Le Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens du CHRTR doit toutefois autoriser, auparavant, une ordonnance collective qui permettra aux infirmières de ce service de faire elles mêmes les tests PAP, de les interpréter et de référer les femmes à des médecins spécialistes, au besoin.
Ce projet sera l'aboutissement logique d'un projet pilote unique au Québec amorcé en juin 2009 en collaboration avec l'Université du Québec à Trois-Rivières au Centre de santé et de services sociaux de l'Énergie sur le dépistage du cancer du col de l'utérus.
À Shawinigan, les femmes peuvent aller subir le test PAP soit à la Clinique de prévention en sexualité ou à la Clinique de gynécologie externe du CSSS de l'Énergie.
Ce projet avait été initié à la lumière de données publiées en 2005 selon lesquelles le taux de dépistage du cancer du col de l'utérus en Mauricie et au Centre-du-Québec n'était que de 58,5 % comparativement à 70,1 % pour le Québec et 76,3 % au Canada.
Afin de voir comment il serait possible de joindre un plus grand nombre de femmes, le CSSS de l'Énergie et l'Agence avaient eu recours à la professeure Lyne Cloutier du département des Sciences infirmières de l'UQTR.
Cette dernière avait en effet déjà travaillé à l'implantation de nouvelles lignes directrices en matière de tension artérielle au Québec. La méthodologie qu'elle avait développée a donc été employée pour concevoir et déployer le service de dépistage du cancer du col de l'utérus.
Des questions ont toutefois été soulevées à ce moment-là. Pourquoi le taux de dépistage était si faible au Centre-de-la-Mauricie? De quels secteurs de la région provenaient celles qui subissent le test de dépistage? Quel âge avaient ces femmes? Combien de fois dans leur vie avaient-elle subi ce test? Quels sont les facteurs qui facilitent l'accès au dépistage et quelles sont les entraves?
Pour y voir plus clair, les autorités en matière de santé ont eu recours à Denis Leroux, professeur de géomatique au département de Géographie de l'UQTR.
Ses recherches ont donné lieu à des découvertes surprenantes.
Il a d'abord constaté que les femmes qui avaient le plus recours au dépistage étaient celles qui étaient dans la vingtaine et celles qui arrivaient à la ménopause.
Or, comme l'explique la professeure Cloutier, cette information a grandement intéressé les médecins puisque c'est plutôt entre ces deux groupes d'âges que l'incidence du cancer du col de l'utérus est la plus forte.
Le professeur Leroux a aussi découvert que le taux de dépistage était encore plus faible que ne le laissaient croire les statistiques. Qui plus est, les taux de dépistage les plus élevés se concentraient dans la partie la plus urbaine de la région. «Ça prenait un géographe pour nous le dire», constate la professeure Cloutier.
Fait pour le moins intéressant, grâce à la géographie, le professeur Leroux a pu démontrer que la campagne de publicité pour annoncer la création du service n'est pas allée chercher les femmes en dehors du périmètre le plus urbain, comme on le souhaitait.
«Il faut aller chercher les femmes. Il faut aller dans la communauté et ne pas juste s'annoncer», constate la professeure Cloutier. Les intervenants de la santé ont donc fait part du service aux femmes en profitant d'occasions, comme les campagnes de vaccination, pour le faire connaître. «C'est une stratégie qui fonctionne bien», résume la chercheure.
Un projet d'étude sera bientôt entreprise, d'ailleurs, par une étudiante de maîtrise au sujet des éléments qui facilitent ou entravent l'utilisation de ce service.