Le président de la Régie menacé de poursuites

Le président de la Régie de gestion des matières résiduelles de la Mauricie, Pierre Bouchard.

Le président de la Régie de gestion des matières résiduelles de la Mauricie, Pierre Bouchard, est menacé de poursuites pour plusieurs centaines de milliers de dollars par la présidente des Serres du Saint-Laurent (Savoura), Marie Gosselin.


Cette dernière a fait parvenir une mise en demeure par huissier à M. Bouchard, hier, l'intimant de retirer l'ensemble des propos tenus à l'occasion de l'entrevue qu'il a accordée au Nouvelliste et qui fut publié le 8 février dernier au sujet des relations difficiles entre la Régie et Savoura.

Marie Gosselin estime que les propos tenus par M. Bouchard au cours de cette entrevue sont «faux, calomnieux, diffamatoires et portent atteinte à la réputation commerciale» de Savoura.



Le procureur de SSL, Me Marc Paradis, a fait parvenir une copie de la mise en demeure au Nouvelliste, hier après-midi. Le Nouvelliste a alors contacté M. Bouchard, mais ce dernier n'avait toutefois pas encore reçu le document par huissier.

Loin de se montrer préoccupé par cette affaire, le président de la Régie a déclaré qu'il «fallait s'attendre à ça d'eux autres.»

Ce n'est pas la première fois que Savoura réagit de cette manière, dit-il. Une autre mise en demeure avait été envoyée par Savoura à la suite d'une conférence de presse tenue à Shawinigan par la Régie, en septembre dernier, au cours de laquelle les maires avaient déploré le fait qu'il était impossible d'en arriver à une entente hors cour avec Savoura.

«Ils savent très bien qu'ils n'iront pas loin avec ça», a fait savoir M. Bouchard à propos de la nouvelle mise en demeure qui vient de lui être acheminée.



Le maire Bouchard persiste et signe: «Ils ne géreront pas mes pensées», dit-il.

«C'est de bonne guerre, tout ça», ajoute-t-il. «Ils diront ce qu'ils voudront, mais je peux dire que j'ai l'appui de mon monde. Les gens étaient bien tannés de voir qu'il pouvait se passer des choses comme ça sans qu'on le dise», explique M. Bouchard en faisant référence aux révélations qu'il a faites au Nouvelliste au sujet des négociations pénibles avec Savoura.

«On était là pour collaborer et ils n'ont pas payé une cent de biogaz et ça fait deux ans (que le projet est démarré)», dit-il. «Ils n'ont même pas payé leur connexion à notre réseau d'urgence», ajoute-t-il. Ceci est la vérité, maintient-il et Savoura «ne peut tout de même pas revenir sur moi pour ça.»

Selon la mise en demeure, le président de la Régie n'aurait pas dû faire de commentaires publiquement avant que le jugement soit rendu par l'honorable Édouard Martin qui a présidé le procès de neuf semaines.

«Votre sortie médiatique constitue une violation à la règle de droit connue comme étant la règle du sub judice, laquelle interdit à toute partie de commenter les procédures judiciaires en cour et ce, tant et aussi longtemps que le jugement n'est pas rendu», peut-on lire dans la mise en demeure.

«Je ne connais pas ça, ces bébelles-là», réplique M. Bouchard. «Ce que je sais, c'est que le procès était fini» au moment de l'entrevue. Les procureurs de la Régie, ajoute-t-il, ne lui avaient pas recommandé de se taire non plus.



De toute manière, réitère-t-il, Mme Gosselin a dévoilé à la cour, donc publiquement, plusieurs éléments de négociation qui auraient dû rester entre les parties, selon lui.

«Mais ils ne veulent pas que ça se sache, eux autres, qu'ils n'ont jamais été là pour négocier et qu'ils ont toujours ri de nous autres, dans le fond», fait valoir Pierre Bouchard.