Mgr Veillette préoccupé par l'avenir

Mgr Martin Veillette

L'évêque de Trois-Rivières, Martin Veillette, estime qu'il ne s'est rien produit d'irréparable dans son diocèse en matière de protection du patrimoine religieux mais il demeure soucieux pour l'avenir.


Celui qui est aussi le président de l'Assemblée des évêques catholiques du Québec réagissait au dépôt, cette semaine, du mémoire du Comité sur le patrimoine religieux, un organisme mandaté par l'AECQ pour réagir au projet de loi 82.

Mgr Veillette a été témoin lui-même dans son propre diocèse de situations dramatiques lorsqu'est venu le moment de disposer de trois églises non classées. Le cas de l'église Saint-Philippe, particulièrement, restera dans les annales.



S'il reconnaît que Québec a fait un effort avec la création de la Fondation du patrimoine religieux, il doute que ce soit suffisant. L'évêque s'inquiète particulièrement des immeubles anciens mais non classés et des plus récents.

«Le fonctionnement régulier coûte une fortune et le principal poste du budget des fabriques, c'est le chauffage. C'est ce qui conditionne l'état d'un bâtiment et qui fait qu'on peut conserver en bon état les orgues et les tableaux. «

La disparition des tarifs préférentiels d'Hydro-Québec il y a quelques années a marqué le début des difficultés financières des fabriques qui, depuis, doivent assumer les factures astronomiques du chauffage des églises.

L'argent - qui se fait de plus en plus rare- consacré à ce poste budgétaire ne peut être investi dans l'entretien courant. Le retour de ces tarifs serait le début d'une solution, croit-on.



«Et on ne parle pas seulement des diocèses mais aussi des immeubles appartenant aux communautés religieuses, note l'évêque, qui a en tête le monastère des Ursulines. Heureusement, de ce côté, on a pu faire des réparations grâce à la Fondation du patrimoine religieux. Mais jusqu'à quand les religieuses qui sont vieillissantes qui n'ont plus les ressources suffisantes pourront-elles tenir à bout de bras des biens patrimoniaux à la valeur reconnue?» s'interroge Mgr Veillette.

On sait que depuis quelques années, des monastères, désertés par les religieuses ont dû être vendus. C'est le cas de celui des soeurs du Précieux-Sang, acheté par Olymbec qui le transforme en logements.

Bien qu'il soit âgé de plus de 100 ans et malgré la renommée de la communauté qui fut très proche de la population trifluvienne, il n'a pas été classé bien patrimonial.

«C'est sûr que ce bâtiment avait acquis une certaine valeur mais au plan architectural, strictement artistique, les experts nous ont dit qu'il n'avait pas de valeur exceptionnelle, raconte Mgr Veillette. Mais nous, on pense que la valeur patrimoniale était là quand même, étant donné son histoire.»

L'évêque de Trois-Rivières s'est dit heureux que les architectes d'Olymbec aient fait des efforts pour préserver l'ensemble architectural dans son intégrité, du moins de l'extérieur, clochers compris. Le «témoignage» restera ainsi présent.