Élue avec la vague orange qui a emporté le Québec en mai, Lise St-Denis a choisi d'abandonner l'opposition officielle et de se rallier plutôt au troisième parti aux Communes.
Flanquée du chef libéral par intérim Bob Rae et du président du caucus libéral québécois Denis Coderre, la députée de Saint-Maurice-Champlain a expliqué mardi à Ottawa être plus à l'aise avec les positions du Parti libéral du Canada (PLC), qu'avec celles de son ancien parti.
Elle a notamment cité son désaccord avec les points de vue néo-démocrates sur le Sénat et sur la prolongation de la mission de combat en Libye pour expliquer sa défection.
«Je pense que les libéraux sont mieux placés, ont plus d'expérience et peuvent davantage défendre la place du Québec à l'intérieur du Canada et de la confédération que pourraient le faire d'autres partis», a-t-elle fait valoir en conférence de presse.
Elle a cependant admis que ce n'était pas spécifiquement pour elle que les électeurs de sa circonscription ont voté le 2 mai dernier.
«Ils ont voté pour Jack Layton, Jack Layton est mort», a-t-elle concédé, ajoutant qu'elle espérait que ses électeurs comprendraient son geste.
«Je vais tenter de leur expliquer, dans ma circonscription, que (...) les raisons de mon choix, c'est entre autres pour eux», a-t-elle lancé.
Mme St-Denis n'avait pas beaucoup attiré l'attention depuis son élection et son visage n'était pas vraiment connu sur la colline parlementaire. En juillet, elle avait expliqué à ses électeurs qu'elle ne serait pas très présente dans son comté, obligée de subir à Montréal des traitements pour un lymphome non-hodgkinien. Elle avait, par la suite, assuré que les traitements pour ce cancer du système lymphatique s'étaient bien déroulés.
La femme de 71 ans, qui avait milité pendant 10 ans au NPD, affirme avoir mûri sa décision pendant plusieurs mois, c'est dire peu de temps après son élection, il y a seulement huit mois.
Les transfuges n'ont pas toujours bonne réputation et peuvent être sévèrement punis par leurs électeurs lors d'une élection subséquente. M. Rae a donc insisté sur le fait que la défection de Mme St-Denis ne constituait pas un geste d'opportunisme politique et M. Coderre a soutenu que la décision de sa nouvelle collègue en était une de convictions.
«J'ai remarqué (..) qu'il n'y a aucune attaque. C'est vraiment basé sur une réflexion profonde, sur des points de vue personnels. C'est basé sur une opinion», a-t-il souligné.
Élection partielle
Par la voix de leur président du caucus québécois, Guy Caron, les néo-démocrates ont immédiatement mis au défi leurs rivaux de soumettre Mme St-Denis à une élection complémentaire.
«Ceux qui vont y perdre au change, ce sont vraiment les électeurs de Saint-Maurice-Champlain. Les électeurs ont voté pour le NPD, ont voté pour les valeurs que le NPD véhiculait, on voté pour le chef du NPD», a rappelé M. Caron.
«Si elle juge que les gens de Saint-Maurice-Champlain vont être mieux représentés sous la bannière libérale, eh bien, on défie les libéraux de déclencher une élection partielle qui va pouvoir tester cette hypothèse», a-t-il lancé, invitant ainsi Mme St-Denis à démissionner pour forcer une élection.
Les libéraux n'ont démontré aucune ouverture pour l'instant à cette idée.
M. Caron a également sous-entendu que le départ de Mme St-Denis ne constituait pas une grosse perte pour les néo-démocrates. «Les libéraux auront à apprendre à la connaître», a-t-il conclu.
Le PLC compte dorénavant 35 députés aux Communes, dont huit au Québec. Les 75 députés québécois à la Chambre des communes se partagent maintenant ainsi: 58 néo-démocrates, huit libéraux, cinq conservateurs et quatre bloquistes.