Les manifestants se sont non seulement heurtés à un contrôle serré de la part du Service de protection publique de l'Université, mais aussi à bon nombre d'étudiants visiblement peu intéressés à emboîter le pas dans cette journée de grève contre la hausse des frais de scolarité qui se tenait simultanément dans plusieurs universités québécoises.
Les manifestants entraient dans les classes en scandant: «Un peuple instruit ne sera jamais soumis!» puis ils expliquaient à leurs collègues les motifs pour lesquels il était important de suivre le mouvement de grève.
Dans certaines classes, la plupart des étudiants emboîtaient le pas, mais ça ne s'est pas déroulé rondement dans toutes les classes.
«Les gens les plus agressifs sont les étudiants qui restent dans les cours», a constaté Marie-Élaine Laroche, manifestante et membre du comité de mobilisation.
«Je me suis fait pousser un bureau dessus par un étudiant parce qu'il ne voulait pas que j'entre dans la classe. J'ai été un peu déstabilisée», dit-elle.
«Une de ses collègues lui a dit de ne pas faire ça, que ça ne faisait pas de sens», relate-t-elle. «Et il y a un autre gros bras qui voulait empêcher les gens de rentrer», raconte-t-elle, ce dont Le Nouvelliste a d'ailleurs été témoin.
Dans certaines classes, les étudiants se sont aussi affrontés verbalement. «À la base, on n'a pas la même vision de l'éducation», résume Marie-Élaine Laroche. «Eux voient l'éducation comme un service; nous, on la voit comme un droit.»
Le service de protection publique avait mobilisé 10 agents de sécurité sur le campus, a confirmé hier la directrice des communications, Guylaine Beaudoin.
Les professeurs avaient d'ailleurs reçu un mot de l'Université de contacter la sécurité en cas de problème, rapporte le président du Syndicat des professeurs, Michel Volle, ce que plusieurs ont fait en voyant arriver les manifestants dans leur classe.
Mme Beaudoin contredit cette information. Selon elle, ça n'a pas été dit «de façon spécifique comme ça». De plus Mme Beaudoin dit avoir vérifié avec le Service de protection publique et seulement quelques personnes ont eu recours aux agents, dit-elle.
La sécurité est, de toute façon, intervenue pour faire sortir systématiquement les manifestants des classes lorsque le ton montait trop haut entre les deux groupes d'étudiants.
Selon Guylaine Beaudoin toujours, la Sécurité a été avisée que «les étudiants étaient dans leur droit de s'exprimer. On leur permettait d'aller de 5 à 10 minutes dans les classes au début des cours, mais ça ne devait pas excéder ça et après, on leur demandait de quitter pour les gens qui voulaient suivre leurs cours», explique-t-elle.
«C'est de l'intimidation, ils sont habitués. Le message que ça nous envoie, c'est que les étudiants ne sont pas bienvenus dans l'éducation du Québec», analyse Ludovic Nadeau, vice-président aux affaires externes à l'AGÉUQTR, non sans cacher une certaine frustration, tout comme ses camarades manifestants.
«On appelle les gardiens de sécurité parce que des fois, la pression qui est exercée entre les étudiants, c'est pas toujours évident à contrôler», fait valoir de son côté Carole Neill, présidente du Syndicat des chargés de cours.
«Il n'est pas dans les moeurs d'arbitrer entre les étudiants», fait-elle valoir.