Le patrimoine religieux est en péril. Les colonnes de nos temples sont ébranlées. Ceux-ci sont ou seront démolis tandis que d’autres seront vendus pour être ensuite restaurés et habités d’une nouvelle vocation. La démolition de l’église Saint-Philippe de Trois-Rivières, la réouverture de l’église Saint-Paul dans le secteur de Grand-Mère à la suite de dégâts d’eau. De même, les églises Sainte-Croix et Christ-Roi de Shawinigan, déjà recyclées en friperie, en sont aussi des exemples.
Le bilan de santé de l’église Saint-Pierre est une preuve tangible que ce lieu spirituel a un besoin urgent d’un électrochoc. La fabrique a besoin d’une coquette somme de tout près de 2 millions $ pour restaurer à court terme. Puis on apprend qu’elle est tout simplement à vendre! Le manège des rumeurs s’emballe.
Plusieurs prétendent que ce joyau architectural sera démoli à coup sûr tandis que d’autres affirment qu’il faut se mettre en mode solution pour lui forger une nouvelle vocation tout en lui redonnant ses lettres de noblesse.
Du haut de son socle dominant fièrement le centre-ville d’où elle a vu naître le
tissu industriel shawiniganais, cette belle église fait partie intégrante du paysage urbain. L’église Saint-Pierre a vraiment besoin d’être restaurée, et ce, afin d’éviter de tomber sous les pics des démolisseurs, laissant sur place une véritable cicatrice béante.
On n’a qu’à se rappeler que cette construction a débuté par l’aménagement d’un sous-bassement que les nombreux fidèles de l’époque fréquentaient pour les offices religieux. Par la suite, la population locale organisait une campagne de financement pour ériger le bâtiment actuel. On y retrouve encore des vitraux conçus par l’artiste italo-canadien Guido Nincheri, d’une valeur inestimable.
D’importants donateurs sont décédés depuis ce temps. Les revenus provenant des funérailles, des mariages, des baptêmes et tout autre service disponible ont fondu comme neige au soleil. La fréquentation des fidèles a diminué de façon vertigineuse. Même un festival de musique sacrée a essuyé un déficit lors de sa présentation sur place pour essayer de récolter du financement.
Une rencontre d’information a été organisée récemment par la fabrique. Au cours de celle-ci, on a informé les personnes présentes qu’une décision fut prise de façon unanime de fermer officiellement ce site patrimonial et de vendre.
Par contre, afin de sauver cette belle église, on pourrait envisager de définir une nouvelle vocation culturelle. Il faudrait renforcer le plancher pour soutenir le poids des étagères de livres, mais on pourrait convertir le lieu en bibliothèque municipale. L’aménagement d’une librairie, une galerie d’art pour promouvoir nos artistes en émergence, un centre d’interprétation sur l’histoire du patrimoine religieux régional pourraient voir le jour.
Au sous-sol, on pourrait prévoir une salle multifonctionnelle pour la tenue de conférences, des ateliers disponibles aux artisans de tous genres. Les tarifs provenant des locateurs et des frais engendrés par les admissions seraient parmi les revenus potentiels. Imaginez l’ambiance qui régnerait dans ce lieu!
Shawinigan ayant connu l’époque de l’âge d’or de l’industrialisation, la ville s’est nouvellement transformée par l’arrivée d’entreprises en technologies numériques et de l’information. Si le cœur de la ville revit intensément, c’est grâce au dynamisme de nos bâtisseurs d’antan et de ceux ou celles qui ont encore foi dans son avenir.
Afin de continuer à exceller, une image positive auprès des touristes de passage est nécessaire. Les leaders de cette nouvelle ville devront véhiculer et marteler sa devise affirmant fièrement qu’elle est «un courant d’énergies» et qu’elle demeure une ville empreinte d’histoire... à découvrir!
Michel Bellemare
Shawinigan