Il s'intéressait donc peu à sa carrière politique jusqu'à ce que la députée de Saint-Maurice-Champlain abandonne ses couleurs néo-démocrates pour celles des libéraux, hier matin.
«Si elle avait été intelligente, pour le bien du comté, elle serait passée du côté des conservateurs», opine M. Trudel.
Depuis la retraite de Jean Chrétien, le directeur général de la Cité de l'énergie préfère se servir de ses contacts personnels au gouvernement fédéral plutôt qu'utiliser la voie officielle du député local. M. Trudel affirme qu'une demande de rencontre avec Mme Saint-Denis ne lui a même jamais effleuré l'esprit, convaincu qu'elle ne lui ouvrirait aucune porte.
N'empêche que selon lui, tant qu'à provoquer une commotion, la députée a raté une belle occasion de prendre du galon.
«Si elle avait voulu le bien du comté, si elle était prête à oublier ses valeurs et à travailler pour le comté, il aurait mieux valu pour elle d'être au cabinet qu'ailleurs», avance-t-il. «Ce n'est pas une décision intelligente.»
Sans être aussi cinglante, la présidente de la Chambre de commerce et d'industrie de Shawinigan, Nancy Déziel, se questionne également sur les fondements de ce soudain changement d'allégeance.
«Je ne sais pas précisément pourquoi elle fait ça, mais je trouve ça surprenant», commente la jeune femme. «On a déjà parlé de possibilité de fusion entre ces partis, mais ça ne s'est pas vraiment fait... Pourquoi, tout d'un coup, un changement comme ça? Je me pose des questions.»
Mme Déziel mentionne qu'elle s'étonne toujours de voir des candidats défendre un programme la main sur le coeur et d'agir comme transfuge quelques mois plus tard. «Surtout quand il n'y a pas de changement drastique dans la ligne de parti», fait-elle remarquer. «Au bout du compte, ça la regarde, mais ça surprend.»
Le maire de Shawinigan, Michel Angers, pesait ses mots quand il a été invité à commenter l'intrigant parcours politique de sa députée fédérale.
«Comme tout le monde, je suis étonné et surpris», convient-il. «La question est de savoir si les gens ont voté pour Mme Saint-Denis ou pour le NPD? La réponse appartient à chaque citoyen qui l'a fait. Mme Saint-Denis devra vivre avec sa décision et on verra la réaction des citoyens.»
À brûle-pourpoint, M. Angers estime avoir rencontré sa députée à quatre reprises: au Gala Distinction Desjardins, au vins et fromages des Jeux du Québec, au souper des intervenants économiques de La Tuque et une fois dans un cadre de travail plus officiel, à l'hôtel de ville de Shawinigan.
Pour Mme Déziel, la courte présence de Mme Saint-Denis au grand gala de reconnaissance des entreprises en octobre a constitué la seule et unique occasion d'échange avec sa députée fédérale jusqu'à présent.
«Tout ce que je souhaite, c'est qu'elle soit présente dans son comté», laisse tomber la présidente de la CCIS. «Peu importe son allégeance, je souhaite qu'elle s'implique au maximum dans la région et qu'on la voit plus souvent!»