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Joint en Chine où il se trouve actuellement, Bryan Perro n’a cependant pas souhaité développer sur ses relations professionnelles avec Michel Brûlé, auxquelles il a mis un terme en 2008. Il confirme toutefois que le comportement de Brûlé fait partie des raisons qui lui ont fait quitter cette maison d’édition.
«Je ne veux pas être associé à lui. C’est un homme indigne. Tout est dit. Aux victimes la parole, pas à moi», a-t-il simplement écrit dans un échange par messages textes.
Rappelons qu’à la suite de son départ de cette maison d’édition, Bryan Perro a fondé, quelques années plus tard en 2011, sa propre maison d’édition et a récupéré les droits sur son oeuvre.
Une victime témoigne
Une écrivaine de la Rive-Sud de Québec accuse l’éditeur Michel Brûlé de l’avoir agressée à sa résidence du Vieux-Québec, en mars 2014, alors qu’elle venait lui proposer un manuscrit. Jill Côté a porté plainte à la police de Québec, vendredi, pour un incident dont M. Brûlé nie l’existence.
Jill Côté raconte avoir dû arrêter d’écrire pendant deux ans après cette soirée de mars 2014. Une agression, dit-elle, qui l’a longtemps suivi sans qu’elle n’en parle. Mais après la publication par le Journal de Montréal, vendredi matin, de témoignages de sept ex-employés de Michel Brûlé disant avoir été témoins d’inconduites sexuelles de la part du propriétaire des éditions des Intouchables, l’écrivaine de Beaumont a décidé de porter plainte à la police de Québec.
Cherchant un éditeur pour un livre, il y a quelques années, Jill Côté a envoyé un courriel à différents éditeurs, dont Michel Brûlé, qu’elle avait rencontré dans un salon du livre. Ce dernier a accepté de la rencontrer le 21 mars 2014 au sujet de son manuscrit dans les bureaux de sa maison d’édition du Vieux-Québec, lesquels sont au sous-sol du logement de l’éditeur. Des informations qu’a corroborées M. Brûlé au Soleil, vendredi soir. C’est ensuite que les versions divergent.
Le rendez-vous aurait d’abord été fixé en matinée, puis repoussé par l’éditeur à 15 h et finalement à 18 h 30, raconte Mme Côté. Ce n’est qu’en voyant l’éditeur lui ouvrir la porte «déboutonné jusqu’au torse» que l’écrivaine aurait compris que les bureaux étaient à même sa résidence. «Déjà je me sentais mal, je n’aimais pas ça.»
Après un passage dans les bureaux de la maison d’édition, au sous-sol, Michel Brûlé aurait invité la mère de famille à monter au rez-de-chaussée. «Il m’a dit qu’il avait faim. Il m’a servi un verre de vin et il a fait à souper. Il a commencé à me raconter de vraiment drôles d’histoires.
Selon Jill Côté, Michel Brûlé lui aurait confié partager son temps entre Québec, Montréal et Cuba, et aurait détaillé ses relations avec des adolescentes cubaines. «J’étais déjà complètement traumatisée et je me disais qu’il fallait m’en aller, mais l’on n’avait pas parlé de mon manuscrit.»
M. Brûlé aurait alors proposé de monter à l’étage. «Je savais qu’il y avait un grand salon, donc je me suis dit que c’était l’occasion de parler de mon manuscrit. En face de l’escalier, il y avait une petite salle de bain. Il a ouvert la porte au complet. Moi j’étais sur la rambarde, que j’accrochais fermement avec mes mains. Devant moi, il s’est brossé les dents, puis il a rasé sa barbe et son crâne avec une lame. Ensuite, il m’a demandé si je voulais prendre une douche. J’ai dit non.»
L’éditeur se serait alors assis une chaise à roulette, déboutonnant sa chemise et s’avançant vers l’écrivaine. «J’étais accroché à la rampe et derrière c’était le vide. Il a commencé à me caresser et s’est levé. À l’époque, j’étais très malade, je devais peser 100 livres, et j’avais beaucoup de difficulté à me déprendre de lui. Il a commencé à me caresser les fesses, les seins et le pubis. Il a essayé de m’embrasser partout. Je lui disais «non, je suis marié et j’ai des enfants», mais il ne s’enlevait pas de sur moi et m’agrippait.»
Réussissant à se libérer, Jill Côté aurait dévalé l’escalier à toute vitesse pour se précipiter vers la porte. «Je pense qu’il a vu la panique dans mon regard. Il s’est mis à mes trousses et s’est placé entre la porte et moi.»
L’écrivaine explique avoir finalement convaincu l’éditeur de la laisser sortir. «Mais juste avant de refermer la porte, il m’a dit qu’il allait me publier. Il ne savait rien du tout de mon manuscrit, même pas le titre. J’avais l’impression ce soir-là d’avoir été traquée.»
La femme raconte être sortie de l’immeuble en hurlant avec ses bottes et son manteau dans les mains. Dans les rues du Vieux-Québec en fête pour le Red Bull Crashed Ice, personne ne l’a remarqué, se rappelle-t-elle. «Arrivé dans ma voiture, je tremblais tellement que je ne pouvais pas conduire.»
Brûlé nie tout écart de conduite
Questionné par Le Soleil sur ladite rencontre, Michel Brûlé a pour sa part nié tout geste déplacé. Il soutient que la rencontre s’est bel et bien déroulée à 15 h. «C’est ce que j’ai dans nos courriels et je n’aurais pas pu l’appeler pour reporter puisque je n’avais pas son numéro de téléphone.»
Ses employés étaient encore au bureau à cette heure, assure-t-il. «C’est sur qu’il ne s’est rien passé. Tout ça est faux.»
Quant aux témoignages de ses ex-employés publiés dans le Journal de Montréal l’accusant notamment de harcèlement, d’attouchements et de baisers forcés, l’éditeur se dit «victime d’une chasse aux sorcières».
«Je n’ai jamais embrassé quelqu’un de force et je n’ai jamais embrassé des employés. J’ai fait une fois un massage au niveau des trapèzes à une employée qui avait mal à la tête en présence de tout le monde. J’ai toujours eu une excellente relation avec mes employés, je ne vois pas pourquoi ça aurait changé. C’est un climat festif et de franche camaraderie au bureau.»
Bref, «il y a des gens qui en profitent pour régler des comptes», soutient celui qui est également candidat à la mairie du Plateau Mont-Royal. Michel Brûlé a également affirmé évaluer les recours légaux pour se défendre.
Plainte à la police de Québec
Si Jill Côté n’a pas porté plainte au moment de l’incident, c’est en raison de sa maladie, explique-t-elle. «On ne savait pas si j’allais survivre. Avec mon mari et mes enfants, on ne voulait pas rajouter à notre noirceur.»
C’est en entendant des spécialistes différenciant harcèlement et agression sexuelle à la télévision, cette semaine, qu’elle a pris la pleine conscience de ce qu’elle a vécu, soutient-elle. C’est pourquoi elle s’est rendue au poste de police de Sainte-Foy. «Je me suis dit «c’est le temps». Il y a plusieurs victimes. Je vais les aider en le dénonçant, mais aussi m’aider moi-même, parce que je porte ça en moi depuis trois ans.»
Mise au courant que Michel Brûlé niait ses allégations, vendredi, Jill Côté à inciter d’autres présumées victimes à porter plainte à la police. «Il faut qu’elles portent plainte pour que l’on ait un dossier solide.»
Au lendemain d’un message publié sur les réseaux sociaux par le Service de police de la Ville de Québec incitant les victimes d’inconduites sexuelles à dénoncer, l’écrivaine dit avoir reçu un « accueil génial» au poste de police. «C’était une dame et elle semblait trouver très grave mon histoire. La police est là pour les victimes.»
La police de Québec a confirmé au Soleil qu’une plainte pour agression sexuelle avait été déposée, vendredi matin, au numéro de carte d’appel fourni par Jill Côté au Soleil.
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