C'est du moins ce que prétendent la Fédération des policiers municipaux du Québec (FPMQ) et la Fraternité des policiers de Montréal (FPM), qui dénoncent cette iniquité et qui réclament de Québec la création d'un fonds pour les services de police municipaux.
Les deux corps policiers affirment que présentement, les municipalités qui ont recours aux services de la Sûreté du Québec pour les services policiers de niveau 1 reçoivent du gouvernement du Québec une subvention équivalant à 47 % du coût total.
Les citoyens de ces municipalités n'auraient donc, selon la FPMQ, qu'à défrayer 53 % du coût réel de la desserte policière.
Pour ainsi subventionner ces municipalités, le gouvernement a injecté, en 2010, 235 millions $. Le hic, estime la FPMQ, c'est que ces 235 millions $ subventionnent des corps policiers qui ne desservent que 30 pour cent de la population totale du Québec.
Au total, ce sont 103 municipalités, dont Trois-Rivières, qui ne bénéficient d'aucune aide financière pour leurs services policiers. Ces municipalités représentent toutefois la majorité de la population du Québec, soit près de 5,5 millions de citoyens.
Selon le président de la FPMQ, Denis Côté, la solution passe par la création d'un fonds élargi pour les services policiers, dans lequel pourraient être puisées les subventions accordées à l'ensemble des municipalités pour la desserte policière, y compris celles ayant leur propre corps policier.
«Je m'explique mal comment Shawinigan peut recevoir une subvention pour les services de la SQ alors que pas très loin de là, le citoyen de Trois-Rivières doit payer pour 100 % de la facture des services policiers», remarque M. Côté.
À Trois-Rivières, le budget d'opérations de la police, pour 2011, grimpe à 25,5 millions $, ce qui équivaut à 11,7 % des dépenses totales de la Ville. Sur le compte de taxes, cela représente environ 0,16 $ par tranche de 100 $ d'évaluation.
Le porte-parole de la Ville, Yvan Toutant, précise que ce montant comprend les dépenses de fonctionnement de la police, mais exclut celles du service des incendies ou celles reliées à la sécurité civile.
Il inclut les salaires et avantages sociaux mais ne comprend pas certains emprunts spécifiques reliés aux services policiers, comme ceux pour des véhicules, des équipements ou des travaux au quartier général de la sécurité publique.
Le président de la FPMQ rappelle qu'il existe aussi une autre forme d'iniquité et elle se trouve sur le plan de la fiscalité.
«Un contribuable de Trois-Rivières, à travers ses taxes municipales, se retrouve à payer pour 100 % des services de niveau 1 et pour 100 % des services de niveau 2. Mais il paye aussi, via ses impôts provinciaux, pour les services nationaux de la Sûreté du Québec, de même que pour la subvention qui est versée aux villes desservies par ce corps policier-là», déplore-t-il.
M. Côté croit que la création du Fonds des services de police municipaux nécessiterait l'injection d'un montant annuel additionnel évalué à 300 millions $, dont 200 millions $ seulement pour Montréal.
Et si on respecte la proportion de 47 %, Trois-Rivières pourrait donc prétendre avoir droit à une aide annuelle de près de 12 millions $ pour ses services policiers.
La proposition de la FPMQ risque-t-elle de trouver une oreille attentive à Québec? «Je n'ai pas d'idée où ils iraient chercher l'argent, mais comme on croit que la sécurité publique est une priorité, on doit la financer. Et à partir du moment où on corrigerait une iniquité, je pense que ça ne peut pas être impopulaire», plaide Denis Côté.
Celui-ci se dit à l'aise avec l'idée de laisser les municipalités faire un choix entre la SQ et un corps policier autonome, «à condition qu'ils soient à financement égal», insiste-t-il.
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