Tous ceux qui se trouvaient sur place le lendemain du drame et qui participaient d'une façon ou d'une autre aux opérations de recherches penseront la même chose: jamais on n'aurait pu croire à ce moment que ce drame allait se prolonger si longtemps. Et pourtant...
Le constat est toujours le même à chaque anniversaire. Martin Provencher, assis au bout de la table, nous reçoit avec un grand sourire, puis hausse les épaules et reprend son air sérieux en se disant: pas déjà une autre année. Difficile aussi pour nous de ne pas penser la même chose, devant cette attente qui s'éternise et devient toujours plus lourde à porter pour la famille et les proches.
«Avec le temps, la longueur s'installe. On ne compte plus trop les jours, les semaines, les mois. Je ne compte plus, mais j'y pense tous les jours», confie d'entrée de jeu Martin Provencher.
Car si les tentatives d'offres de récompense, d'appels au négociateur ou au procureur indépendant, d'enquêtes, de recherches sur le terrain et d'appels au public sont jusqu'ici restées vaines, la famille de Cédrika ne peut se résoudre à lâcher prise et attendre, les bras croisés, que l'histoire connaisse son dénouement.
«On a essayé plusieurs choses, on a encore des idées. On va continuer d'essayer, on ne peut pas faire autrement. Qu'est-ce qui va faire que ça va débloquer un jour? Je n'en sais trop rien, mais ça ne peut pas faire autrement que de débloquer», martèle le papa de Cédrika Provencher.
Ce dernier reste convaincu que le public est la clé dans cette histoire. «L'enquête est arrivée au point où il ne manque plus qu'une petite étincelle, qu'un petit morceau dans ce casse-tête. Et parfois, la moindre information, même la plus banale, celle qu'on pense qui ne fera aucune différence, pourrait nous amener à un dénouement. Il faut que les gens parlent, même s'ils croient que ça ne mènera nulle part», ajoute Martin Provencher.
En ce sens, le grand-père de Cédrika, Henri Provencher, croit fermement qu'il est temps que les lois changent au Canada. «Il y a beaucoup de travail à faire pour changer les lois qui sont archaïques et qui, à mon avis, protègent les criminels. Les policiers auraient besoin de plus d'outils et de moins de restrictions pour accomplir leur travail. C'est certain que quand on baigne là-dedans depuis quatre ans, qu'on observe les choses aller, on se sent désabusé du système», lance-t-il.
Jolène Riendeau
La découverte, cette année, du corps de Jolène Riendeau à Montréal, n'a pas été sans ébranler les proches de Cédrika. Martin Provencher s'est d'ailleurs rendu aux funérailles de la fillette afin d'offrir son soutien à la famille de Jolène.
«Quand je suis arrivé à la messe, j'ai trouvé ça raide. On peut s'imaginer quel genre de sentiment anime les parents à ce moment-là, et...», souligne Martin Provencher, sans terminer sa phrase.
Encore cette année, le papa de Cédrika a eu quelques contacts avec les enquêteurs de la Sûreté du Québec, mais aucun appel ne lui permettant de croire que ce cauchemar prendrait fin. «L'enquête est active, ça on le sait. Mais nous, on veut le dénouement. Si elle est en vie ou décédée, peu importe. On veut le savoir, on veut que l'attente arrête», ajoute-t-il.
Seul réconfort dans cette attente, l'appui indéfectible du public qui ne s'est jamais estompé depuis quatre ans.
«Les gens m'arrêtent encore dans la rue pour me dire qu'ils prient pour nous, qu'ils pensent à nous et qu'ils restent alertes. Ça pour nous, c'est toujours bien apprécié. On a demandé l'aide du public quand c'est arrivé, on continue d'avoir besoin du public et les gens sont là. J'aimerais beaucoup les remercier», conclut Martin Provencher.