Le projet «Tous unis contre l'intimidation» a vu le jour à l'initiative du professeur d'anglais, Eraklis Tzavellas qui, touché par le suicide de la jeune Marjorie Raymond, a profité de l'occasion pour sensibiliser les élèves de son école à l'intérieur d'un grand projet de création.
«Il y a eu des discussions dans les classes à ce sujet, et nous avons ciblé une classe où le problème de l'intimidation semblait bien connu. À main levée, 18 des 26 élèves de la classe ont dit avoir déjà été victimes d'intimidation. C'est 70 % des élèves. J'ignore si c'est une proportion qui se reflète dans toutes les classes par contre», signale le professeur.
Les jeunes de la classe de Stéphanie Lemire ont donc été invités à réfléchir sur le phénomène, et à écrire des réflexions, desquelles sont sorties des phrases qui ont servi à lancer un message clair dans la vidéo: l'intimidation, ça suffit là!
«Ce groupe-là a évolué depuis quelques années. Nous les avons vu grandir et j'ai vraiment l'impression que c'est un groupe qui a pris de la maturité. On le sent dans les propos qu'ils tiennent et les gestes qu'ils posent», ajoute M. Tzavellas.
C'est aussi ce qu'on constate en s'adressant directement aux jeunes, qui racontent maintenant sans gêne avoir été intimidés, ou même avoir été eux-mêmes des intimidateurs. «Moi j'ai vécu toutes sortes d'intimidation avant. Depuis qu'on a fait le projet, ça a changé», confie Shaun. À l'autre bout de la classe, le jeune Tommy lève courageusement sa main pour admettre avoir déjà intimidé Shaun, un geste qu'il regrette aujourd'hui. «Ça m'est déjà arrivé de l'écoeurer, beaucoup de monde l'écoeurait. Depuis, on a parlé et j'ai plutôt commencé à le défendre», lance-t-il en souriant.
«On ne sait pas pourquoi ça existe, l'intimidation. C'est juste de la salive gaspillée selon moi», mentionne avec aplomb la jeune Mégane, attirant l'approbation de tous ses camarades de classe. Son voisin de bureau, Simon, croit pour sa part qu'il faut dénoncer l'intimidation, mais également ne pas donner d'importance à ceux qui intimident. «Moi, ceux qui m'écoeurent, je les ignore. Ça prouve que je suis plus mature qu'eux», confie-t-il.
Vidéo populaire
En ligne depuis quelques jours seulement, la vidéo très touchante réalisée par les élèves et leur professeur a déjà été visionnée par près de 2000 internautes, et a même été vue en Europe, en Afrique et en Amérique du Sud. Une notoriété qui dépasse un peu les élèves, tout en les amusant. «C'est spécial, on va bientôt se faire arrêter dans la rue», lance un élève en riant. Le jeune William y voyait plutôt une nouvelle encourageante. «Ça veut dire que le message passe bien», résume-t-il.
Un message qui a également touché l'ensemble du personnel, déjà bien engagé dans la lutte contre l'intimidation, assure le directeur de l'école Stéphane Courchesne.
«Les professeurs sont déjà très alertes et comprennent qu'on ne peut prendre la chance de laisser passer un geste sous prétexte que ce ne sont que des chicanes d'enfants. Nous avons une démarche de suivi qui est très structurée pour la résolution de conflit. Car si l'adulte n'est pas à l'écoute, c'est l'enfant qui va perdre confiance dans le système», souligne M. Courchesne.