Mort de Louis-Georges Dupont: «Ça manque de transparence»

Les frères Robert et Jacques Dupont entourent la députée de Champlain, Noëlla Champagne.

La députée de Champlain, Noëlla Champagne, avait bien du mal à cacher sa déception, lundi matin, en lien avec les conclusions de l'enquête de la Sûreté du Québec sur la mort du sergent-détective Louis-Georges Dupont.


Du même souffle, Mme Champagne a laissé savoir qu'elle n'entendait pas lâcher le morceau et demandera possiblement, dans les prochaines semaines, la création d'un comité indépendant à Québec qui pourrait faire la lumière sur cette histoire.

On se souviendra que la députée avait donné son appui aux frères Robert et Jacques Dupont, en amenant le dossier à Québec afin d'obtenir la réouverture de l'enquête sur la mort de leur père, survenue en novembre 1969.



Devant ce qui apparaissait comme de nouvelles preuves, dont une photo qui faisait état d'une seconde blessure par balle, le ministre de la Sécurité publique avait alors ordonné la tenue d'une nouvelle enquête. Vendredi après-midi, après 18 mois d'enquête, la SQ concluait que le policier s'était bel et bien suicidé. Il s'agissait de la quatrième enquête à conclure au suicide.

Or, Noëlla Champagne se demande aujourd'hui si la demande de rouvrir l'enquête par la SQ était la bonne chose à faire. La députée constate évidemment qu'après 42 ans, a police n'aurait pas pu trouver de nouvelles preuves. Mme Champagne ajoute qu'elle aurait aussi préféré que les enquêteurs se penchent sur les contradictions soulevées dans le dossier plutôt que sur la découverte de nouvelles preuves. C'est pourquoi elle entend se renseigner sur la formation d'un comité indépendant qui pourrait faire la lumière sur cette histoire. Ce comité pourrait être formé d'experts de différents milieux, de représentants du Protecteur du citoyen, etc.

S'avouant déçue des conclusions de l'enquête Noëlla Champagne soutient que ces conclusions ne permettront pas de dissiper tout doute dans l'opinion publique. «On nous dit hors de tout doute qu'il s'est enlevé la vie. Mais avec toutes les contradictions soulevées, je ne comprends pas comment on peut en arriver à une telle conclusion. Si on ne peut pas affirmer hors de tout doute qu'il s'agissait d'un meurtre, on ne peut pas plus affirmer hors de tout doute qu'il s'agissait d'un suicide», croit la députée.

Cette dernière précise qu'elle ne doute pas que l'enquête ait été faite selon les règles de l'art, mais souligne qu'avec le contexte de l'époque à Trois-Rivières, la corruption et la pression qui pesait sur les épaules du policier Dupont, il est difficile d'écarter hors de tout doute la thèse du meurtre déguisé en suicide. «S'il s'est enlevé la vie, Dieu sait qu'on l'a aidé à mourir», avance-t-elle.



Les frères Robert et Jacques Dupont, présents à la conférence de presse, ont pour leur part déploré que de nombreux éléments de contradiction n'aient pas été retenus. Parmi eux, le fait que leur père ne portait pas les mêmes vêtements lorsqu'il a été retrouvé mort que lorsqu'il a quitté la maison le matin de sa disparition, qu'on n'ait décelé aucune trace de sang dans le véhicule, qu'un scellé de 160 ans ait été mis sur le dossier à l'époque, etc.

Quant aux conclusions de la SQ, voulant que la photo amenée en preuve et démontrant la présence d'une seconde blessure par balle ait été altérée, Robert Dupont invite les policiers à le poursuivre s'ils ont un doute qu'il ait pu falsifier cette preuve. «Je n'ai pas modifié cette photo. Qu'ils me traînent en cour. On va aller s'expliquer devant un juge, et on pourra en même temps soulever la question des négatifs d'origine, qui ont mystérieusement disparu», rappelle M. Dupont.

Par ailleurs, Noëlla Champagne déplore que la Sûreté du Québec ait convoqué, à la dernière minute, trois rencontres différentes à trois endroits différents vendredi dernier, soit une avec les frères Dupont, une avec les médias et une avec la députée. «On aurait pu faire ça tous ensemble, poser les mêmes questions et avoir la même information. Là, on n'a aucun document, aucun communiqué. C'est une drôle de façon de procéder. Ça manque de transparence», souligne Mme Champagne, qui s'indigne de savoir que les frères Dupont ne pourront avoir accès au rapport d'enquête de la SQ qu'en passant par la Loi sur l'accès à l'information.