«Nous préparons les valises, mais c'est difficile. D'habitude, on prépare les valises pour aller en voyage. Là, c'est le travail de quatre ans qu'il faut mettre dans les valises», mentionne M. Picazo, un ressortissant mexicain.
La famille de M. Picazo fait l'objet d'une mesure de déportation. Le 13 mai, après avoir passé quatre ans au Canada elle devra avoir quitté le pays.
Alors que l'échéance se rapproche, M. Picazo espère toujours que l'ordre sera suspendu le temps que soit examinée une demande de dispense de visa en cours.
Pour être entendu, l'homme dit être prêt à aller jusqu'à faire la grève de la faim. «C'est la bataille de ma vie», croit Leon Picazo et cette bataille, l'homme dit la mener pour ses enfants. «Je ne veux pas qu'ils portent la faute de mes actions», poursuit-il.
De fait, explique M. Picazo, si la famille est déportée, elle devra demander un pardon au gouvernement canadien avant de pouvoir franchir la frontière canadienne à nouveau. Cette procédure pourrait prendre quelque quatre années.
En plus, s'ils sont déportés, les membres de la famille devront déclarer avoir été déportés chaque fois qu'ils se présenteront à une douane, qu'importe leur destination dans le monde, soutient encore M. Picazo.
«Chaque fois que je vais aller quelque part dans le monde, il va y avoir l'ordre de déportation. Et Maria... elle parle français et espagnol. Elle va commencer sa carrière et il y aura aussi l'ordre de déportation. Ça me brise le coeur», poursuit M. Picazo en parlant de son aînée, Maria Fernanda, 8 ans.
Hier, M. Picazo et son épouse Marisol Cendon Olivier ont rencontré le député sortant et candidat dans Berthier-Maskinongé, Guy André. M. André s'est engagé à demander l'intervention discrétionnaire du ministre de l'Immigration, Jason Kenney, dans le dossier de la famille Picazo. «Je suis très content. [...] Ça me donne la force de continuer.
En attendant, les Cendon-Picazo doivent mener leur bataille sur deux fronts. Non seulement espèrent-ils un revirement de situation quant à l'ordre de déportation, mais aussi doivent-ils se préparer à s'y conformer ; une situation particulièrement stressante pour la famille.
«Quelques fois, j'ai un sentiment de désespoir», indique M. Picazo.
«Mais ce qui est le plus préoccupant, c'est les enfants. Ce n'est pas nécessaire que l'on crie pour qu'ils comprennent que nous sommes désespérés. La nuit, Leon François se réveille deux ou trois fois et commence à pleurer. Maria Fernanda ne dort pas tranquille. Gaël aussi. Ils ne comprennent pas ce qui arrive, mais ils savent que les choses ne vont pas bien.»
M. Picazo s'inquiète aussi pour son épouse, Marisol Cendon, qui a, dit-il, été enlevée quand le couple habitait au Mexique. «Je pense que ma femme aura peur encore et moi, son mari, ça m'affecte beaucoup», explique-t-il.
Ana Marisol Cendon Olivier et Leon Felipe Picazo sont arrivés au Canada il y a quatre ans. Ils ont trois enfants, Maria Fernanda, 8 ans, Gaël Sebastien, 3 ans, Leon François Ezequiel, 5 mois.
Ayant vu sa demande d'asile être refusée, la famille doit quitter le Canada au plus tard le 13 mai. La famille sait qu'elle doit se conformer aux volontés d'Immigration Canada, mais elle demande du temps ; le temps que Maria termine son année scolaire et le temps de savoir si sa demande de dispense de visa pour des raisons humanitaires a été acceptée.