Propos de Claude Pinard: surprise et incompréhension

Le vice-président de la commission parlementaire sur l'agriculture, le député péquiste Claude Pinard (photo), accuse son collègue libéral David Whissel d'agir en service commandé de la part du gouvernement pour court-circuiter les travaux de la commission.

La députée de Champlain, Noëlla Champagne, ne lance pas la pierre à son collègue de Saint-Maurice, Claude Pinard, qui s'est retrouvé emporté par une véritable tornade médiatique à la suite d'une remarque jugée sexiste sur les déboires de la chef de l'opposition Pauline Marois.


Noëlla Champagne

Cette dernière n'a pas hésité à faire un parallèle entre ces propos et ceux entendus chez des électeurs par le passé au sujet de l'homosexualité de l'ex-chef du Parti québécois, André Boisclair. Elle laissait ainsi entendre qu'il restera toujours un fond de sexisme et d'homophobie dans la population et que c'est sans doute à cela que Claude Pinard faisait allusion.

«Il faut toujours regarder le sens d'un propos, prévient-elle. Je suis convaincue que jamais Claude n'a voulu être méprisant et paternaliste envers les femmes. Il a mis ça sur la table, parmi d'autres facteurs.»



Mme Champagne rappelle que lors d'une campagne électorale précédente, elle a clairement entendu des gens affirmer que jamais ils n'éliraient un «fif» qui n'a même pas de famille.

«Ce n'était pas une «folle» André Boisclair, il assumait son orientation sexuelle. Mais les gens ont été très sévères. Moi, je ne nie pas qu'il puisse exister même en 2011 des gens qui auraient une hésitation à élire une femme première ministre. Le nier, ce serait être un peu... illuminée.»

Mme Champagne ajoute qu'en tant que femme députée, elle n'a jamais voulu se laisser déranger par des propos sexistes et qu'elle n'accepte pas qu'on en tienne devant elle sans réagir.

Elle note aussi qu'à son entrée dans l'enseignement au secondaire, on comptait peu d'enseignantes et pratiquement aucune femme dans les postes de direction.



«On l'a tous vécu à cette époque (le sexisme) mais j'ai toujours refusé de me laisser entraîner dans cette vision des choses. Je fais ce que j'ai à faire, je prends ma place.»

Mme Champagne martèle à nouveau que le problème du caucus du Parti québécois n'est pas le sexisme mais le manque de discipline dans ses rangs.

«Pauline Marois va fêter ses 25 ans de vie politique active. Tu n'atteins pas ces niveaux-là si tu te sens diminuée parce que tu es une femme», a-t-elle conclu.

Des propos surprenants pour Saint-Amand

Danielle Saint-Amand, députée libérale de Trois-Rivières, a qualifié «d'extrêmement surprenants» les propos de son collègue de l'Assemblée nationale.

«Les gens ne sont pas sans savoir quelles sont les valeurs de notre parti qui a instauré la parité hommes-femmes dans les conseils d'administration d'organismes. Le premier ministre prêche aussi par l'exemple avec la composition de son cabinet. On laisse son opinion à M. Pinard.»



La députée insiste, hommes et femmes ont leur place. Elle en donne comme preuve les exemples de femmes dirigeantes de pays et de grandes compagnies ainsi que les premières ministres de provinces qui commencent à apparaître au pays.

«On entendait ce genre de propos il y a 25 ans, mais on a dépassé ça. On a travaillé très fort, autant les hommes et les femmes pour l'égalité et le résultat de cet effort, on le voit à tous les niveaux dans notre société. Sincèrement, c'est surprenant ces propos et ils n'ont plus leur place dans la société d'aujourd'hui. Je fais confiance aux gens malgré qu'on ne pourra jamais empêcher les préjugés.»

Danielle Saint-Amand croit par ailleurs qu'on ne peut mettre ce genre de préjugés sur le compte d'une génération, car la région de la Mauricie qui compte parmi les régions les plus vieillissantes du Québec, a élu cinq femmes députées. (Danielle Saint-Amand, Noëlla Champagne, Julie Boulet, Ruth-Ellen Brosseau et Lise Saint-Denis).

Sa collègue de Laviolette, la députée ministre Julie Boulet, a brièvement déclaré pour sa part, qu'elle espère sincèrement que les propos de M. Pinard ne reflètent pas le fond de sa pensée.

Le Nouvelliste n'a pu rejoindre Claude Pinard. Son bureau de Québec a fait savoir que le député de Saint-Maurice avait été rappelé d'urgence à la maison, pour des raisons d'ordre familial, et qu'il ne retournerait aucun des nombreux appels reçus mercredi.