Yves Lévesque répète toutefois qu'il cautionne la décision du président de cette corporation, Roger Picard, de suspendre MM. Dubé et Lamarre, à la suite d'un avis de mise en défaut reçu par Développement économique Canada.

L'organisme fédéral, chargé de l'entente concernant la contribution financière de 610 900 $ du fédéral aux Fêtes du 375e, a constaté que le comité organisateur n'avait pas respecté les termes de l'entente, notamment en ce qui a trait à certaines factures présentées pour remboursement.

Puisqu'il y a défaut par rapport aux conditions prévues dans l'entente, Développement économique Canada réclamerait une somme considérable - quelques centaines de milliers de dollars selon le porte-parole de la Ville - à l'organisation du 375e.

Environ les deux tiers de la contribution maximale admissible (plus ou moins 400 000 $) avaient été versés à l'organisation des Fêtes sous forme d'avance. Le comité avait prévu demander des remboursements totalisant le maximum admissible, soit un peu plus de 600 000 $.

L'aide financière du fédéral n'était pas une subvention à proprement parler mais une contribution maximale dans le cadre d'un programme normé pour l'aide à la commercialisation et à la promotion à l'extérieur de la province.

À ce programme est associé un processus de reddition de comptes, notamment par la présentation de pièces justificatives, et c'est à ce niveau que Développement économique Canada aurait décelé des irrégularités.

L'organisme fédéral s'est d'ailleurs refusé hier à tout commentaire dans ce dossier. Une porte-parole, Nadja Raphael, a indiqué que les informations de nature financière entre DEC et un client - dans ce cas-ci les Fêtes du 375e - sont confidentielles. Il n'a pas été possible de connaître le montant exact qui est réclamé au Comité des Fêtes.

Le maire Yves Lévesque dit ne pas partager entièrement les faits allégués par Développement économique Canada pour justifier l'émission d'un avis de défaut.

«Ça me semble être une décision abusive. Jusqu'à preuve du contraire, il n'y a pas eu de malversation. Mais encore une fois, je répète qu'il faudra attendre les conclusions de l'analyse pour voir de quelle façon on va réagir. Si, au terme de cet exercice, on constate qu'il y a des gestes répréhensibles qui ont été posés, il y aura des sanctions», assure le maire.

En attendant, celui-ci affiche encore une certaine confiance en Steve Dubé et Alain Lamarre. «Il faut faire attention avant de juger les personnes. Je vais défendre ce qui est défendable. En attendant, je fais confiance aux organisations, notamment à la Corporation de l'Amphithéâtre, qui a décidé de suspendre les deux employés le temps de faire la lumière», explique Yves Lévesque.

Une «tuile», une «tache»

Le président du conseil d'administration du Comité des Fêtes du 375e, Jean Fournier, s'est fait avare de commentaires, hier, à la suite de l'annonce par la Corporation de l'Amphithéâtre, de la suspension de Steve Dubé et Alain Lamarre. Il a expliqué avoir fait tout ce qu'il lui était possible de faire pour remplir son mandat de président.

«C'est une tuile qui nous tombe sur la tête au moment où on s'apprêtait à fermer les livres. J'aurais souhaité que ça se termine mieux que ça. C'est certain que ça va laisser une tache sur l'organisation des Fêtes», déplore-t-il.

M. Fournier indique que toutes les factures qui ont été soumises au conseil d'administration semblaient conformes et qu'il n'a jamais été témoin d'irrégularités. C'est pour cette raison qu'avec l'aide de la Ville de Trois-Rivières, l'organisation des Fêtes entend vérifier les possibilités de contester la réclamation de Développement économique Canada.

Faux document

Par ailleurs, il semble que ce serait un document falsifié qui aurait pu éveiller les soupçons de l'organisme fédéral et donner lieu à la réclamation actuelle. Contrairement à ce que certaines sources laissaient entendre mardi, il n'y aurait pas eu de falsifications de chèques, mais plutôt une manipulation d'une pièce justificative, présentée à l'appui d'une réclamation.

Il est aussi acquis que l'organisation des Fêtes a dû user de beaucoup d'imagination pour trouver des moyens de réclamer des sommes pour de la promotion à l'extérieur du Québec, comme l'exige le programme fédéral, alors que dans les faits, on souhaitait d'abord utiliser l'argent pour bonifier les événements existants ou créer des manifestations uniques.

Dubé et Lamarre choqués

Moins de vingt-quatre heures après que leur suspension ait été curieusement annoncée par un porte-parole de la direction des Communications de la Ville, Steve Dubé et Alain Lamarre ont réagi par voie de communiqué, hier. Ils déplorent leur mise à l'écart cavalière et entendent tout mettre en oeuvre afin que leur réputation ne soit ternie davantage.

«Nous sommes surpris et choqués d'être ainsi mis au banc des accusés, avant même que tous les faits ne soient connus», a indiqué Steve Dubé. Son collègue Alain Lamarre espère que le public ne tirera pas de conclusions hâtives. «Nous ne laisserons personne salir nos noms. Nous prendrons tous les moyens requis et nécessaires pour rétablir nos réputations», mentionne-t-il dans le communiqué conjoint émis hier après-midi.

Les deux hommes ont mentionné qu'ils allaient offrir leur entière collaboration aux responsables de l'analyse du dossier du 375e anniversaire et ce, afin de «rétablir les faits» le plus rapidement possible.

Ils ont par ailleurs rappelé qu'ils ont mené «avec grand succès» les festivités entourant le 375e anniversaire de la ville de Trois-Rivières.

«Les Fêtes du 375e anniversaire ont connu un succès qui a fait la fierté des Trifluviens, grâce au travail et au professionnalisme de notre équipe. Nous avons toujours agi de bonne foi, avec respect et intégrité dans la gestion de ce dossier», a mentionné Steve Dubé.