L'autre 11 septembre...

Juan Montecinos, Brian Barton, militant de la première heure du Comité Solidarité Trois-Rivières, Claude Lacaille et Jean-Claude Landry présentent la caricature réalisée par l'artiste Boris pour illustrer les 40 ans de l'organisme trifluvien.

Le Comité Solidarité Trois-Rivières a 40 ans. Sa fondation s'est inscrite dans le sillon du coup d'État militaire au Chili, le 11 septembre 1973, qui a renversé le gouvernement démocratiquement élu du président Salvador Allende.


Au même moment, à Trois-Rivières, un groupe de gens décidait de mettre sur pied ce qui s'est appelé à l'époque le Comité Québec-Chili, avant de devenir quelques années plus tard le Comité Solidarité Tiers-Monde de Trois-Rivières.

«Ç'a été fondé à partir d'un élan spontané de solidarité et d'indignité des gens de la région», rappelle le président du CSTR, Jean-Claude Landry. «Et partout au Québec, ç'a pris la forme des comités Québec-Chili qui se donnaient comme mandat de faire pression sur les gouvernements pour ne pas reconnaître la junte militaire», ajoute M. Landry.



Chilien de naissance, Juan Montecinos a vécu sur place (au Chili) les événements du 11 septembre 1973 et ce qu'il en a découlé.

Il avait 19 ans quand il a été élu à la Fédération nationale des syndicats des travailleurs métallos chiliens. C'était à la fin des années 60. «On travaillait pour la paix au Chili, pour la solidarité et pour avoir un Chili meilleur et plus juste», se souvient-il. Puis il y a eu le coup d'État. «Les militaires chiliens ont trahi la patrie», dénonce-t-il encore aujourd'hui.

De l'instance syndicale est né un mouvement de contestation. «On savait qu'on risquait notre vie, mais on l'a fait», souligne-t-il. Entouré de camarades, M. Montecinos a initié une pétition et a parcouru tout le pays pour recueillir des signatures auprès de ses concitoyens.

«Dans ce temps-là, il y avait neuf millions d'habitants au Chili, et on a eu six millions de signatures», confie-t-il. Le peuple chilien voulait ainsi signifier au général Augusto Pinochet son désir de le voir quitter le pouvoir.



Homme courageux, M. Montecinos est allé remettre en personne la pétition au général Pinochet, «dans son bureau», précise-t-il. «C'était risqué, mais il fallait le faire», indique-t-il.

Par après, il a été arrêté par la police. Mais heureusement pour lui, il y avait des témoins de la scène, ce qui lui a sauvé la vie. Cela n'a pas empêché ses geôliers de le torturer avant de le relâcher.

Sa liberté retrouvée, il a été obligé de quitter sa terre natale. «Je suis arrivé au Canada le 25 décembre 1977.»

Alors qu'il suivait un cours de français, il a entendu parler du comité Québec-Chili à Trois-Rivières. Il n'en fallait pas plus pour qu'il joigne les troupes de l'organisme et parcourt les écoles de la région «pour expliquer le problème chilien».

Prêtre trifluvien, Claude Lacaille a été choqué par le coup d'État militaire, il y a 40 ans. «Le 11 septembre, j'ai décidé d'aller au Chili», fait-il savoir. «Quand je suis arrivé, il y avait 12 curés en prison. C'était rassurant», lance avec ironie celui qui est demeuré 11 ans dans ce pays, «dans les quartiers populaires, en solidarité avec un peuple qui était opprimé, muselé, terrorisé, et je l'ai accompagné dans sa reprise de courage et dans sa lutte de résistance», témoigne-t-il.

Depuis 40 ans, le CSTR a aussi dénoncé l'apartheid en Afrique du Sud et s'est impliqué dans différents dossiers, tout en se rangeant aux côtés de ceux qui luttent contre l'injustice.

Le Comité a mis sur pied des activités pour souligner son 40e anniversaire. Du nombre on remarque un souper-bénéfice qui aura lieu le 9 novembre, dans le cadre des Journées québécoises de la solidarité internationale, et qui sera à saveur internationale, et une invitation à la population à marcher ou à courir 5 ou 10 km le 14 mai 2014; les détails suivront plus tard.