Dernier hommage à Claude Savary

Claude Savary

De nombreux amis, collègues et membres de la famille ont rendu un dernier hommage, hier, au journaliste Claude Savary, décédé subitement samedi dernier. Les funérailles ont été célébrées par l'abbé François Doucet, à l'église Notre-Dame-de-la-Visitation du secteur Pointe-du-Lac.


Au cours de la cérémonie, des hommages émouvants ont été rendus, notamment par les fils de M. Savary, Maxime et Mathieu, et par Royal St-Arnaud, un collègue retraité du Nouvelliste qui est également diacre permanent et qui a coprésidé la cérémonie.

M. St-Arnaud a lu un texte rédigé par l'éditorialiste Ginette Gagnon au nom des confrères de travail de la salle de rédaction.



Les hommages ont permis de souligner la générosité, la rigueur, la discrétion et le profond respect qui ont toujours caractérisé notre confrère. Son amour pour ses proches et sa complicité avec ses fils ont aussi été évoqués.

Outre les membres de la famille, de nombreux collègues du Nouvelliste et des autres médias de la région assistaient à la cérémonie.

Les journalistes Pierre De LaVoye (Radio-Canada) et François Morin (Astral) ont participé à la cérémonie en tant que lecteurs des textes liturgiques.

Des avocats, juges, membres du personnel du palais de justice et représentants des corps policiers ont aussi tenu à rendre un dernier hommage à celui qui assurait, depuis une vingtaine d'années, la couverture du secteur judiciaire.



Claude Savary est décédé samedi à l'âge de 62 ans. Il était à l'emploi du Nouvelliste depuis le 31 mai 1971.

Voici l'hommage rendu à Claude Savary par ses collègues du Nouvelliste:

Choc et tristesse. C'est ce que ses amis et collègues du Nouvelliste ont éprouvé, samedi soir, en apprenant la nouvelle de la mort de Claude. La veille encore, plusieurs l'avaient croisé, salué, avaient discuté ou blagué avec lui comme d'habitude.

Rien ne laissait présager qu'il vivait ses dernières heures. Rien qui pouvait laisser croire, à lui comme à nous, qu'il quittait le bureau, son bureau, pour ne plus y revenir. Rien qui laissait deviner qu'il ne retournerait plus jamais au palais de justice où il était si à l'aise et où il avait trouvé son accomplissement professionnel.

Au cours des derniers jours, tous les journalistes et collègues de Claude ont ressenti un immense vide et travaillé avec peine et émotion. Tous vivent un deuil. Le deuil d'un vieux complice parmi les journalistes de sa génération. Le deuil d'un mentor très apprécié chez les plus jeunes de la relève auprès de qui Claude ne ménageait pas sa disponibilité, ses conseils et ses encouragements.

Au cours des derniers jours, plusieurs journalistes du Nouvelliste ont même reçu des témoignages de gens du public ou d'anciens collègues partis à l'extérieur qui ont connu Claude ou eu affaire à lui, à un moment ou un autre de sa carrière, dans les différents dossiers où il a oeuvré. On se rappelle de Claude Savary pour son intégrité, pour sa rigueur, pour son professionnalisme. C'était effectivement sa signature.



Claude est entré au Nouvelliste le 31 mai 1971 pour entreprendre une carrière de presque 40 ans qui s'est arrêtée samedi après-midi trop brusquement. Comme tous les débutants, jeune journaliste, Claude a tâté un peu de tout dans nombre de domaines sociaux, politiques et économiques.

Il répondait aux assignations en fidèle soldat, apprenant le métier, gagnant petit à petit cette assurance et cette expérience qui allaient le mener à une belle carrière de 20 ans comme chroniqueur judiciaire, l'un des mandats les plus exigeants et les plus délicats qui soit dans la profession.

Son premier article dans le journal, le 1er juin 1971, dès le lendemain de son embauche, n'annonçait cependant en rien le chroniqueur judiciaire compétent et respecté qu'il allait devenir plus tard. Ce premier article annonçait fièrement en page trois du Nouvelliste que la messe du dimanche à la télévision de Radio-Canada allait provenir bientôt du Sanctuaire du Cap.

Nul doute, comme tous les jeunes débutants, a-t-il été bien fier de voir cette première signature dans le journal. Sans doute a-t-il découpé et gardé en souvenir ce premier article qui allait être suivi par des milliers d'autres au cours des décennies suivantes.

Comme journaliste, Claude a été assigné de nombreuses années à la couverture du monde de l'éducation. Un domaine qui n'a pas cessé tout au long de sa vie de l'intéresser comme lecteur, comme citoyen. Il aimait en discuter avec ses collègues affectés à la couverture scolaire. Il n'était d'ailleurs pas peu fier de voir que ses deux fils, Maxime et Mathieu, font aujourd'hui carrière dans l'enseignement.

Et petit à petit, Claude a développé un grand intérêt pour le domaine judiciaire.

Quand le poste de chroniqueur à la cour est devenu disponible, en 1991, personne n'a été surpris de voir que Claude était le candidat désigné. Il avait auparavant effectué quelques remplacements, à l'occasion, et il était vite apparu qu'il était l'homme de la situation. On peut dire aujourd'hui mission accomplie. Même les intervenants du système judiciaire reconnaissent la compétence avec laquelle il s'acquittait de son mandat.

Être chroniqueur judiciaire, c'est être témoin, chaque jour, des misères et des côtés sombres de la société. L'administration de la justice étant du domaine public, les médias sont présents au palais de justice et témoignent des infractions et crimes qui y sont traités.



Le rôle du chroniqueur judiciaire c'est de rapporter les faits avec rigueur bien sûr, mais aussi avec doigté et délicatesse. Il faut savoir raconter et expliquer ce qui s'y passe en utilisant un vocabulaire à la portée de tous et en dosant les compte-rendus avec jugement.

Il y a des informations qui sont d'intérêt public alors que des détails plus personnels ou scabreux ne le sont pas. Les reportages de Claude ne tombaient jamais dans le sensationnalisme. Ils étaient sérieux, et surtout bien documentés. Une erreur peut signifier une poursuite en diffamation. Personne ne se souvient que Claude ait failli à cet égard.

Son expérience et sa grande connaissance des subtilités du monde judiciaire savaient lui éviter les pièges et lui mériter le respect dans la profession journalistique et chez les avocats, juges et policiers qu'il côtoyait chaque jour.

Certains, d'ailleurs, aimaient à le taquiner en l'appelant Maître Claude. Et peut-être en savait-il souvent autant sinon plus que les avocats eux-mêmes! En tous cas, au palais de justice, on n'hésitait pas à le consulter pour avoir son impression, pour faire appel à son expérience. Une belle marque d'appréciation qui ne lui a certainement pas échappé, même si Claude n'était pas du genre à se vanter.

En somme, une belle carrière qu'il aura aimé jusqu'au bout, même s'il commençait à penser à la retraite.

Claude, l'homme, aura été un collègue qui laisse de nombreux souvenirs dans la salle de rédaction. Il était chaleureux, généreux, pince-sans-rire, un homme discret, somme toute réservé.

Un homme qui s'illuminait en parlant de ses fils, du mariage prochain de Mathieu. Un homme qui a eu le bonheur de devenir grand-père, un rôle qui l'a véritablement comblé et qui aura été certainement la dernière grande joie de sa vie.

Maître Claude, cher Claude, nous nous souviendrons de toi. Merci d'avoir fait partie de nous.

Tes collègues de la salle de rédaction du Nouvelliste