La soeur d'accueil du jeune garçon de douze ans explique son geste

Un jeune garçon de douze ans s'est retrouvé au sommet d'un arbre jeudi après-midi.

La soeur d'accueil du jeune garçon de douze ans qui s'est retrouvé au sommet d'un arbre jeudi après-midi, après une dispute à l'école, a confirmé que l'enfant subissait beaucoup d'intimidation à l'école depuis quelques semaines. En entrevue à l'émission Martineau, la puissance des mots sur les ondes de CKOI-Mauricie, hier midi, elle a dénoncé la situation qui envenime la vie du jeune garçon.


«Ça fait plusieurs fois qu'il nous dit qu'il n'est pas heureux dans la situation qui se passe à l'école, qu'il se sent beaucoup harcelé. (...) Souvent ils se mettent à 5 ou 6 contre lui pour se moquer de lui, pour le rabaisser, pour l'écoeurer, pour lui dire qu'il n'est pas bon, qu'il n'est pas correct, qu'il n'est pas habillé de la bonne façon, qu'il n'est pas assez grand. Peu importe la raison, lui se sent vraiment attaqué par les propos des autres», mentionne la femme, dont nous devons taire l'identité en vertu de la Loi sur la protection de la jeunesse.

La femme estime toutefois que cet enfant placé en famille d'accueil chez elle n'a pas cherché à attirer l'attention par son geste. «Je crois qu'il a voulu se sauver de la situation qu'il vit depuis quelques semaines. Moi je crois que tout ce qu'il a voulu faire, c'est aller se cacher. Il n'a pas voulu attirer l'attention comme c'est arrivé hier. Ce qu'il a voulu c'est aller se protéger», a-t-elle confié à CKOI.



Selon elle, l'enfant est suivi par une intervenante à l'école qui a tenté de l'aider et de trouver les moyens pour exprimer ce qu'il ressent. «Il y aurait eu un contrat de signé avec des enfants, soit disant qu'il fallait laisser (l'enfant) tranquille parce que ce n'était pas correct. Mais entre vous et moi, un contrat signé avec un enfant, est-ce que c'est efficace? Pas certaine», mentionne la soeur d'accueil.

Jeudi soir, l'enfant semblait toutefois avoir repris son calme après les événements. «Il semblait calme, détendu et ne comprenait pas bien tout ce qui avait pu arriver. (...) Ce qui est sûr, c'est qu'il est vraiment tanné, il se sent persécuté tout le temps, il ne veut plus aller à l'école, il se sent découragé à tous les jours», souligne la femme.

Des intervenants rencontrent les él&eagraves

Hier matin, dès 7 h, des intervenants étaient en place à l'école que fréquente le jeune garçon, afin de rencontrer les élèves de chacune des classes et revenir sur l'événement. «Ça fait partie de notre plan d'action. Les intervenants ont pu faire un retour sur l'événement et donner la bonne information pour éviter les rumeurs. Évidemment, il y avait des élèves qui ne se sentaient pas bien en lien avec cet événement et nous voulions nous assurer qu'ils puissent bénéficier d'un support», explique la directrice générale de la commission scolaire, Hélène Corneau.



Par ailleurs, chaque élève a quitté l'école hier après-midi avec une lettre en poche pour les parents, revenant sur l'événement et réitérant certaines consignes face à la gestion de conflit, par exemple. «Il se peut qu'à la maison, certains enfants ressentent encore le besoin de parler de ce qui s'est produit», signale Mme Corneau, précisant que des intervenants du CSSS de Trois-Rivières sont disponibles au téléphone pour aider les parents qui auraient besoin d'information, au (819) 379-7131 ou au numéro 8-1-1 après 20 h.

Sensibilisation

Hélène Corneau explique que des mesures de prévention de l'intimidation sont déjà présentes dans toutes les écoles de la commission scolaire, et que tous les professeurs et intervenants en contact avec les élèves sont sensibilisés à la problématique. Deux policiers-éducateurs parcourent par ailleurs les différents établissements scolaires et s'inscrivent dans un plan d'intervention, que ce soit en prévention ou en rétroaction de l'intimidation.

Par contre, Mme Corneau explique que le phénomène, autant présent à l'école que dans la société en général, n'est pas toujours palpable pour les intimidateurs qui, souvent, ne savent pas à quel point ils peuvent blesser la personne. «À cet âge-là, ils ne sont pas toujours conscients de leurs gestes et de leurs paroles. Sans le savoir, ils peuvent faire de l'intimidation. En tant qu'établissement scolaire, nous sommes aussi appelés à développer les aptitudes sociales de l'enfant alors nous mettons des mesures en place pour que les jeunes prennent conscience de la portée de leurs gestes et de leurs paroles», signale la directrice générale.

Par ailleurs, il importe, selon elle, de regarder l'événement dans sa globalité. «Les paroles qui ont été prononcées lors de l'événement pourraient avoir été anodines une autre journée. Il se peut qu'une série d'événements ou d'incidents ait causé un trop plein pour le jeune et a fait exploser la situation», mentionne-t-elle.

Dès lundi, l'élève en question devrait réintégrer son école et sa classe et il aura tout l'appui nécessaire pour que cela se passe dans un contexte optimal, souligne Mme Corneau. «À cette école, il y a aussi des personnes très significatives pour lui, tant chez les adultes que les élèves, qui vont continuer de l'aider», conclut-elle.