Entrepreneuriat: les femmes moins présentes

Étienne St-Jean et Marc Duhamel, professeurs à l'École de gestion de l'UQTR et chercheurs à l'Institut de recherche sur les PME.

L'entrepreneuriat féminin demeure moins marqué que celui des hommes au Québec et les causes de ce phénomène demeurent inconnues.


C'est ce qui ressort, notamment, de l'enquête 2016 menée par deux professeurs de l'Institut de recherche sur les PME pour le compte du Global Entrepreneurship Monitor, un organisme regroupant plus de 300 institutions académiques et de recherche dans les économies tirées par l'innovation, c'est-à-dire essentiellement les pays de l'OCDE.

Entre les hommes et les femmes du Québec, les choses sont à peu près les mêmes en lien avec l'entrepreneuriat. Tous deux connaissent au moins un entrepreneur, tous deux perçoivent presque également les opportunités d'affaires et tous deux ont une peur presque équivalente de l'échec entrepreneurial.



La seule chose qui les sépare de façon vraiment marquée, c'est la perception de leur compétence à être entrepreneur. Au Québec, 55,7 % des hommes se perçoivent en effet comme étant compétents pour devenir entrepreneurs alors que seulement 31,3 % des femmes ont cette même perception d'elles-mêmes.

Autre point important qui ressort de l'enquête annuelle du GEM réalisée par les professeurs Étienne Saint-Jean et Marc Duhamel de l'UQTR, c'est que l'intention d'entreprendre est à la hausse, au Québec, de même que la capacité des Québécois à identifier des occasions d'affaires dans leur région.

Il semble que l'entrepreneuriat fasse des adeptes dans la plupart des groupes d'âge, sauf chez les 55 à 64 ans qui s'y lancent beaucoup moins. Les jeunes Québécois ont en effet une forte propension à démarrer une entreprise tandis que les aînés, eux, placent le Québec au 10e rang dans leur catégorie.

Ce phénomène ne semble avoir aucun lien avec l'âge des aînés puisque dans le reste du Canada, c'est tout le contraire qui se produit. Le pays figure en effet en tête de liste de l'entrepreneuriat chez les plus âgés.



Les entrepreneurs émergents, de leur côté, sont en forte croissance, surtout chez les 25-34 ans.

Selon le rapport, ces derniers se démarquent dans des secteurs moins axés sur la technologie. Ils évoluent donc dans des secteurs plus traditionnels, ce qui met le Québec dans le peloton de queue des économies comparables. En revanche, «ils sont parmi les plus innovateurs et les plus ambitieux pour la croissance, en plus d'être tournés vers l'international, devançant le reste du Canada sur quasiment tous ces indicateurs», précise le rapport.

Toujours selon l'enquête, «le Québec demeure le territoire où la carrière entrepreneuriale est la plus valorisée parmi les économies tirées par l'innovation.» Le nombre de nouveaux entrepreneurs a atteint, en 2016, un sommet à 6,5 % par rapport aux quatre dernières années. Les entrepreneurs émergents, eux, situent le Québec au 3e rang des économies comparables.

Fait pour le moins intéressant, les Québécois font perdurer leurs entreprises, c'est-à-dire qu'ils les reprennent quand le propriétaire veut vendre ou se retirer. Lieu par excellence du «repreneuriat», le Québec est, en fait, l'endroit dans le monde où les entreprises poursuivent le plus leurs activités à la suite du départ du fondateur.

Cela «laisse à penser que les récents efforts pour soutenir les transferts d'entreprises, comme la création du Centre de transfert d'entreprise du Québec en 2015, (...) produisent les résultats escomptés, analysent les auteurs de l'étude.