle déclaré dans son allocution.
«Il devrait vraiment faire un effort supplémentaire pour approcher l’employeur et le pousser pour qu’il laisse entrer les travailleuses et travailleurs au travail parce que c’est une question de dignité, de respect et de survie de la région. Celle-ci est affectée grandement et il n’est plus justifié de continuer cette attitude injuste», a ajouté Mme Ethier lors d’une mêlée de presse.
Selon elle, les travailleuses et travailleurs de l’ABI vivent vraiment un drame humain. «Non seulement il y a les travailleuses et travailleurs, mais il y a aussi les familles et la région au complet qui sont affectées par ce lock-out. Alors, pour nous, c’est très important de venir soutenir les travailleuses et travailleurs», a-t-elle martelé.
Dans son discours, cette dernière a également évoqué la présence de la CSQ aux côtés des lockoutés en mai 2018. «On a reçu aussi un travailleur, un militant, au dernier conseil général d’octobre qui est venu nous expliquer la nature du lock-out et comment il appréciait cette solidarité de notre centrale», a-t-elle indiqué.
Si l’appui exprimé l’an dernier était financier, la présidente Ethier n’avait pas cette fois de chèque avec elle. «Ça fait deux fois qu’on vient. C’est vraiment un geste de solidarité. Tant mieux si ce conflit de travail sauvage se règle rapidement. Même si on espère ne pas revenir, s’il le faut, on reviendra. Nous sommes de tout cœur avec vous dans cette épreuve et nous continuerons à vous soutenir», a-t-elle conclu.