Mort de Mouammar Kadhafi: «Une bonne nouvelle, mais qui va lui succéder?»

Libyen d'origine, Salah Rahuma a vécu dans les années 1990 un épisode bien difficile du régime de terreur imposé par Mouammar Kadhafi.

En apprenant la mort du dictateur libyen Mouammar Kadhafi, tué jeudi, Salah Rahuma s'est rappelé un bien triste épisode de sa vie.


Vivant au Canada depuis 1963, ce Libyen d'origine qui s'est installé à Saint-Jean-des-Piles, a vécu 27 jours bien difficiles au cours des années 90 alors qu'il était allé rendre visite à sa famille.

Profitant de son passage dans son pays natal pour renouveler son passeport libyen, l'homme 73 ans avait alors été intercepté par les autorités qui voulaient l'interroger sur la provenance de son passeport canadien.



N'ayant rien à cacher, il avait simplement expliqué à ses interlocuteurs qu'il habitait au Canada depuis déjà un bon moment et qu'il y travaillait. Croyant que M. Rahuma mentait au sujet de ses liens canadiens, les autorités l'ont interrogé de façon quotidienne «de 8 h à 17 h» pendant 27 jours, refusant de lui émettre son nouveau passeport libyen tant qu'il n'aurait pas dit «toute la vérité». Pendant toute cette période, la victime ne pouvait quitter sa demeure, étant en «détention domiciliaire».

«Ils me soupçonnaient. Ils voulaient savoir pour qui je travaillais, à qui je devais rendre des comptes. Moi, je savais que j'avais rien fait de mal pourtant», se souvient ce retraité de la restauration.

À un certain moment au cours de ces 27 jours interminables, M. Rahuma croyait bien qu'il allait devoir se résigner à terminer ses jours en Libye, loin de sa femme et ses deux enfants.

«C'était pénible, je ne savais pas combien de temps tout ça allait durer. J'ai pu appeler mon fils le 5 mars pour son anniversaire et j'étais très malheureux. Je ne voulais pas penser au pire scénario», raconte l'homme qui a grandi en Libye jusqu'à l'âge de 18 ans.



Les yeux rivés sur son téléviseur lors des derniers moments du règne de Kadhafi, M. Rahuma n'a évidemment pas versé de larmes en apprenant la mort du dictateur libyen.

«En voyant tout ça, ça montre que si tu n'es pas aimé, tu ne peux pas rester pour toujours. Je savais qu'un jour il allait partir. La mort de Kadhafi est une bonne nouvelle... mais aussi une mauvaise nouvelle, car on se demande qui va lui succéder? Comment va-t-on en arriver à la démocratie», indique M. Rahuma, qui habite à Saint-Jean-des-Piles depuis 36 ans.