Selon les données contenues dans le décret de population du ministère des Affaires municipales, des Régions et de l'Occupation du territoire pour l'année 2012, on compte au Québec une trentaine de municipalités dont la population est inférieure à 200 habitants. Dont neuf qui comptent moins d'une centaine de résidents. Et une seule qui n'en compte pas du tout.
Ces micromunicipalités sont souvent les parfaits exemples du «small is beautiful». La gestion n'y est généralement pas trop compliquée. Tout le monde connaît tout le monde. Le défi, dans ces bleds, est d'offrir un minimum de services pour conserver les résidents en place et espérer en attirer de nouveaux.
S'il y a des municipalités qui sont carrément petites, d'autres se retrouvent dans cette liste un peu par accident. C'est le cas de la ville de L'Île-Dorval, qui ne compte aucun habitant permanent. L'île, située au large de la ville de Dorval, compte une cinquantaine de résidences secondaires et est complètement fermée de novembre à avril.
Le seul moyen de s'y rendre est de prendre un traversier pour passagers depuis Dorval. Sur l'île, aucun véhicule n'est autorisé. Les villégiateurs se déplacent en vélo ou en triporteurs. N'y accède pas qui veut. Il faut être résident ou invité pour avoir accès au traversier.
Malgré que sa population officielle soit de zéro habitant, la Ville de L'Île-Dorval a une mairesse et six conseillers municipaux. Comme Dorval, elle avait été fusionnée à Montréal en 2002. Lors du référendum du 20 juillet 2004 sur les défusions, les électeurs enregistrés de L'Île-Dorval se prononcèrent par 37 voix contre 12 en faveur de la reconstitution de leur municipalité. Le 1er janvier 2006, la municipalité retrouva son statut.
D'autres cas sont intéressants. Avec ses trois habitants, la municipalité de Saint-Louis-de-Gonzague-du-Cap-Tourmente, sur la côte de Beaupré, est en fait une exception administrative. Elle ne comprend qu'un domaine appartenant au Séminaire de Québec et servant de lieu de retraite aux prêtres. Une vaste maison, une petite chapelle et des petits bâtiments s'y trouvent.
La municipalité n'a pas de conseil municipal, mais est administrée par un représentant du Séminaire de Québec. C'est d'ailleurs ce procureur qui représente Saint-Louis-de-Gonzague-du-Cap-Tourmente au conseil des maires de la MRC de la Côte-de-Beaupré.
La situation est semblable à Saint-Benoît-du-Lac, où la muni-cipalité n'est en fait composée que du domaine qui abrite l'abbaye bénédictine et ses 44 moines, qui sont par le fait même les seuls résidents permanents de la municipalité.
La notion de résidents permanents est aussi importante pour déterminer la population réelle de municipalités qui, dans les faits, ont une population beaucoup plus élevée en raison des résidences secondaires ou saisonnières. On imagine bien, par exemple, que la population de Lac-Tremblant-Nord, lorsque arrive la saison de ski, est largement supérieure aux 30 habitants officiellement recensés.
Si la plupart des petites municipalités ont toujours été petites, il y a toutefois une exception majeure. La ville de Schefferville, qui vient de glisser sous la barre des 200 habitants, avec 197, a déjà été une ville minière de 5000 habitants, avec tous les services propres à une municipalité de cette taille.
Enfin, on constate que certaines de ces petites municipalités se trouvent sur des îles qui ne sont accessibles que par traversier. C'est le cas de Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, avec ses 63 habitants.
La municipalité est en fait située sur l'île Verte, sur le Saint-Laurent, entre Rivière-du-Loup et Trois-Pistoles. Elle n'a rien à voir avec la municipalité de L'Isle-Verte, qui est située sur la berge, en face de l'île.
À Saint-Antoine-de-l'Isle-aux-Grues, on compte 162 habitants. Les écoliers du primaire et du secondaire se rendent à Montmagny en avion, tous les jours...