Ces femmes ont profité de cette demi-journée d'arrêt de travail pour descendre dans la rue et exprimer bruyamment leur mécontentement devant la lenteur des négociations avec le gouvernement.
Dès 8h30, trois manifestations se sont déroulées simultanément à Trois-Rivières, à Shawinigan ainsi qu'à La Tuque.
À Trois-Rivières, plus d'une soixantaine de personnes ont répondu à l'invitation et jusqu'au milieu de l'avant-midi, des RSG ont continué de se présenter au coin des rues des Forges et Royale pour démontrer leur impatience.
C'est le cas de Françoise Bilodeau, une responsable du secteur Cap-de-la-Madeleine, qui était très fière de faire circuler la lettre qu'une maman avait pris soin, tôt hier matin, de glisser dans sa boîte aux lettres, et ce, même si son enfant ne pouvait pas fréquenter le service de garde en raison de cette journée de grève tournante.
Cette mère a tenu à signifier sa solidarité, insistant sur le fait qu'elle est à même de constater que les RSG ne sont pas rémunérées à leur juste valeur.
«Nous ne sommes pas habituées de nous plaindre», a également cru bon de préciser Mme Bilodeau, appuyée par sa collègue Diane Moreau qui cumule 30 ans de métier auprès des tout-petits, dont dix années à titre de responsable d'un service de garde en milieu familial.
Membre syndiquée de la Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ-CSQ), Mme Moreau se dit à son tour sous-payée.
«On doit tout faire et nos semaines de travail totalisent facilement entre 50 et 60 heures chacune», affirme celle-ci.
De son côté, il y a des jours où Annie Trépanier s'ennuie de ses anciennes conditions de travail à titre d'éducatrice en installation d'un centre de la petite enfance.
Il y a quelques années, la Trifluvienne a fait le choix de devenir RSG afin de mieux concilier son travail et ses responsabilités familiales.
Du coup, elle a dû mettre une croix sur ses cinq semaines de vacances payées, ses congés fériés et de maladie. Sans compter le ménage, la préparation de repas, les jouets à désinfecter, l'administration, les achats, etc.
Il y a trois ans, malgré un diagnostic de cancer du sein et entre deux traitements de chimiothérapie, Ghislaine Forget a décidé de ne pas fermer son service de garde.
«J'ai eu l'aide de ma soeur», tient à préciser Mme Forget qui raconte que des parents essayaient aussi de s'organiser sans elle lorsqu'ils le pouvaient. N'empêche, faute de pouvoir bénéficier de congés de maladie payés, elle a continué d'ouvrir les portes de sa maison aux enfants sous sa responsabilité.
«Après ma deuxième opération par contre, j'ai dû prendre cinq semaines de convalescence. À mes frais», indique Mme Forget qui soutient qu'elle n'est pas la première RSG obligée de concilier la maladie et le travail.
Vice-présidente de l'Alliance des intervenantes en milieu familial de la Mauricie, Nancy Lord était visiblement ravie, hier, de la réponse de ses membres sur les différents lieux de manifestation. Consciente que les parents des enfants ont dû «se virer de bord», pour reprendre ses propos, elle a néanmoins insisté sur l'appui reçu jusqu'à maintenant par ces derniers.
Par ailleurs, la ministre de la Famille, Yolande James, a tenu à contacter Le Nouvelliste afin de rappeler la volonté de son gouvernement d'en arriver rapidement à une entente.
Déplorant le déclenchement de moyens de pression à ce stade-ci des discussions, Mme James a répété sa confiance de régler dans les meilleurs délais.
«Il ne faut pas oublier que nous sommes en train de créer du droit», a-t-elle dit en faisant référence à la préparation de ce premier contrat de travail pour les éducatrices nouvellement syndiquées.
Aujourd'hui, c'est au tour des RSG de Québec, du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine de déclencher des arrêts de travail.
Demain, la grève tournante se poursuit du côté de Montréal et des régions de la Montérégie, du Suroît, et de Laval-Laurentides-Lanaudière.