À 17 ans et demi, Maïka Bilodeau devenait enceinte et mettait du même coup ses études en suspens. Quatre enfants plus tard, dont des jumeaux, la jeune femme a eu envie de se valoriser à l'extérieur de la maison.
Un travail de commis aux viandes dans un marché d'alimentation lui a rapidement donné le goût de prendre la place... du boucher. Ne faisant ni une ni deux, elle s'est inscrite au programme de boucherie au détail du Centre de formation professionnelle Bel-Avenir.
Maïka, qui obtiendra son diplôme dans deux semaines, rêve maintenant de mettre sur pied une boucherie familiale avec son conjoint.
«C'est sûr que certains matins, je serais restée couchée. Avec quatre enfants, ce n'était pas toujours facile», a-t-elle dit à l'assistance composée de mamans présentement aux études, mais aussi d'intervenants des milieux de l'éducation et du marché du travail.
Organisme sans but lucratif qui a vu le jour au printemps 2009, «Maman va à l'école» souhaite favoriser un meilleur accès à la formation aux femmes, particulièrement les mères monoparentales.
Chapeauté par l'Institut de coopération pour l'éducation des adultes, «Maman va à l'école» rappelle l'existence de solutions simples et efficaces pour inciter les femmes à reprendre les études là où elles les ont laissées, et à améliorer leur avenir et celui de leurs enfants.
Manon Labrecque avait 16 ans lorsqu'elle a décroché, en 3e secondaire. Issue d'un milieu défavorisé, elle a accumulé les petits emplois avant de se retrouver barmaid, puis enceinte. C'est là que le déclic s'est produit. «Il n'était pas question de travailler de nuit avec un bébé», dit-elle.
Après une première tentative peu concluante, Manon a repris les choses en main pour finalement trouver sa voie au programme d'études professionnelles en soutien informatique. Aujourd'hui, elle entend poursuivre ses études au niveau collégial.
«C'est une grande fierté de retourner aux études. C'est très important aussi de pratiquer un métier qu'on aime», a indiqué la maman monoparentale.
Animée par la professeure Rollande Deslandes du département des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Trois-Rivières, la discussion a également permis aux participantes d'échanger des trucs sur l'art de concilier les études et les obligations familiales.
Elles ont notamment rappelé l'existence d'organismes communautaires et de services sociaux pour les soutenir.
«Je viens de passer une de mes plus belles années», a déclaré Joanie Cossette, jeune maman monoparentale d'un garçon de 2 ans. Elle est présentement inscrite à l'éducation des adultes pour mieux poursuivre sa formation en éducation spécialisée.
«Je ne suis pas juste une mère, mais aussi une étudiante. Je me sens valorisée dans un domaine comme dans l'autre», a-t-elle dit avant d'insister sur l'importance de pouvoir compter, lorsqu'on est une maman à l'école, sur les encouragements de son entourage.
À l'inverse, Sandra Martin met en garde ses compagnes de classe contre ceux et celles qui vont inévitablement remettre leur décision en question.
«Retourner aux études, ce n'est pas toujours facile, mais si je suis capable de le faire, tout le monde peut y arriver. Il faut être structuré», affirme la femme de 35 ans, mère monoparentale de deux enfants de 7 et 8 ans.
Elle vient de compléter ses études professionnelles en imprimerie pour mieux se perfectionner, depuis quelques semaines, en procédés infographiques.
Fière de ses récentes réussites, Sandra Martin avait finalement ce conseil pour les mamans réunies à l'auditorium du Centre d'éducation des adultes du Chemin-du-Roy (ancien DLS): «Ne vous gênez pas pour aller voir les personnes ressources, parce qu'à l'école, il y en a!»