CHRONIQUE / C’est une phrase sortie de Field of Dreams, un film mettant en vedette Kevin Costner où il incarne Ray Kinsella, un fermier qui rase ses champs pour y ériger un terrain de baseball, parce qu’une voix ne cesse de lui répéter que c’est le moyen qui le conduira à accomplir son rêve.
Kinsella passe évidemment pour un fou en Iowa! Mais la fin du scénario est en sa faveur et une fois terminé, le parc s’anime surnaturellement, ce qui fait accourir les gens…
Bien des gens se demandent si le maire Yves Lévesque aura droit à un dénouement aussi hollywoodien avec son nouvel amphithéâtre, dont la première pelletée de terre est prévue dans quelques jours à peine. Rien n’est moins sûr.
Regardez à une petite heure de route vers l’est, à Québec. Régis Labeaume ne paraît pas très bien depuis quelques années avec son Centre Vidéotron, un aréna de calibre LNH qui sert presque uniquement aux Remparts!
À Trois-Rivières, l’aréna sera plus modeste que dans la Vieille Capitale, certes. Mais il n’y a quand même pas 36 000 produits en mesure de le remplir.
Lévesque a longtemps rêvé du club-école des Nordiques dans la Ligue américaine, pour créer une rivalité avec Laval. Mais bon, tant qu’il n’y a pas de Nordiques, ça ne vaut pas la peine d’en parler.
Il y aussi les avenues du hockey junior et la ECHL à explorer. En ce qui concerne le junior, ce serait le produit parfait mais les Cataractes ne veulent rien savoir de diviser leur marché. Ils n’ont plus de droit de veto, sauf qu’ils disposent encore d’une très bonne protection puisqu’ils n’ont besoin que de deux autres votes autour de la table (sur 17) pour bloquer un éventuel projet de ressusciter les Draveurs. Avec Réal Breton à la tête d’un éventuel consortium, vous pouvez compter sur les Cataractes pour tout mettre en œuvre afin que ça ne débouche jamais. Breton, homme d’affaires de la région de Québec, est leur ancien président, et ça s’était bien mal terminé entre les deux parties après la conquête de la Coupe Memorial en mai 2012. N’en doutez pas, les Cataractes vont lui mettre tous les bâtons possibles dans les roues. Même si Breton est réputé être copain-copain avec Gilles Courteau…
Reste toujours la possibilité qu’un consortium plus local voit le jour. Benoît Dusablon n’a jamais caché son intérêt. Il a quelques amis ex-joueurs de la LNH qui pourraient investir, et plusieurs partenaires du milieu qui seront heureux de se joindre à l’aventure si jamais elle décolle. Mais encore là, les Cataractes vont défendre farouchement leur marché. Mettez-vous dans leurs souliers: quand ils ont plongé il y a une décennie, Martin Mondou et sa bande ont hérité d’une concession en faillite technique. Ils ont travaillé fort pour devenir un chef de file parmi les petits marchés de la ligue. Difficile de les blâmer de vouloir protéger le fruits de leurs efforts. Disons que ça va prendre des gens créatifs pas mal pour avoir une chance de les amadouer.
Une association logique
Si ça ne fonctionne pas, il va rester la ECHL, le circuit satellite de la Ligue américaine. Entre vous et moi, ce n’est pas du hockey très sexy. Les meilleurs espoirs n’y mettent jamais les pieds. Et les exemples à la David Desharnais se comptent sur les doigts d’une main. Ajoutez que les changements à l’alignement sont très nombreux, et qu’il n’y a pas de rivalité naturelle à proximité, et vous êtes loin d’une formule gagnante.
C’est vrai… à moins que ce club soit rattaché au Canadien! L’empire de Geoff Molson a établi son club-école dans la ECHL à Brampton, en Ontario. Il a lui-même dit à Yves Lévesque cet hiver qu’il surveillait de près le dossier du nouveau Colisée à Trois-Rivières, et qu’il était ouvert aux discussions. Avouez que l’association serait plus logique avec la cité de Laviolette qu’avec Brampton.
Un tel virage pourrait aussi permettre au Canadien de bourrer ce club de Québécois. Il s’est fait reprocher – avec raison – d’avoir levé le nez sur les Jonathan Marchessault, Yanni Gourde et autres Alex Barré-Boulet ces dernières années. La seule façon de remédier efficacement à la situation, c’est de se servir de l’équipe de ECHL comme laboratoire pour tenter de développer des perles rares.
Un concept du genre pourrait séduire les amateurs de la région. Assez pour boucler le budget? Ce serait étonnant. On parle d’un budget d’opérations de plus de deux millions $. Mais pour une organisation qui engrange des dizaines de millions de profits, un léger déficit ne serait pas très dérangeant si Molson et ses hommes de hockey ont un peu de vision. Parce que dans le contexte du plafond salarial et les sept petites rondes du repêchage, chaque agent libre comme Gourde ou Marchessault vaut des millions! Et personne ne peut nier la valeur ajoutée si cet agent libre développé à travers le système est francophone…
La ECHL n’est pas parfaite. Je le répète, la LHJMQ est un calibre de jeu beaucoup plus attirant. Mais si Trois-Rivières ne réussit pas à convaincre Shawinigan d’être partenaires, c’est assurément le scénario le plus intéressant pour éviter que le nouveau Colisée ne devienne un éléphant blanc. Comptez sur Yves Lévesque pour pousser le plus possible la candidature de sa ville auprès de l’état-major tricolore. Il a déjà causé au président de la ligue! Avec un nouveau building, la proximité géographique et une grosse volonté politique, je ne parierais pas contre ses chances de réussir à séduire Molson.
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Quelle bourde de Beausoleil
La première ronde des séries dans la LHJMQ a été remplie de surprises, avec trois favoris qui ont été terrassés. Du nombre, il y a l’Océanic de Rimouski, champion de division. Serge Beausoleil va s’en vouloir de s’en être pris verbalement au gardien Mark Grametbauer, des Wildcats, avant le sixième match. L’Océanic menait alors la série 3-2, et Grametbauer lui a répondu de belle façon en étant un acteur de premier plan dans la remontée de son club!
Beausoleil n’est pas le premier pilote de la LHJMQ à utiliser cette stratégie. Patrick Roy avait préparé une attaque du genre contre Josh Tordjman quand il dirigeait les Remparts, Éric Veilleux l’avait imité avec Kevin Poulin. Ce qui étonne ici, c’est que Beausoleil, il y a quelques semaines à peine, avait lapidé un journaliste sur la place publique parce qu’il avait osé écrire dans un titre que l’une de ses jeunes vedettes avait commis un revirement fatal dans un match! Deux poids, deux mesures, j’imagine.
Toujours est-il qu’il reste huit équipes en lice pour la Coupe du Président. Et les duels seront musclés. Pas facile de prédire ce qui va se passer. L’Armada doit être logiquement favori face aux Wildcats mais pour le reste, ça devrait se jouer sur des détails, comme aiment le répéter les entraîneurs. Pour le plaisir, voici mes prédictions. Je suis cinq en huit au premier tour.
Blainville (1) vs Moncton (14)
Blainville en 5
Bathurst (2) vs Sherbrooke (10)
Bathurst en 6
Halifax (4) vs Charlottetown (9)
Halifax en 6
Drummondville (5) vs Victoriaville (6)
Victoriaville en 7