Imposition d'un couvre-feu: les bars peu inquiets

Les recommandations publiées hier par le coroner Yvon Garneau, suggérant l'imposition d'un couvre-feu pour les jeunes conducteurs de moins de 24 ans, n'ont pas été mal accueillies par plusieurs tenanciers de bars de la région. Au contraire, la plupart des propriétaires de bars joints par Le Nouvelliste estiment qu'une telle mesure ne devrait pas affecter la fréquentation des établissements.


«Quand on a imposé la loi anti-tabac, supprimant la cigarette dans les établissements licenciés en 2006, on avait prédit que ça nous ferait très mal. Finalement, c'est comme s'il ne s'était rien passé», se souvient Guy Lambert, copropriétaire de plusieurs bars à Trois-Rivières, dont l'Embuscade qui attire certains soirs une clientèle majoritairement de moins de 30 ans.

M. Lambert croit que si le gouvernement imposait une telle mesure, les jeunes se débrouilleraient autrement pour satisfaire leur besoin de socialiser.



«Comme pour la cigarette, on a fait avec. Je crois que les jeunes finiraient par trouver d'autres moyens, comme l'autobus ou le taxi par exemple, pour se déplacer au centre-ville. Je ne suis pas du tout contre une telle mesure, mon côté humaniste l'emporte», lance M. Lambert.

Même son de cloche pour Lucia Boisvert, l'une des propriétaires du bar Le D'Artagnans, qui attire également une clientèle de jeunes de moins de 35 ans.

Mme Boisvert avait pris connaissance, à travers les médias, du rapport du coroner Garneau, mais avouait ne pas se sentir concernée, du moins du point de vue des affaires.

«Ça ne devrait pas nous toucher. Nous avons déjà un service de raccompagnement par Tolérance Zéro qui est à la disposition de nos clients», rappelle-t-elle.



Cette recommandation du coroner Yvon Garneau prévoit cependant des exceptions pour les conducteurs devant se rendre à leur lieu d'étude ou de travail.

Le coroner Garneau a enquêté sur un accident qui a tué quatre jeunes hommes de 17 à 22 ans le 10 octobre dernier, à Drummondville. L'analyse toxicologique a révélé que le taux d'alcoolémie du conducteur, Carl Francoeur-Ouellette, dépassait de près de deux fois la limite légale.

De plus, l'enquête policière a démontré que le véhicule circulait à environ 140 km/h dans une zone de 50 km/h.

Dans ses recommandations au législateur, Yvon Garneau rappelle que l'Ontario applique déjà une interdiction de conduire à de jeunes conducteurs entre minuit et 5 h, même si les dispositions de cette province touchent une catégorie d'âge plus restreinte.