Intimidation à l'école: une victime part en croisade

Victime d'intimidation depuis plus de six ans, Émanuelle Després a décidé d'organiser une marche contre l'intimidation dans les écoles elle est ici en compagnie de ses parents.

Victime d'intimidation à l'école depuis plus de six ans, Émanuelle Després a vivement été interpellée par la triste histoire de Marjorie Raymond, qui s'est enlevée la vie à Sainte-Anne-des-Monts. À un tel point qu'elle a décidé de s'attaquer à ce véritable fléau de société en organisant une marche de sensibilisation, à Trois-Rivières, le 11décembre prochain.


Pour cette jeune étudiante de deuxième secondaire de l'Académie Les Estacades, il est grand temps que cesse l'intimidation, tant physique que verbale, dans les écoles.

«Quand l'intimidation pousse quelqu'un à se suicider, c'est trop. Il faut arrêter, c'est assez. On avait beau ne pas la connaître, il reste que c'est triste», lance d'entrée de jeu la jeune de 13ans qui organise l'événement avec son amie, Roxanne Sénécal, et l'aide de son père, Robert Després.

Depuis la troisième année du primaire, Émanuelle se fait dire toutes sortes de commentaires disgracieux à propos de son apparence, tant à l'école que sur les réseaux sociaux. «On me traite de grosse, de king-kong, de baleine. Je me suis aussi fait voler mes vêtements pendant mon cours d'éducation physique l'an dernier», énumère, bien calmement, la jeune fille de 13ans.

Même si elle se fait harceler depuis longtemps, Émanuelle préfère ne pas trop aborder le sujet avec ses parents (qui sont quand même très bien informés du problème). Nouvellement arrivée à l'Académie Les Estacades pour l'année 2011-2012, après avoir fait son premier secondaire à Chavigny, Émanuelle croyait pouvoir s'en tirer, mais ce n'est pas le cas. L'intimidation fait toujours partie de sa vie.

«Ça m'atteint ce que le monde me dit, mais je ne le laisse pas paraître. J'ai réussi à me former une carapace et je les ignore», souligne-t-elle.

Néanmoins, sa mère est bien consciente que tous ces commentaires désobligeants laisseront inévitablement des traces chez sa fille. «Elle a beau avoir une carapace, mais ça reste toujours», reconnaît Lucie Boissonneault.

L'importance de dénoncer

Selon cette étudiante de deuxième secondaire, il devient primordial de signaler les divers scénarios d'intimidation, tant chez les victimes que les témoins. «Il faut aussi que les intimidateurs arrêtent», ajoute celle qui réclame un plus grand nombre d'intervenants dans les écoles pour parvenir à freiner ce fléau.

Pour Robert Després et Julie Boissonneault, il est évidemment difficile de voir leur jeune fille être la cible d'autant de moqueries au quotidien. Ils peuvent difficilement s'empêcher de tracer un parallèle avec le drame qui s'est joué à Sainte-Anne-des-Monts en début de semaine.

«L'histoire de Marjorie m'a affecté beaucoup. Je me dis que ça aurait pu être ma fille. Elle aussi subit de l'intimidation et je ne voudrais pas qu'elle en arrive au même résultat. C'est pour que ça que je me suis assis avec Émanuelle pour regarder ce qu'on pourrait faire aider les victimes d'intimidation. C'est là qu'est venue l'idée de la marche», raconte son père, Robert.

Une marche et une pétition

Depuis l'aréna Jean-Guy Talbot, à 10h30, les participants se rendront jusqu'au bureau de la députée Noëlla Champagne, dans le secteur Cap-de-la-Madeleine, pour y déposer une pétition dénonçant l'intimidation dans les écoles. «On invite tout le monde à venir!», lance Émanuelle, le coeur rempli d'espoir.

En avril dernier, un jeune de 12ans, Maxime Collard, avait organisé une marche visant également à dénoncer ce phénomène, du côté de Sorel-Tracy, et quelques centaines de personnes avaient répondu à l'appel, dont la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp.

Par ailleurs, les députées Noëlla Champagne (Champlain) et Danielle Saint-Amand (Trois-Rivières) ont déjà confirmé leur présence à la marche. «C'est important. Il faut inciter les gens à briser le silence, tant les enfants que leurs parents. Cette marche-là est une bonne façon de le faire», souligne la députée de Trois-Rivières.

Pour ce qui est de la pétition, la population sera invitée à la signer au Centre LesRivières, aux abords du village du Père Noël, jeudi et vendredi soir ainsi que le samedi 10décembre pendant la journée.

Hier, alors que la pétition prenait forme, une soixantaine de noms avaient déjà été recueillis. Parmi les signataires, on retrouve même des personnes ayant déjà intimidé Émanuelle. «Il y a un espoir de changement», reconnaît sa mère, Lucie.

En cas d'intimidation

- En parler au policier qui intervient à l'école

- Demander de l'aide aux parents ou à un adulte de confiance

Différents outils pour contrer l'intimidation

- Parler de l'intimidation: www.parlonsen.com

- Jeu virtuel sur l'intimidation: www.jeudeclic.com

- SOS Suicide: www.sos-suicide.qc.ca ou 1 800 595-580

- Tel-Jeunes: www.teljeunes.com ou 1 800 263-2266

*Source: site Internet de la Sûreté du Québec