Au Japon, rappelle le maire, les réacteurs en trouble ne sont pas des Candu. De plus «ici, on n'est pas dans une zone à secousses sismiques», ajoute-t-il.
Professeur honoraire à l'UQAM, docteur et ingénieur en géologie appliquée, Marc Durand explique qu'«un tremblement de terre de magnitude 9, comme celui de l'île Honshu, «c'est absolument inimaginable d'avoir ça ici», dit-il.
«Sur la côte ouest de l'île de Vancouver, c'est possible parce qu'on a des évidences géologiques comme quoi la côte ouest du Canada a un contexte géologique d'une zone de subduction assez semblable à ce qui se passe au Japon», précise-t-il.
Au Québec, ajoute le géologue, les tremblements de terre que l'on connaît «sont des réajustements dans la croûte terrestre des forces depuis 12 000 ans, depuis que le poids des glaciers est disparu. Il y a encore des effets de craquement. Mais dans l'est de l'Amérique, il n'y a pas de zone active au point de vue tectonique comparable à ce qui se passe», au Japon, dit-il.
«Le sol ici est unique», ajoute le maire de Bécancour en parlant de l'emplacement de Gentilly-2. «Il n'y a pas de sol plus solide. Le roc est à un mètre du sol. C'est pourquoi il y a un parc industriel et portuaire à côté de la centrale», dit-il.
«Il faut se rappeler l'histoire», ajoute le maire Richard. «Quand Jean Lesage a cherché un endroit pour établir la Sidbec, dans les années 1964-65, ils ont fait des sondages des deux côtés du fleuve entre Montréal et Québec et les sondeurs ont découvert que c'était ici (à Bécancour) la meilleure qualité de sol pour établir ce qu'ils appelaient, dans le temps, de l'industrie lourde.»
Maurice Richard rappelle qu'à cette période, le gouvernement du Québec voulait construire cinq centrales. Signe des temps, peut-être, «ils appelaient ça un chapelet de centrales nucléaires.»
Le maire Richard explique que la conception de la centrale Gentilly-2 fait en sorte qu'en cas de tremblement de terre majeur, la centrale bougerait, mais le réacteur ne bougerait pas, comme si ce dernier était sur des amortisseurs.
Hydro-Québec explique que selon la norme, la centrale doit résister à un séisme qui se produirait tous les 10 000 ans.
Toutefois, la magnitude sur l'échelle de Richter n'est pas précisée. On sait que la centrale n'avait presque pas ressenti les effets du fameux tremblement de terre de 6,5 à l'échelle de Richter qui avait eu lieu en 1988, encore moins celui de 5,5 du 20 avril 2002.
«Les secousses liées au dernier séisme étaient si faibles qu'elles n'ont pas déclenché les enregistreurs d'accélération de la centrale», peut-on lire dans un rapport d'étude d'impact sur l'environnement d'Hydro-Québec daté de 2003.
Malgré cela, l'événement du Japon «fait définitivement réfléchir», a commenté hier le député péquiste de Nicolet-Yamaska, Jean-Martin Aussant. Ce dernier persiste à dire que «chaque emploi à Gentilly coûte des millions $. On pourrait tellement faire mieux avec cet argent-là. Créer beaucoup plus d'emplois dans le domaine des énergies alternative plutôt que le nucléaire dont on n'a pas besoin», dit-il.
Porte-parole du mouvement «Sortons le Québec du nucléaire», Philippe Giroul, espère que l'événement du Japon sera un «signal qui sera compris par la Commission canadienne de sûreté nucléaire, par le gouvernement et par tout le monde.»
M. Giroul et son équipe ont l'intention d'être présents lors des audiences publiques de la CNSN sur le renouvellement du permis d'exploitation de la centrale, les 13 et 14 avril, à Bécancour.