Des citoyens méfiants et des élus enthousiasmés

Les réactions ont été vraiment partagées hier dans la région, à l'annonce de la nomination de Lucien Bouchard à la tête de l'Association pétrolière et gazière du Québec (APGQ), succédant ainsi à André Caillé dont le mandat se termine bientôt. Pendant que les comités de citoyens se méfient davantage, les élus se sont pour leur part montrés enthousiasmés de cette annonce.


«C'est une grosse pointure, mais il ne connaît rien là-dedans. Il n'a pas plus d'expérience dans les gaz de schiste que pouvait en avoir André Caillé. Ça me dit donc que nous n'aurons pas plus de réponses qu'à l'heure actuelle, tant sur le plan de la santé que de l'environnement», croit Serge Fortier, porte-parole du Comité vigilance gaz de schiste Lotbinière/Bécancour.

Selon lui, cette nomination démontre la nécessité pour la population d'être d'autant plus vigilante puisqu'il s'agirait d'une démonstration que les industries gazières veulent à tout pris rentrer sur le territoire québécois.



«Ça nous montre qu'ils vont continuer la lutte, qu'ils n'ont rien compris car ils ont la tête dure. Lors des rencontres d'information avec André Caillé, ils ont perdu énormément de crédibilité, alors ils cherchent maintenant à redorer leur image. Ça montre encore une fois à quel point le profit prime même sur la santé des citoyens. Ça fait dur», ajoute M. Fortier, qui continue de marteler qu'il faut absolument un moratoire pour se donner le temps de bien encadrer l'industrie.

De son côté, le maire de Bécancour et préfet de la MRC Maurice Richard estime que Lucien Bouchard est un négociateur chevronné et un vulgarisateur dont l'efficacité a déjà fait ses preuves.

«C'est un choix qui ne me déplaît pas. M. Bouchard a prouvé par le passé qu'il était capable de bien vulgariser et de simplifier les choses pour être clair et précis. C'est une qualité essentielle dans ce dossier, étant donné sa complexité», constate M. Richard.

Son homologue de Nicolet Alain Drouin n'a pas détesté les propos tenus hier par M. Bouchard, disant dans un communiqué que «le développement de cette industrie doit se faire dans le respect de l'environnement, de la sécurité publique de la transparence et de l'acceptabilité sociale».

«C'est rafraîchissant d'entendre de tels propos. Ça nous laisse entendre que l'industrie doit se développer, mais sous des conditions strictes. Il est clair que ce qu'on entend depuis quelques jours, c'est un changement de cap à 180 degrés. Il ne faut donc pas baisser les gardes et c'est correct que la pression populaire soit maintenue», signale M. Drouin.