Québécois en prison au Mexique: un système judiciaire complètement différent

Jean-François Beaudet

Le Shawiniganais Jean-François Beaudet, actuellement emprisonné au Mexique après avoir été impliqué dans un accident de la route qui a fait trois morts le 4 février dernier, doit faire face à un système judiciaire complètement différent du nôtre. C'est du moins ce que constate l'avocat spécialisé en droit international Denis Langlais, du cabinet Me Hugues Langlais Avocats.


N'ayant pas pris connaissance du dossier de Jean-François Beaudet, Me Langlais s'est abstenu d'émettre des commentaires sur ce cas précis ou sur les procédures qui attendent le jeune homme de 25 ans.

Par contre, le système judiciaire en Amérique latine n'a plus de secret pour cet avocat, et il a accepté d'en élaborer les grandes lignes. «C'est complètement différent de ce qu'on connaît ici et pour quelqu'un qui se retrouve là-dedans, ça peut paraître très complexe, très long», explique-t-il.



Alors qu'il existe au Canada la présomption d'innocence, et dans certains pays la présomption de culpabilité, l'Amérique latine compose aussi avec une autre donnée, soit la présomption de responsabilité. Ainsi, dans le cas d'un accident de la route comme celui vécu par le groupe El Guagua et Jean-François Beaudet, les conducteurs des deux véhicules impliqués dans l'accident sont alors considérés comme présumés responsables, jusqu'à ce que la justice ait tranché la question, ce qui peut être très long.

De 1999 à 2003, Denis Langlais a lui-même goûté à cette médecine, alors qu'il était délégué du Québec en Argentine. Il a été impliqué dans un accident de la route qui a fait un blessé. «Il a fallu que j'attende un jugement de la Cour suprême, me libérant de ma présomption de responsabilité. Ça a pris trois ans, et ce même si je bénéficiais de l'immunité diplomatique en lien avec ma fonction», se souvient-il.

Me Langlais souligne que les accidents de la route en Amérique latine sont très fréquents, et que le système judiciaire est ainsi constitué pour s'assurer que la personne réponde de ses actes et soit traduite devant la justice. Les précautions sont d'autant plus grandes lorsqu'il y a mort d'homme, ou encore lorsqu'un conducteur impliqué est un étranger. «Des accusations sont systématiques portées en lien avec la responsabilité, car on veut s'assurer que la personne sera là pour faire face à la justice», explique-t-il. La présomption de responsabilité devient alors égale entre toutes les parties impliquées, précise-t-il.

Caution abaissée?



Par ailleurs, en ce qui concerne le cas particulier de Jean-François Beaudet, son ami Alexandre Rouleau a fait savoir hier par courriel que les familles des trois victimes mexicaines seraient prêtes à abaisser le montant total de la caution, évaluée pour l'instant à 600 000 pesos (50 000 $). Selon ce que M. Rouleau raconte, il semblerait que, dans la justice mexicaine, les familles des victimes aient leur mot à dire dans le montant exigé pour la libération.

D'autre part, le bureau de la députée libérale Lise St-Denis a communiqué avec la famille du Shawiniganais pour lui offrir son soutien en plus de s'entretenir avec les services consulaires pour s'assurer que le prisonnier reçoive tous les services auxquels il a droit.