Une tique vous pique? Que faire?

Marie-Sol St-Onge.

TROIS-RIVIÈRES — Marie-Sol St-Onge se méfie grandement de tout ce qui s’appelle bactérie. C’est pourquoi cette mère de deux garçons, qui a ému le Québec après une quadruple amputation imposée par la bactérie mangeuse de chair, a pris très au sérieux une marque rouge qui est apparue sur la jambe d’un de ses fils, samedi dernier.


La marque, en forme de cible, était très caractéristique de la morsure d’une tique à pattes noires, celle qui transmet la maladie de Lyme. «Malheureusement, on n’a pas retrouvé la tique», dit-elle. Le jeune garçon était allé jouer dans un boisé derrière l’aréna Jérôme-Cotnoir, dans le secteur Trois-Rivières-Ouest, quelques jours avant. Son conjoint et leur fils sont toutefois revenus bredouilles d’une consultation à l’urgence. Pire, ils ont même senti qu’ils dérangeaient. Selon Mme St-Onge, le médecin qui les a reçus aurait été «expéditif» et aurait affirmé qu’il était «impossible qu’une tique infectée se trouve à Trois-Rivières», raconte-t-elle.

Or, même si l’Institut national de santé publique ne considère pas la Mauricie comme un secteur chaud pour les tiques infectées, la région en contient tout de même, rappelle le biologiste Richard Vadeboncoeur de l’entreprise GDG Envrionnement.



Mme St-Onge n’a pas baissé les bras. «On ne veut pas qu’une deuxième personne soit en fauteuil roulant dans la famille», fait valoir celle qui a perdu ses deux bras et ses deux jambes à la suite d’une infection. «J’ai appelé le 811. L’infirmière m’a conseillé d’aller aux urgences. Quand je lui ai dit que nous y étions déjà allés, elle m’a conseillé d’aller dans une autre urgence», raconte-t-elle.

Finalement, c’est dans le cabinet du médecin de famille, le lundi matin suivant, que le jeune garçon et ses parents trouveront une oreille attentive et une prescription d’antibiotiques pour prévenir le développement de l’infection au borrelia burgdorferi, la bactérie qui provoque les symptômes de la maladie de Lyme.

Richard Vadeboncoeur rappelle qu’on trouve une douzaine d’espèces de tiques au Québec et que c’est la tique à pattes noires ou Ixodes Scapularis, qui transmet cette maladie.

Les personnes qui subissent une morsure de tique ne peuvent pas vraiment savoir à quelle espèce elles ont affaire à moins de s’y connaître. GDG offre donc depuis peu, pour 65 $, un service d’identification par son laboratoire certifié qui permet d’avoir une réponse en cinq jours ouvrables après réception du spécimen.



La tique à pattes noires à ses trois stades de croissance.

Selon M. Vadeboncoeur, cela permet de savoir, en un court délai, à quoi la victime a affaire et s’il faut demander ou non une aide médicale. L’Institut national de santé publique met aussi à la disposition du public, sur son site web (inspq.qc.ca), un guide qui permet d’identifier la bestiole soi-même.

La Dre Danièle Samson, médecin-conseil à la direction de la Santé publique du CIUSSS MCQ, indique que l’identification de la tique n’est pas importante pour le patient. «L’analyse des tiques ne sert pas aux patients et ne sert pas au docteur clinicien. Elle sert à la santé publique pour voir ce qui se passe», plaide-t-elle.

«Si tu te fais piquer, tu regardes si tu as des symptômes dans les 30 jours qui suivent et si tu n’en as pas, tu n’en as pas. Tu n’étais pas infecté et si tu en as, tu consultes», résume-t-elle. Selon le médecin-conseil, les antibiotiques feront bel et bien effet à ce moment-là.

Il existe un protocole à l’attention des médecins et les recommandations sont mises à jour chaque année. «Ce n’est pas une maladie encore très connue des professionnels de la santé», plaide-t-elle. «Il faut qu’ils lisent», plaide-t-elle, car des messages leur sont envoyés chaque année pour les sensibiliser.

Les délais d’analyse nécessaires pour confirmer une infection peuvent être très longs. «Vous ne devriez pas attendre les résultats d’analyse de la tique pour commencer un traitement approprié», précise l’INSPQ sur son site. La Dre Samson nuance toutefois cette affirmation en ajoutant qu’il faut que la personne ait été piquée dans une zone réputée à risque et que la tique ait été attachée à cette personne pendant au moins 24 heures. «En moins de 24 heures, il est impossible de transmettre la maladie de Lyme même si la tique est infectée», précise-t-elle. Donc, «en moins de 24 heures, ça donne quoi d’avoir fait analyser ta tique? Tu auras dépensé de l’argent pour rien», plaide la Dre Samson.

En Mauricie et au Centre-du-Québec, mise à part Odanak où le risque est considéré comme «significatif», les risques sont considérés comme «faibles» à «possibles.»



La Dre Grenier indique que pour désigner un secteur comme propice à la maladie de Lyme, au moins 20 % des tiques analysées doivent être infectées aux trois stades de leur croissance. Pour l’instant, la Mauricie n’est pas reconnue comme un secteur chaud, dit-elle.

L’érythème migrant typique d’une morsure de tique infectée.

Néanmoins, quand une personne arrive à l’urgence avec un symptôme, comme un érythème migrant, la Dre Grenier est d’avis qu’il faut intervenir.

Richard Vadeboncoeur de la firme GDG Environnement conseille aux citoyens de s’examiner minutieusement partout, au moment de la douche, si l’on a fréquenté des endroits comme des parcs, des sous-bois et des endroits où l’herbe est longue. À l’état de nymphe, la tique a une taille millimétrique. Elle est donc difficile à trouver sur la peau. L’usage de répulsifs est donc recommandé pour les sorties en nature. Il vaut en effet mieux prévenir que guérir.