Les étudiantes sages-femmes de l’UQTR en grève

Étant sur appel durant une bonne partie de leur stage, les étudiantes sages-femmes ne peuvent occuper un autre emploi pour gagner leurs études.

TROIS-RIVIÈRES — Les étudiantes en pratique sage-femme de l’UQTR ont emboîté le pas dans le mouvement de grève pour la rémunération des stages et seront donc en grève jusqu’au 24 novembre.


Ce n’est pas la première fois que les étudiantes de la pratique posent des actions dans l’espoir de faire reconnaître leur besoin d’être rémunérées durant leur stage. Au printemps dernier, elles tenaient trois jours de grève et marchaient dans les rues de Trois-Rivières afin de sensibiliser l’opinion publique à ce sujet.

Cette semaine, les étudiantes en pratique sage-femme utiliseront leurs journées de grève pour travailler sur des stratégies visant à sensibiliser à nouveau le gouvernement dans ce dossier qui n’aboutit pas. «Notre premier mémoire a été déposé en 2012 à l’Assemblée nationale», rappelle en effet une finissante du programme à l’UQTR, Élisabeth Lamarre.

Cette dernière indique qu’elle et ses consœurs participeront également aux manifestations provinciales organisées par les étudiants de diverses disciplines qui demandent eux aussi une rémunération de leur stage.

Comme l’explique la directrice du comité de programme de premier cycle, Lucie Hamelin, le département ne peut appuyer le mouvement de grève des étudiantes comme tel. «Nous avons consulté le doyen des études et aussi du côté juridique et on ne peut pas donner un appui à une grève, mais on peut être sensible à leur demande concernant les exigences liées au programme», fait-elle valoir.

C’est que le stage et l’internat, qui totalisent 2400 heures, se font à l’extérieur de la région. Les étudiantes doivent donc débourser pour du logement, avoir une automobile de même qu’un téléphone cellulaire, ce qui représente beaucoup de frais pour elles. «Il y a des exigences liées au programme et on n’est pas le seul», souligne-t-elle. C’est aussi le cas des «infirmières, des médecins, des ergothérapeutes, de tout le monde en santé qui fait des stages à l’extérieur.» «Le programme croit que ces exigences-là devraient être compensées, peut-être, par des prêts et bourses adaptées à cette réalité-là», indique la professeure Hamelin.

«Il pourrait y avoir une rémunération au moment de l’internat comme dans d’autres professions», suggère-t-elle.

Les étudiantes estiment toutefois que la rémunération, et non les prêts et bourses, demeure la seule option possible parce qu’il leur est impossible d’occuper un autre emploi durant leurs longs mois de stage. «Nous sommes de garde de 8 à 10 jours sur 14» et sur appel à tout moment s’il y a un accouchement, fait valoir Mme Lamarre.

Cette dernière indique qu’un stage rémunéré pourrait donner accès à la CNESST en cas d’accident. «Nous travaillons dans toutes sortes de postures», explique-t-elle. Cela mettrait les étudiantes davantage à risque d’un accident selon elle. «Nous aurions aussi également droit au RQAP» (régime québécois d’assurance parental), ajoute-t-elle.

Lucie Hamelin croit qu’il faudrait «aller plus loin dans la réflexion sociale à ce niveau» et essayer d’innover.

En attendant, les étudiantes en grève devront reprendre leurs journées à la fin des stages. «Même chose pour les cours. Ils se donnent, théoriquement, sauf pour les étudiantes qui ont fait des arrangements avec leur chargé de cours ou avec leur professeur. Elles se sont organisées pour reprendre leur temps. Les stages sont de 14 semaines et ne peuvent pas être de 13 semaines. Elles ont besoin d’expérience et de développer leurs compétences», fait valoir la directrice.

«Normalement, notre stage finissait le 21 décembre, mais nous devrons le terminer durant la période des fêtes», souligne Mme Lamarre. «C’est un gros sacrifice. C’est dire que nous y tenons.»