Rattrapage salarial: Un débat à émotivité variable

Alain Rayes a pris une grande respiration, au printemps, avant de présenter son nouveau règlement sur le traitement des élus à Victoriaville.


On peut le comprendre, puisque son salaire de base bondissait de 32 % en un an. Il ne s'agissait même que d'une entrée en matière, puisque l'augmentation globale atteint 50 % sur son mandat de quatre ans.

Ainsi donc, le salaire du maire de Victoriaville passera de 56 226 $ en 2009 à 84 600 $ en 2013. En 2010, pour monter la première marche de cette politique de rattrapage, sa rémunération de base s'établit à 74 300 $. Il faut évidemment ajouter son allocation de 14 759 $ pour compléter son traitement.



À Shawinigan, au début de l'année, le conseil municipal a reculé sur le même enjeu, devant le tollé. La hausse proposée pour le maire atteignait alors 20 % en 2010, puisque son salaire de base serait passé de 64 718 $ à 77 641 $.

Du côté de Victoriaville, cette orientation a suscité bien peu de controverse. Il faut dire que contrairement à Shawinigan, la question du salaire du maire avait été soulevée en campagne électorale. Le débat avait permis aux électeurs de faire leur nid sur cette question.

«J'ai dit ouvertement que la décision n'était pas facile à prendre, parce que ça nous touche personnellement», convient M. Rayes.

«Mais nous voulions envoyer un message clair, comme quoi être maire à Victoriaville, c'est un travail à temps plein. Le salaire précédent ne considérait pas cet élément.»



Le conseil municipal de Victoriaville a pris les moyens pour que ce débat délicat ne le hante plus de sitôt. Ainsi, après le rattrapage, le maire de Victoriaville touchera toujours 90 % du maximum prévu pour des villes de taille comparable, selon l'article 21.1 de la Loi sur le traitement des élus municipaux.

Par exemple, en 2010, la rémunération de base maximale a été établie à 94 027 $ par le législateur, pour une ville de moins de 50 000 habitants. Pour Shawinigan, qui entre dans la catégorie des villes de 50 000 à 99 999 personnes, le salaire de base maximal avait été fixé à 106 567 $ cette année.

À chaque fois que ces barèmes seront révisés, le salaire du maire de Victoriaville évoluera dans la même proportion, puisqu'il est assuré de toujours obtenir 90 % du montant maximal. Pour M. Rayes, l'affaire est maintenant classée.

«On ne voulait plus que personne n'ait à se poser cette question dans le futur», témoigne-t-il.

Même si ce dossier a passé le test de l'opinion publique, M. Rayes demeure soulagé que ce débat soit derrière lui.

«Maintenant, la personne qui a le goût de faire une différence dans le développement de sa municipalité n'aura pas à faire un sacrifice financier pour se lancer en politique», se réjouit-il. «Nous avons lancé un message clair. Auparavant, les seules personnes tentées étaient les retraités ou les indépendants de fortune. Nous avons démocratisé ce rôle.»