Depuis des mois, le libéral Philippe Couillard et le péquiste Jean-François Lisée pourfendent ce qu’ils décrivent comme un «test d’expulsion», soit l’examen à plusieurs volets que la Coalition avenir Québec administrerait aux nouveaux immigrants. M. Couillard a encore donné de ce côté lundi devant la Chambre de commerce et d’industrie de Québec et mardi à Montréal, tout comme M. Lisée à l’Assemblée nationale.
Amir Khadir a en quelque sorte fait une pierre deux coups en dénonçant à la fois ce test et la trop faible protection qu’accorde selon lui le projet de loi sur les normes du travail aux travailleurs des agences de placement temporaire. Les audiences publiques sur ce projet de loi présenté en mars ont débuté mardi.
«Le test de valeurs de François Legault va placer les travailleuses et travailleurs immigrants dans des situations encore plus précaires, estime le député de Mercier. C’est déjà difficile de trouver un emploi, imaginez les effets de contraintes supplémentaires.»
Le projet de loi de la ministre Dominique Vien prévoit que les agences de placement de personnel et les agences de recrutement de travailleurs étrangers temporaires devront détenir un permis de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail. Les agences de la première catégorie et leurs entreprises clientes seront «solidairement responsables» des obligations pécuniaires à l’égard des salariés. Pour celles de la seconde catégorie, le projet de loi précise que l’employeur des travailleurs étrangers ne pourra conserver leurs documents personnels, comme leur passeport.
Si le projet de loi est adopté, ce sera la première fois que ces agences sont encadrées au Québec.
Pour M. Khadir, il faudrait cependant aller beaucoup plus loin en faisant en sorte qu’au bout d’un certain temps, par exemple trois mois, ces travailleurs d’agence, souvent des personnes venues d’ailleurs, deviennent des employés de l’entreprise dans laquelle ils sont appelés à œuvrer.
Que les «récalcitrants»
Rappel: les éléments sur lesquels repose le test des valeurs de la CAQ sont les suivants: les candidats immigrants sur lesquels le Québec a compétence seraient accueillis de «façon conditionnelle» pendant trois ans. Au bout de cette période, ils devraient passer un examen fondé sur trois critères: la «connaissance du français» et la «connaissance des valeurs québécoises» inscrites dans la Charte québécoise des droits et libertés de la personne. Leurs «démarches vers l’emploi» seraient aussi prises en compte, comme l’indiquait Le Soleil à la mi-mars.
Le candidat ratant le test aurait un an pour le reprendre. Après un autre échec, il serait privé du certificat de sélection qu’émet le Québec. Il ne pourrait obtenir la citoyenneté canadienne.
La CAQ a déjà fait valoir que seuls des «récalcitrants» seraient touchés par cette mesure.
Rappelons par ailleurs que les nouveaux arrivants ne maîtrisant pas la langue française auraient l’obligation de suivre des cours de français et que le parti de François Legault abaisserait de 50 000 à 40 000 le nombre de nouveaux immigrants au Québec par année.