Les étudiants de son cours ont d'abord été rencontrés par le doyen de la gestion académique des affaires professionnelles de l'UQTR, Daniel Boisvert, qui leur a exposé la situation. M. Bellemare a lui aussi brièvement pris la parole, avant de commencer son enseignement.
À l'entrée du cours, un certain malaise était palpable, alors que des étudiants se demandaient si le cours aurait lieu, ou encore si un remplaçant prendrait le relais.
Daniel Boisvert a fait savoir aux étudiants qu'ils avaient le choix de rester dans ce cours ou, s'ils étaient mal à l'aise, d'être transféré dans le cours qui enseigne la même matière le vendredi matin, mais avec un autre professeur.
«Les étudiants auront jusqu'à demain midi (aujourd'hui) pour nous transmettre leur réponse. Je m'attendais à de vives réactions, mais ça a plutôt bien été», a expliqué Daniel Boisvert au Nouvelliste.
M. Boisvert mentionne que la position de l'UQTR s'explique du fait que «l'Université se doit, comme administrateur, d'user de prudence par rapport aux droits de chacun, mais aussi de respect par rapport à sa clientèle. C'est pour ça qu'on veut donner le choix aux étudiants», dit-il.
L'Université a appris la situation de son chargé de cours dimanche, lorsque Le Nouvelliste a contacté l'UQTR à la suite de la publication de l'avis de radiation dans nos pages de samedi. «Il n'y a jamais d'information semblable qui a circulé, ni auprès du corps professoral, ni auprès des étudiants», assure M. Boisvert.
«L'Ordre des psychologues n'a pas droit de regard sur le fait que quelqu'un enseigne», explique de son côté Rose-Marie Charest, présidente de l'Ordre.
«Il y a plusieurs professeurs qui ne sont pas psychologues. C'est malheureux, nous le déplorons», dit-elle, même si elle reconnaît que quelques exceptions peuvent s'appliquer.
Du côté du Syndicat des chargés de cours, la présidente, Carole Neill, explique que le syndicat analysera la position de l'Université face à l'employé avant de réagir. Du côté de l'Association générale des étudiants, le directeur général, François Landry, explique qu'on ne réagira que si des étudiants éprouvent des problématiques quelconques avec cette situation et en font part à l'AGÉ.
Paul Bellemare est chargé de cours depuis plusieurs années à l'UQTR. Cette année, il donne un cour sur la psychologie du vieillissement, les lundis soirs, sur le campus trifluvien. L'automne dernier, il donnait ses cours dans les campus extérieurs de l'UQTR, à Drummondville et Tracy
M. Boisvert explique que Paul Bellemare ne pourra plus superviser d'étudiants comme psychologue. Il y a des cours, en effet, où s'exerce une supervision qui ne peut se faire sans être membre de l'Ordre des psychologues du Québec, précise-t-il.
«Les cours qu'il enseigne, Psychologie du développement de l'adulte et Psychologie du développement sont des cours théoriques. Il n'y a pas de laboratoires ni de travaux pratiques sur le terrain qui demanderaient une supervision», dit-il.
«Pour l'emploi, l'Université ne peut pas faire autrement que de respecter ses droits pour l'instant. Son rôle d'enseignant à l'Université n'est pas mis en cause. Les événements se sont produits à son bureau ou dans la vie privée», dit-il.
Une des victimes du psychologue était étudiante à l'UQTR
Une des deux victimes du psychologue Paul Bellemare de Louiseville était étudiante au département de Psychologie à l'Université du Québec à Trois-Rivières alors qu'il était chargé de cours au même département.
En 1997, aux prises avec des idées suicidaires, un burn-out, de l'anxiété, du stress post-séparation d'avec un conjoint violent, des difficultés avec les hommes ainsi que le deuil de son père, la victime a voulu consulter Paul Bellemare, mais elle était réticente à l'idée de consulter son professeur.
«Il lui a quand même répondu qu'il n'y voyait pas de problème», peut-on lire dans la décision sur culpabilité rendue par le Conseil de discipline de l'Ordre des psychologues du Québec, le 29 juin dernier.
«Le premier contact avec l'intimé (Bellemare) a d'abord eu lieu au téléphone; elle lui demande de la référer parce qu'il avait été son professeur; il lui répond que ce serait préférable que ce soit un homme et pourquoi pas lui. Elle a accepté», peut-on lire dans le document.
Au cours de la thérapie, Paul Bellemare lui fait des massages au cours desquels elle devait détacher son soutien-gorge. «À une autre reprise, il lui masse le ventre et à cette occasion, il lui parle de ses problèmes à lui. Mine de rien, il pose sa main sur son pubis. Elle raconte qu'elle était très mal à l'aise et qu'elle trouvait ça long», rapporte l'enquête.
Quelques mois après la thérapie, Paul Bellemare, qui est chargé de cours à l'UQTR, rappelons-le, offre à cette étudiante un poste de recherchiste pour un cours qu'il donnait à ce moment-là.
L'étudiante en question finit par consulter au CLSC. La psychologue qu'elle rencontre lui recommande de dénoncer Bellemare. Au cours d'une thérapie de groupe, l'étudiante «apprend d'une autre dame qu'elle n'est pas la seule à avoir eu ce genre de relations avec l'intimé (Bellemare).»
Un avortement pour la deuxième victime
Le cas de la deuxième victime du psychologue Paul Bellemare, de Louiseville, remonte à 1987.
Cette fois-ci, la cliente consulte Bellemare pour une tentative de suicide, de la dépression, de la violence conjugale, de l'anxiété et des abus sexuels infligés par son père.
Au cours de la thérapie, il lui a offert à elle aussi des massages. La cliente se sent mal à l'aise «parce qu'il y avait de la sensualité. Le haut de son corps était dénudé et il y avait de la musique.»
La table de massage était dans le bureau de consultation, à l'arrière d'un paravent. Dans ce cas aussi, Bellemare parlait de ses problèmes personnels. Il vivait alors une séparation.
En novembre 1992, elle devient enceinte de Bellemare, «mais ce dernier refuse toute paternité, prétendant ne pas vouloir d'autres enfants. Il lui demande donc de se faire avorter», peut-on lire dans la décision du Conseil de discipline de l'Ordre.
Malgré l'avortement, ils feront vie commune pendant quelques mois. «À ce moment-là, elle avait de l'attachement pour les enfants de l'intimé (Bellemare). Elle dit qu'elle a compris plus tard qu'il se serait servi d'elle pour obtenir la garde légale de ses enfants.»
Avec la collaboration de Paule Vermot-Desroches