Réforme Barrette: «Un échec sur toute la ligne»

De gauche à droite, Mylène Larivée du Syndicat du personnel de bureau, des techniciens et des professionnels de l’administration, Loraine Dugas, vice-présidente du Conseil central du Coeur-du-Québec pour la CSN, Claude Audy, vice-président régional de la FSSS-CSN, Catherine Héroux, préposée au Centre Roland-Leclerc et Pascal Bastarache du Syndicat du personnel paratechnique et des services auxiliaires et de métiers.

Trois-Rivières — Le personnel syndiqué du CIUSSS Mauricie et Centre-du-Québec lance un véritable cri du cœur au ministre de la Santé Gaétan Barrette et au gouvernement libéral afin d’améliorer les conditions de travail des employés. Alors que des négociations locales sont présentement en cours pour le renouvellement de conventions collectives, la Fédération de la Santé et des services sociaux (CSN) n’hésite plus à dire aujourd’hui qu’avec les conséquences de la Loi 10 sur les services de santé, la population est désormais en danger.


«La réforme Barrette est un échec sur toute la ligne», lance Pascal Bastarache, président du Syndicat du personnel paratechnique et des services auxiliaires et de métiers. En conférence de presse avec ses collègues de la CSN et du Syndicat du personnel de bureau, des techniciens et des professionnels de l’administration, M. Bastarache a réitéré que les appels à l’aide se multipliaient aux quatre coins de la région dans le réseau de la santé.

Selon les différents syndicats, la réforme Barrette a eu des effets plus que néfastes tant pour les employés que la population. L’abolition de dizaines de postes et la centralisation de nombreux services a complexifié le quotidien des travailleurs du réseau de la santé, entraînant de l’instabilité, beaucoup de temps supplémentaire et de nombreux congés de maladie, allant jusqu’à 25 % du personnel chez les préposés aux bénéficiaires à l’heure actuelle.

Catherine Héroux, préposée aux bénéficiaires au CHSLD Roland-Leclerc, est venue expliquer à quel point les conditions de travail étaient difficiles pour elle et ses collègues. Manque de personnel, équipes réduites tous les jours depuis trois semaines, personnel fatigué et services réduits aux usagers ne sont que quelques exemples de ce qui se vit au quotidien. Récemment, pendant quelques heures, une aile complète du CHSLD s’est retrouvée sans aucun préposé aux bénéficiaires pour répondre aux besoins de 40 usagers.

«Le personnel est fatigué, est à bout. On demande des congés pour se reposer mais ils nous sont refusés parce qu’il manque du monde. Si on refuse le temps supplémentaire obligatoire, on nous menace d’avoir une note à notre dossier. Ça me détruit de voir que je ne peux pas répondre aux simples demandes des usagers par manque de temps et de personnel. Ce n’est plus un milieu de vie, mais pratiquement du travail à la chaîne», dénonce-t-elle.

Pour la FSSS-CSN, il ne fait plus de doute que les décisions des libéraux depuis 15 ans ont mené à une lente destruction du réseau de la santé afin de privatiser les services, croit la vice-présidente du Conseil central du Cœur-du-Québec pour la CSN, Loraine Dugas. 

«Le gouvernement libéral a construit lentement le cercueil pour le réseau de la santé. La Loi 10, adoptée sous le bâillon il y a trois ans, est comme le dernier clou qu’il restait à planter dans ce cercueil. Les gens tombent comme des mouches et la population est en danger», dénonce Mme Dugas.

Actuellement, les syndicats doivent renégocier les conventions collectives locales du personnel du réseau de la région. La FSSS-CSN estime désormais que les enjeux de la négociation doivent tourner autour de la surcharge de travail, de l’épuisement et de la pénurie de personnel. Ils demandent ainsi plus de stabilité, une plus grande conciliation travail-famille-études et moins de précarité au travail.

«Il faut décentraliser tout ça, redonner le pouvoir aux dirigeants des établissements pour mieux organiser le travail», croit Mme Dugas, qui rappelle que la région a dû éponger 44 millions $ de coupures en quatre ans dans le réseau de la santé.