À deux doigts de la mort

Claudie Bertrand a pu compter sur l'aide et le soutien de son conjoint, Danny Kerr, tout au long de son combat contre la bactérie mangeuse de chair.

Une jeune femme de Trois-Rivières est passée à deux doigts de la mort au cours des dernières semaines, alors qu'elle a été atteinte par la bactérie mangeuse de chair. Bien qu'elle soit maintenant hors de danger, Claudie Bertrand doit maintenant apprendre à vivre avec les nombreuses blessures laissées par la maladie et devra encore s'armer de courage pour de multiples chirurgies à venir.


Alors que la récente histoire de Marie-Sol Saint-Onge a frappé l'imaginaire dans la région, Claudie se considère aujourd'hui très chanceuse de ne pas avoir perdu ses membres dans cette mésaventure. Toutefois, la jeune maman de deux enfants a perdu son sein droit et de nombreux muscles, dont les pectoraux de droite, ainsi que des ganglions et plusieurs tissus liés au bras et à la cage thoracique.

L'histoire a débuté le 5 mai dernier, alors que Claudie se trouvait avec son conjoint, Danny Kerr, et ses deux jeunes enfants de 18 mois et trois ans et demi en séjour dans un chalet. Une drôle d'infection est apparue sur la main droite de la jeune maman, comme de petites vésicules que personne n'est parvenu à clairement identifier. Elle a toutefois été traitée par antibiotiques durant cette période, alors que l'infection s'aggravait, que la plaie noircissait et que même des morceaux de peau tombaient d'un de ses doigts.

Durant la même période, son conjoint a eu un mal de gorge identifié au streptocoque de type A. On croit aujourd'hui que la bactérie est allée se loger dans la plaie de Claudie pour ensuite remonter par son système lymphatique et s'attaquer en premier lieu aux ganglions situés sous son bras droit.

«J'avais tellement mal en dessous du bras et je faisais beaucoup de fièvre. Je n'étais même plus capable de prendre ma fille. Je pense que d'accoucher m'a fait moins mal que la douleur ressentie à ce moment», raconte la jeune femme, qui s'est rendue à l'hôpital de Louiseville, où son conjoint travaille.

Le médecin là-bas a tout de suite suspecté que ce cas méritait une attention particulière des infectiologues du CHRTR. Elle a été transférée vers Trois-Rivières, où un scan et certains examens ont finalement révélé la présence de la bactérie qui avait causé une fasciite nécrosante. 

«C'était la panique. Ils ont voulu tout de suite me monter au bloc opératoire et m'ont dit que j'avais la mangeuse de chair. C'était un cauchemar. Je me suis dit que j'allais me réveiller, mais non, c'était pour vrai. J'avais réellement l'impression que j'allais mourir. J'ai voulu voir mon chum une dernière fois avant qu'ils ne m'emmènent», se souvient Claudie.

C'est dans cet état d'esprit qu'elle a été endormie pour l'opération, pour n'être finalement réveillée que deux semaines plus tard, à l'hôpital Sacré-Coeur de Montréal où on lui a aussi fait subir des traitements en chambre hyperbare. «Tu t'endors en ne sachant pas si tu vas te réveiller. Et même si tu te réveilles, tu ignores dans quel état tu seras. Je croyais que j'allais perdre mes bras et mes jambes», se souvient Claudie.

«Tout ce qui me passait dans la tête, c'était: frappez-moi fort pour que je me réveille. Je ne souhaite pas ça à mon pire ennemi», constate son conjoint Danny Kerr, qui a multiplié les présences à l'hôpital, les allers-retours vers Montréal, en plus de tenter d'amener un peu de réconfort aux enfants, inquiets pour leur maman.

Mais malgré que de multiples chirurgies aient été nécessaires, dont l'ablation complète de son sein droit et des muscles pectoraux du côté droit, l'équipe médicale est parvenue à sauver ses bras et ses jambes. «J'ai été extrêmement chanceuse. D'habitude, ça cause tout de suite une nécrose dans les extrémités et il faut alors amputer, mais ça n'a pas été mon cas», constate avec soulagement la jeune femme.

Aujourd'hui, elle se dit aussi très reconnaissante de toute l'aide reçue depuis l'événement, dont des membres de sa famille et des amis qui se sont assurés que les enfants ne souffrent pas trop de la situation et puissent continuer de maintenir une routine quotidienne normale. 

«J'avais tellement hâte de revenir chez nous, de me retrouver dans du positif. Je suis persuadée que ça aide à la guérison. Et nous sommes entourés d'aide et d'amour. Ça aide, ça me touche beaucoup», constate celle qui devra encore subir des greffes de peau dans les prochains jours et de multiples chirurgies au cours des prochains mois, voire de la prochaine année, pour une reconstruction musculaire et mammaire. 

Des amis de Claudie et Danny ont choisi d'organiser un souper-bénéfice pour venir en aide au couple, alors que la jeune maman est en arrêt de maladie et que son conjoint doit souvent s'absenter du travail pour soutenir Claudie. L'activité, au coût de 15 $, aura lieu au Resto-Bar l'Aréna du secteur Cap-de-la-Madeleine, et les billets sont présentement en vente via un événement créé sur Facebook.