Les Rêves de Monique Bourassa

Monique Bourassa a reçu la Médaille du service méritoire remise par la gouverneure générale du Canada, Julie Payette.

Survivante d’un cancer du sein diagnostiqué il y a 20 ans, Monique Bourassa travaille depuis sans relâche pour aider les femmes atteintes de cette terrible maladie à surmonter les difficultés qu’elles affrontent.


Récemment, cette femme dévouée a reçu la Médaille du service méritoire, division civile, remise par la gouverneure générale Julie Payette. Elle a mis sur pied un centre d’aide et organise depuis 10 ans à la Maison de la Culture de Gatineau un spectacle à grand déploiement avec défilé de mode, Les Rêves de Monique, pour venir en aide aux femmes atteintes du cancer du sein. L’événement a déjà permis d’amasser plus de 800 000 $, argent qui a servi à acheter du matériel et équipement pour le Centre de cancérologie de l’Outaouais. Portrait d’une femme dévouée et déterminée.

Il y a déjà 20 ans, Monique Bourassa, alors agente de bureau à la Société de transport de l’Outaouais, venait de quitter son emploi pour réaliser un rêve, celui de devenir chauffeuse d’autobus pour le même employeur. « À 50 ans, je voulais réaliser un rêve et démontrer que c’était possible pour une femme de mon âge de devenir chauffeuse d’autobus », raconte-t-elle. Elle devait commencer sa formation de chauffeuse quand une nouvelle inattendue modifia son parcours.

« Le 6 juillet 1998, j’ai passé une mammographie. Le 9, mon médecin m’a appris que j’avais le cancer, et le 13, j’ai été opérée. Tout s’est passé très vite », se rappelle Mme Bourassa. Dans les circonstances, son employeur a déchiré sa lettre annonçant sa démission, et l’a informée qu’elle pourrait revenir à son ancien poste quand elle serait prête. « Mon employeur a déchiré ma lettre de démission et m’a dit de prendre le temps de guérir, que mon ancien poste serait là à mon retour ». Ce n’est qu’une année plus tard qu’elle put enfin réaliser son rêve et devenir chauffeuse d’autobus, poste qu’elle occupa pendant plus de sept ans avant de prendre une retraite bien méritée à 57 ans.



Mme Bourassa décida alors de s’impliquer pour aider les femmes atteintes du cancer du sein. Après deux ans de travail, elle lance le Centre de lymphœdème de l’Outaouais Inc., qui offre des services divers aux femmes atteintes d’un cancer. « Des prothèses mammaires, jusqu’aux traitements de lymphœdème. Nous offrons aussi des camisoles chirurgicales gratuitement », souligne Mme Bourassa.

Maintenant âgée de 72 ans, elle y travaille encore tous les jours, mais a réduit le rythme à cinq heures au lieu de neuf à 10 heures comme avant. « J’ai eu 72 ans en février, je suis chanceuse de travailler encore. Pour moi, c’est comme un cadeau de pouvoir aider les femmes. Et moi, je suis un bel exemple d’espoir », souligne-t-elle.

Équipements de pointe 

Elle constate aujourd’hui les avancées extraordinaires de la médecine, ce qui l’inspire pour continuer à amasser des fonds pour étendre l’accessibilité aux équipements médicaux de pointe au Centre de cancérologie de Gatineau.

« En 1998, j’avais passé presque deux heures sur une table très dure sans parler ni bouger, j’avais les yeux qui coulaient. Aujourd’hui, tout se fait rapidement et les chances de guérison sont plus élevées. Avec les nouveaux appareils, on peut cibler une petite pointe grosse comme une aiguille une cellule méchante de métastase. C’est extraordinaire.



«Mais ce n’est pas acceptable pour moi qu’on ne puisse avoir accès à des équipements de pointe dans la région de l’Outaouais, alors qu’ils sont disponibles à Montréal, Sherbrooke. Pour les gens moins fortunés, qui n’ont pas les moyens de payer pour aller à l’extérieur pour avoir les traitements, c’est parfois une question de vie ou de mort. Oui, il faut que convaincre le gouvernement d’investir, mais nous aussi avons notre part à faire. Et moi, j’ai comme objectif d’amasser un million de dollars. Ensuite, on commencera à travailler pour un autre million. Lorsque je ne serai plus capable de continuer, que la santé m’empêchera d’y travailler, je vais passer le flambeau à la relève que je vais préparer.»

Une soirée pleine d’émotions 

En octobre dernier, la 10e édition du spectacle Les Rêves de Monique, auquel participait Isabelle Boulay, réunissait des femmes survivantes et combattantes du cancer du sein.

«Il y a dix ans, je pensais que nous allions faire un seul spectacle. Mais, il y avait eu tellement d’émotions cette fois-là, que nous avons décidé de le refaire. Et chaque année, les gens sont tellement généreux pour la cause, c’est incroyable. Toute la communauté de l’Outaouais s’implique. C’est formidable de voir autant de solidarité.»

Lors du spectacle Les Rêves de Monique, une cinquantaine de bénévoles s’affairent à la vente des billets, et appuient les vedettes de cette soirée à se présenter sur scène, pour le défilé de mode.

Les dons de services et d’argent sont au rendez-vous et ont permis d’offrir un voyage d’une valeur de 5000 $ et un panier cadeau de 12 000 $. Le total des dons pour 2018 sera connu prochainement, explique Mme Bourassa.

«De voir les femmes qui viennent de surmonter le mont Everest, sur scène, se retrouver toute en beauté, c’est magnifique. Vous savez, je ne veux pas banaliser le cancer du sein ou la perte d’un sein, mais la vie vaut plus. Moi, j’ai vécu tellement de belles choses depuis. C’est un cadeau de voir toutes ces femmes et d’entendre leurs témoignages.»



Cette année, Mme Bourassa a célébré à sa manière le 20e de l’événement qui aura changé sa vie.

«Je suis encore là 20 ans après. Et le 10 juillet de chaque année, je m’offre un petit cadeau. Cette année, mon mari et moi avons fait un road trip en auto jusqu’en Alberta. C’était un rêve de traverser le Canada, et je l’ai fait. Je profite du moment présent. Et je veux continuer à donner au suivant aussi longtemps que la santé me le permettra.»


Elles ont un parcours impressionnant. Elles sont une véritable source d’inspiration. Des personnes d’exception racontent leur histoire dans la série Hommage aux meilleurs que présente le Groupe Capitales Médias.