Nouveau partenariat français pour Shawinigan

L’univers du numérique scelle un nouveau partenariat entre Shawinigan et une ville française. De gauche à droite: Michel Angers (maire de Shawinigan), Denis Thuriot (maire de Nevers), Alain Bourcier (vice-président de Nevers Agglomération en charge du numérique) et Pierre Giguère (député de Saint-Maurice).

Shawinigan — Le virage numérique sert à nouveau de prétexte à Shawinigan pour établir un partenariat d’affaires avec une ville française. Cette fois, l’intérêt s’est porté vers Nevers, non seulement en raison de leur volonté commune à devenir un pôle de développement de la nouvelle économie, mais aussi parce que leur statut de ville intermédiaire leur impose des défis comparables.


Les grandes lignes de cette entente ont été dévoilées lundi matin, au DigiHub. La station du numérique demeure à nouveau l’élément central de cette collaboration, qui prendra la forme d’un jumelage avec l’Inkub de Nevers, un incubateur du même genre et né de circonstances comparables.

«Il est parti du même constat», témoigne Denis Thuriot, maire de Nevers et président de Nevers Agglomération. «Chez nous, c’était une ancienne caserne où l’armée était partie depuis quinze ans, sans projet. Nous avons requalifié autour d’entreprises innovantes tout un bâtiment qui, pour l’instant, s’étend sur 4000 mètres carrés. Nous accueillons des start-ups de l’Île-de-France, parce qu’on propose une qualité de vie moins chère que dans les métropoles. L’objet n’est pas d’être en concurrence, mais d’être en complément et de prouver que des villes moyennes comme Nevers ou Shawinigan sont tout à fait capables d’être sur le terrain de l’innovation.»



Le jumelage entre les deux incubateurs impliquera la création d’un «bureau de passage» pour les entreprises de chaque côté. Ils organiseront aussi des événements de partage de bonnes pratiques en utilisant leurs plateformes de visioconférence. Les incubateurs mettront aussi en commun, dans la mesure du possible, leurs stratégies et leurs partenaires financiers, en plus de partager l’information sur les capacités techniques et les spécialités de chaque entreprise soutenue.

«Nous allons travailler sur des pistes d’échanges, de partenariat, de promotion de nos entreprises et même d’échanges d’étudiants», énumère M. Thuriot.

Le maire de Shawinigan et président du conseil d’administration du DigiHub, Michel Angers, se félicite de cette nouvelle collaboration avec une communauté française, qui vise notamment à développer de nouvelles avenues pour les entreprises en démarrage.

«Jusqu’à maintenant, nous avons travaillé avec Bordeaux, Dunkerque, Chambéry», rappelle-t-il. «Ce qui m’a particulièrement plu avec l’agglomération de Nevers, c’est qu’ils s’orientent exactement de la même façon que nous l’avons fait il y a cinq ans, avec la mise en place du Centre d’entrepreneuriat Alphonse-Desjardins et du DigiHub. Le numérique est extrêmement important pour eux. On pense que concrètement, nos entreprises pourront faire un maillage très rapide.»



M. Thuriot s’est d’ailleurs dit fort impressionné par la qualité des équipements au DigiHub et la superficie des lieux.

«C’est un projet qui m’inspire», assure-t-il.

Villes «moyennes»
Ce partenariat unit deux villes intermédiaires confrontées aux mêmes défis, notamment celui d’attirer la jeunesse hors des grands centres pour faire vivre ce virage numérique. En novembre, M. Thuriot prévoit organiser, en France, le premier salon de l’innovation des villes moyennes, où Shawinigan pourrait être représentée.

«En France, depuis 1970, on ne s’est pas intéressé aux territoires entre les métropoles et les territoires complètement ruraux», explique le maire de Nevers. «Les villes moyennes regroupent 24 % de la population, à peu près autant en terme d’emplois. Ces secteurs intermédiaires ont été oubliés.»

«Aujourd’hui, le gouvernement Macron, que je soutiens, a décidé de leur apporter une aide particulière: cinq milliards d’euros», ajoute M. Thuriot. «(...)En français, quand on dit moyen, ça signifie ni bon ni mauvais. Moi, je dis que ce sont des villes qui ont les moyens de faire quelque chose, en complémentarité de ce qui existe dans les grandes villes.»

À l’Union des municipalités du Québec, ces communautés intermédiaires sont désignées comme étant des «cités régionales», rappelle M. Angers.



«Elles ont entre 25 000 et 100 000 habitants. Comme en France, nous devons nous déployer, innover, être très créatifs pour éviter que nos jeunes quittent au profit de Montréal ou de Québec. Le fait de travailler dans le monde du numérique permet à plein de jeunes de s’installer ici et d’y élever leur famille.»

M. Angers a profité de l’occasion pour glisser que dans le cadre du mandat de création d’un réseau national de pôles d’innovation récemment accordé par le gouvernement du Québec, la Ville de Shawinigan pourrait recevoir des municipalités de partout à travers la province au printemps 2019. À la suite du nouveau partenariat annoncé lundi, il n’est pas exclu que des villes françaises de même envergure se joignent à cette rencontre.