Gaz de schiste: demande d'un moratoire

Le sujet des gaz de schiste a fait salle comble, hier soir, à la séance régulière du conseil des maires de la MRC de Bécancour qui se déroulait exceptionnellement au Centre Louis-Baribeau de Gentilly.

Contre toute attente et ce, jusqu'à la toute fin de la période de questions d'une durée de deux heures consacrée aux gaz de schiste, les membres du conseil des maires de la MRC de Bécancour ont finalement cédé, hier soir, aux pressantes revendications des citoyens présents au Centre Louis-Baribeau de Gentilly et adopté une résolution en vertu de laquelle ils demandent au gouvernement du Québec de décréter un moratoire immédiat en lien avec cette industrie.


À la suite de cette prise de position inespérée de la part des personnes présentes, celles-ci se sont levées d'un seul bloc et ont applaudi chaleureusement les maires de la douzaine de municipalités faisant partie de cette MRC.

Lors de son assemblée générale annuelle tenue il y a deux semaines, la Fédération québécoise des municipalités (FQM) avait adopté une résolution enjoignant le gouvernement du Québec d'adopter une loi encadrant la filière du gaz de schiste comme préalable au développement de cette industrie.



En outre, la FQM lui demandait aussi d'allonger la durée et d'élargir le mandat du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) afin de s'assurer que les études soient complètes et globales quant aux impacts de l'exploration et de l'exploitation du gaz naturel sur l'environnement.

Après avoir bien écouté les interventions des personnes présentes, allant toutes dans le même sens, le maire de Manseau, Guy Saint-Pierre, s'est fait le proposeur d'une résolution épousant celle de la FQM.

Le maire de Sainte-Sophie-de-Lévrard, Jean-Guy Beaudet, tout en appuyant la proposition de son collègue, a proposé d'y ajouter la mention du moratoire, ce à quoi M. Saint-Pierre ne s'est pas objecté.

Comme aucun élu n'a demandé le vote sur cette proposition amendée, celle-ci a été automatiquement adoptée à l'unanimité.



Réagissant à cette prise de position, l'économiste Pierre-André Julien de Bécancour n'a pas caché sa satisfaction face à la décision prise par la MRC. «On ne s'attendait pas à ça. C'est formidable!», s'est-il réjoui.

En début de soirée, Dominique Champagne de Deschaillons avait fait une longue intervention qui lui avait valu de chaleureux applaudissements et une ovation debout de la salle.

Il avait notamment déclaré que si les élus municipaux n'avaient pas le pouvoir légal d'intervenir, ils avaient l'obligation morale de mettre leur poids politique dans la balance.

«Notre verre d'eau est sacré. Il n'est pas négociable. Il ne faut pas attendre qu'on ait un cas de contamination avant d'agir», avait-il signifié.

Après la prise de position de la MRC, il a commenté en ces termes: «Depuis des semaines, on ne sent pas que le élus nous entendent. Ce soir, on sent qu'ils nous ont entendus. On n'a pas gagné la guerre mais on a gagné une bataille.»

Au total, plus d'une trentaine d'interventions ont été autorisées par le préfet de la MRC, Maurice Richard, qui a toujours gardé le contrôle sur l'allure des débats, obligeant chaque intervenant à s'identifier et à ne parler qu'à son tour.

Il n'avait toutefois pas envisagé l'idée de la demande d'un moratoire avant la décision finale qui a constitué une grosse surprise. Cette demande figurera dans le mémoire qui sera présenté au BAPE par la MRC.