«Sur le même plancher que tout le monde»

Mgr Martin Veillette

«Le point de départ de la réflexion de l'Assemblée des évêques dans sa participation à ce débat de société (l'euthanasie et le suicide assisté) se situe sur le même plancher que tout le monde, en tant qu'êtres humains, soucieux d'humaniser le plus possible ces réalités que sont la maladie et la mort.»


C'est la précision qu'a faite d'entrée de jeu aux médias, Mgr Martin Veillette, évêque du diocèse de Trois-Rivières, hier, alors que se déroulait à Shawinigan une journée de réflexion sur l'euthanasie et le suicide assisté qu'il a lui même commandée, en janvier dernier, dès qu'il a appris la création de la Commission Mourir dans la dignité.

Cette précision, Mgr Martin Veillette l'avait faite aussi il y a environ 10 jours, lorsque l'Assemblée des évêques a présenté son mémoire à la commission.



Lorsqu'on demande à l'homme d'Église si les dés ne sont pas un peu pipés dans le cadre d'une réflexion sur ces sujets organisée par un diocèse, il répond que la perspective chrétienne ne fait qu'ajouter un élément de plus à ce qu'on peut déjà soutenir en se basant simplement sur l'approche humaniste.

«Nous, notre réflexion, c'est là qu'elle nous conduit. Il faut développer des soins palliatifs qui sont dans la perspective de l'attention à la personne. Mourir dans la dignité, c'est bien, mais qu'est-ce qu'il y a là-dessous? La dignité, l'autonomie, le choix de la décision, la liberté. On part avec ça et on essaie de voir où ça nous mène.»

Mgr Martin soutient que la foi chrétienne ouvre d'autres perspectives, «un autre chapitre».

«Elle ouvre un horizon. On peut vivre en disant qu'avec la mort tout est fini. Mais on peut vivre aussi avec l'idée qu'après la mort, quelque chose continue. Et ça va jusqu'à la résurrection. C'est grandiose quand on veut bien y penser. C'est un supplément qui est offert à ceux qui veulent bien l'accueillir. Librement», conclut-il.



Environ 250 personnes de partout en Mauricie ont répondu hier, à Shawinigan, à l'invitation du diocèse de Trois-Rivières à participer à cette journée de réflexion. La moitié d'entre elles provenait du milieu religieux tandis que les autres représentaient principalement le secteur de la santé.

«Je trouvais important qu'on s'arrête pour y réfléchir. Dans les différents milieux paroissiaux et dans les résidences pour personnes âgées, on s'aperçoit que c'est un sujet préoccupant. On a voulu offrir quelque chose pour aider les gens», note Mgr Veillette.

Parmi les conférenciers inscrits au programme, on notait la participation du docteur Gaëtan Bégin, de l'unité des soins palliatifs au Centre hospitalier régional de la Mauricie et des soins à domicile pour personnes en fin de vie au Centre-Mauricie.

Ce dernier a témoigné de son expérience personnelle auprès des mourants, mais a aussi prévenu les participants que, compte tenu du manque de personnel dans le réseau de la santé et des familles où on ne trouve plus qu'un ou deux enfants, la mort risquait de devenir une affaire de solidarité humaine où amis et même voisins seront mis à contribution.

Mgr Bertrand Blanchet, biologiste et auteur du livre «La bioéthique, repères d'humanité» ainsi que le docteur Patrick Vinay, néphrologue, professeur titulaire à l'Université de Montréal, vice-président du groupe Vivre dans la dignité et président du conseil d'administration de la Maison de soins palliatifs de l'Est-de-Île-de-Montréal, ont également pris la parole.