Saint-Tite: les opposants seront discrets

Les opposants aux rodéos ne se feront pas voir cette année à Saint-Tite.

TROIS-RIVIÈRES — À l’aube de l’ouverture du 51e Festival western de Saint-Tite, il ne faut s’attendre à aucun coup d’éclat de la part des opposants aux rodéos. Le professeur de droit de l’Université de Montréal, Alain Roy, n’a pas l’intention d’envoyer des observateurs du côté de Saint-Tite afin de documenter une fois de plus les pratiques qui se dérouleront durant les rodéos. De son côté, la SPCA Montréal n’entend pas s’y rendre pour manifester et préférera attendre les conclusions du comité de travail.


Alain Roy, qui a été à l’origine du dépôt d’une injonction en 2017 pour faire interdire la présentation d’un rodéo à Montréal, dit être lui aussi en attente de la publication du rapport du comité de travail mis en place avec le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, rapport qui, selon lui, mettra finalement plus de temps que prévu à être complété.

On se souviendra que l’injonction déposée par Alain Roy et ses étudiants visait d’abord à tester la Loi sur le bien-être animal, que le professeur estime incompatible avec les activités de rodéo. La présentation du rodéo urbain dans le cadre des festivités du 375e anniversaire de Montréal était visée par cette injonction, mais pouvait également avoir une incidence et causer un précédent pour toutes les activités de rodéo au Québec.

Une entente est intervenue entre les deux parties quelques semaines avant la présentation du rodéo en août 2017, permettant la tenue de l’activité, mais autorisant aussi la formation d’un comité de travail qui aurait à fixer des balises pour encadrer la pratique des rodéos au Québec, en lien avec la loi. Parallèlement, le professeur a eu l’autorisation de former un comité d’observateurs qui pourraient documenter les pratiques de rodéo lors de l’édition 2017 du Festival western. Le rapport de plus de 650 pages de ce comité a d’ailleurs été publié en avril dernier, déplorant de nombreuses pratiques jugées comme de la maltraitance animale par les observateurs, rapport que l’organisation du Festival western a qualifié de biaisé.

À l’aube de la 51e édition, le rapport du comité de travail formé avec le MAPAQ n’a toujours pas été déposé. «L’entente qui avait été autorisée par le tribunal faisait état que le rapport devait être déposé un an après la formation du comité, soit le 15 août. Mais on m’a récemment appelé pour m’informer qu’on aurait besoin de plus de temps que ça pour achever les travaux», explique Alain Roy, qui ne prend pas part aux travaux du comité.

La SPCA Montréal, qui a de son côté mené une campagne cette année afin d’inciter les commanditaires du Festival western à délaisser l’organisation afin de se dissocier des activités de rodéo, n’ira pas manifester à Saint-Tite et attendra aussi les conclusions du comité de travail, confirme Anita Kapuscinska, porte-parole de la SPCA.

Pour sa part, Alain Roy se réjouit presque de savoir que le rapport n’est pas publié en pleine campagne électorale, lui qui craint que les différents partis profitent du tourbillon des annonces qui se multiplient pour noyer ce rapport et ne pas prendre position sur la question. «C’est une bonne chose qu’ils prennent le temps de bien finir le travail, et c’est aussi une bonne chose qu’on attende après les élections pour l’analyser plus à fond. Quand on voit l’importance que donnent les politiciens à la question du bien-être animal présentement, je crois qu’il est préférable d’attendre après les élections», mentionne celui qui déplore par ailleurs que plusieurs politiciens de la région aient souvent éludé la question du bien-être animal au profit des retombées économiques du Festival western. «À ce que je sache, la loi ne prévoit pas que les retombées économiques puissent être une exemption», mentionne-t-il.

Toutefois, l’entente conclue devant les tribunaux prévoyait l’envoi d’observateurs l’an dernier. Alain Roy n’enverra donc personne à Saint-Tite cette année pour observer les pratiques en matière de rodéo. Il ne compte pas s’y rendre non plus par lui-même.

«Notre travail a été fait et bien fait. Nous attendrons les conclusions du comité de travail. Pour ma part, mon plan reste le même. Si le rapport ne me satisfait pas en lien avec les termes de la loi, je me réserve le droit d’intenter des recours pour que la loi soit respectée», ajoute-t-il.

À Saint-Tite, on s’est dit surpris de la réaction du professeur Roy, d’autant plus que le comité de travail doit rendre ses conclusions au printemps 2019, une date que l’organisation a à son agenda depuis longtemps déjà.

L’organisation persiste et signe: les rodéos respectent en tout point la Loi sur le bien-être animal. «On l’a toujours maintenu, tout est fait selon les règles de l’art. D’ailleurs, on invite les gens à venir au festival constater par eux-mêmes ce que nous avançons. Nous n’avons absolument rien à cacher et même que nous ouvrons nos portes avec des visites comme la Face cachée du rodéo pour le démontrer. Ce sont des animaux qui sont entraînés pour ça, des athlètes. On continue d’offrir notre entière collaboration au comité de travail dans ce dossier», a souligné Guylaine Beaudoin, responsable des communications pour le Festival western de Saint-Tite.