C'est du moins ce qui est grandement souhaité par la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ). «Grâce à une nouvelle entente générale régissant les conditions de travail qui vient d'être conclue avec le gouvernement, une bonification financière est accordée aux médecins qui accepteront de prendre en charge de nouveaux patients. Nous croyons que cela aura un impact sur l'accessibilité sans pour autant régler le problème de fond», a précisé le Dr Louis Godin, président de la FMOQ.
À ce sujet, il a précisé que les centres de santé et de services sociaux étaient en train de mettre en place des guichets d'accès pour orienter les patients vers lesdits médecins. Nul besoin en effet de faire le tour des cliniques médicales du Québec pour dénicher un médecin. En fonction des priorités et de l'état de santé des patients, les guichets d'accès offriront le code de référence nécessaire pour l'accès à un médecin de famille.
Au CSSS de Trois-Rivières, le «guichet d'accès pour la clientèle orpheline» existe déjà depuis deux ans. Le numéro à composer est le 819 370-2200 poste 42000.
Toutefois, Fanny Houle, porte-parole du CSSS de Trois-Rivières, prend soin de préciser que la priorité est accordée aux patients vulnérables.
«Il y a des procédures à suivre. Des cotes de 1 à 5 sont accordées en fonction de l'état de santé du patient. Environ 50 % des patients vulnérables ayant des cotes 1 et 2 ont été pris en charge par des médecins», donne-t-elle en exemple.
Selon les données du rapport annuel du CSSSTR, on dénombrait au 31 mars 2011 plus de 2200 personnes sur la liste d'attente du guichet d'accès. En deux ans, on estime également que 350 personnes ont pu avoir accès à un médecin grâce à ce système.
Le président de l'Association des médecins omnipraticiens de la Mauricie, le Dr Pierre Martin soutient de son côté que la bonification a déjà eu l'effet escompté auprès de certains médecins. Il a donné l'exemple d'un médecin oeuvrant auparavant dans une urgence de la région. Attiré par la nouvelle rémunération, il a décidé de prendre en charge des patients dans une clinique de Trois-Rivières, cumulant ainsi deux fonctions.
Par contre, la FMOQ estime que cette mesure, bien qu'intéressante, n'est pas suffisante, dans une région où il manque encore 83 médecins.
«D'autres chantiers devront être menés de front au cours des mois à venir. Il faudrait en priorité que les médecins de famille puissent avoir le soutien des autres professionnels. Cela passe par un accès plus rapide et facile aux consultations spécialisées, aux épreuves de laboratoire et aux examens d'imagerie médicale. S'il n'y a pas d'amélioration sur tous ces fronts, il sera excessivement difficile d'améliorer l'accès aux soins de première ligne», a ajouté le Dr Godin.
Même son de cloche de la part du Dr Martin.
«Il y a eu une amélioration car la Mauricie était auparavant au dernier rang. Les effectifs médicaux en place répondaient à 76 % des besoins. Nous sommes maintenant en milieu de peloton avec un pourcentage de 84 %. Cependant, un meilleur accès aux médecins ne passe pas uniquement par le fait de trouver des solutions à l'engorgement des urgences mais plutôt par la promotion du travail en clinique», a-t-il indiqué.
En ce sens, il a rappelé qu'une quarantaine de médecins pourraient prendre leur retraite d'ici cinq ans dans la région.
«Ça ne veut pas dire qu'ils vont tous partir mais il va falloir des efforts pour remplacer cette main-d'oeuvre et cela passera par l'organisation du travail et le support accordé aux médecins», a-t-il conclu.