Le modèle soulève des questions au conseil municipal

La Coopérative de solidarité santé de Saint-Boniface.

Le loyer gratuit offert aux deux nouveaux médecins de la Coopérative de solidarité santé de Saint-Boniface a soulevé des questions au conseil municipal, lundi soir.


Le maire, Claude Caron, a d'abord voulu se dissocier de cette orientation, en invitant les citoyens à poser leurs questions au conseil d'administration. Devant l'insistance de certains d'entre eux, le conseiller au siège 6, Louis Lemay, a finalement pris la parole pour défendre la jeune organisation.

«En campagne électorale, nous avons répété que nous voulions une coopérative de santé», rappelle-t-il. «On s'est retrouvé sans médecin à Saint-Boniface et je pense qu'on n'avait pas vu ça depuis 1945! Nous allons continuer de soutenir la coopérative. Il faut comprendre que c'est une entité à part, mais je ne cache pas que nous allons l'encourager à attirer des médecins à Saint-Boniface.»



Le 30 janvier, l'organisme inaugurait ses locaux de la rue Langevin en annonçant l'arrivée de deux nouveaux médecins au cours de la prochaine année. Ces deux femmes travaillaient à la Coopérative de solidarité santé de Sainte-Thècle, où elles ne défrayaient aucun frais de loyer. En principe, le même privilège leur sera consenti à Saint-Boniface.

Or, le président de l'Association des médecins omnipraticiens de la Mauricie et le Collège des médecins ont mentionné qu'offrir des locaux gratuits contrevenait au code de déontologie de la profession.

Ces témoignages ont créé une certaine confusion à Saint-Boniface. Lundi soir, un citoyen a notamment demandé au conseil de publier des informations claires dans le bulletin municipal sur les droits et devoirs de la coopérative de santé, pour éviter toute ambiguïté.

De son côté, Roger Allard s'est demandé pourquoi la Municipalité cautionnait la décision d'offrir des locaux gratuits aux médecins.



«On n'a pas de bureau d'avocat à Saint-Boniface», illustre-t-il. «Est-ce que ça veut dire que vous seriez prêts à offrir un local gratuit pour inciter un avocat à s'établir ici?»

Conditions avantageuses

Quelques mois après l'arrivée du nouveau conseil municipal en novembre 2009, ce dernier acceptait de louer à la coop santé une salle à peu près inutilisée, connexe à la bibliothèque.

Lundi soir, des citoyens se sont demandé quelles étaient les conditions de location, dans un contexte où l'organisation pouvait se permettre d'offrir des bureaux gratuits aux médecins.

Le maire est resté évasif sur cette question en séance publique. Par contre, après l'assemblée, il a précisé, bail à l'appui, que la coopérative payait un loyer de 158,33 $ par mois, pour un total de 5699,88 $ pour une période de trois ans. Cette somme couvre la valeur des taxes municipales.

Rappelons également que la Municipalité a accordé une aide de 60 000 $ à la coopérative, grâce au prélèvement d'une taxe spéciale sur les immeubles de 0,01 $ par tranche de 100 $ d'évaluation sur une période de trois ans.



Claude Caron mentionne qu'aucune nouvelle discussion n'est survenue avec la direction de la coopérative depuis la semaine dernière. Il reconnaît toutefois qu'avec le rappel à l'ordre des représentants de la profession médicale, la gratuité des locaux pourrait être remise en question.

«S'il faut leur louer 1 $ par mois, on le fera», image-t-il. Car si le code de déontologie prohibe aux médecins la jouissance d'un espace à titre gratuit, il prévoit une large place à interprétation sur le «caractère juste et raisonnable d'un loyer».

Alain Caron, vice-président de la coopérative de santé, mentionne que la question sera sans doute discutée avec les deux nouveaux médecins.

«C'est leur code de déontologie», fait-il remarquer. «Nous leur offrons la gratuité. Si elles ne peuvent pas l'accepter, elles vont nous le dire et nous agirons en conséquence.»

Le porte-parole assure que les administrateurs n'avaient jamais pris connaissance des articles 73 et 73.1 du Code de déontologie des médecins avant la semaine dernière.

«Absolument pas», lance-t-il. «Surtout que la gratuité est tellement répandue. On se dit que si ça fonctionne ailleurs, ça va fonctionner chez nous! On va s'asseoir avec les médecins, on va en discuter et on prendra une décision.»