«Ça ne me tente pas d'aller m'asseoir avec ces gens-là. Ils sont passés maîtres dans l'art de parler pour ne rien dire et pour toujours tomber dans le négatif», explique Yves Lévesque en faisant allusion aux conseillers du Groupe des sept.
Le maire dit se préparer comme à l'habitude pour le traditionnel lac-à-l'épaule au cours duquel les élus seront informés des orientations budgétaires.
«Ils vont sûrement être invités mais je vais voir de quelle façon on va faire ça. C'est devenu un parti d'opposition et je veux voir avec des maires d'autres villes comment eux ils dealent avec ça», ajoute-t-il.
Pour que le travail d'analyse du budget et la prise de décisions qui en découle soient efficaces, il est essentiel selon lui que ces travaux, qui se tiennent généralement à l'extérieur de l'hôtel de ville, se déroulent dans une atmosphère cordiale. L'expérience de l'an dernier, toutefois, l'a échaudé.
«L'année passée, tout était beau. On est sorti du lac-à-l'épaule et tout le monde semblait d'accord. On est arrivé au budget et là, ça ne marchait plus», se souvient-il avec amertume.
On se rappellera qu'en décembre dernier, lors de la présentation du budget, huit conseillers avaient voté contre, ce qui avait entraîné la nécessité de refaire l'exercice et de voter à nouveau sur un budget revu et corrigé. Le deuxième exercice avait eu lieu en plein 24 décembre.
«Si on veut faire un travail productif, il va falloir que l'ambiance soit plus cordiale. On doit être capable de travailler comme du monde. Si on se dit les choses de façon claire, franche et honnête, je n'ai pas de problème avec ça. Mais l'hypocrisie, je ne suis pas capable», insiste le maire.
Au moment d'écrire ces lignes, trois journées consécutives à la mi-novembre ont été retenues pour une rencontre de type «lac-à-l'épaule». Mais les conseillers ne savent toujours pas quelle forme cette session de travail prendra.
Ne pas répéter les erreurs
Des conseillers du Groupe des sept trouvent étonnants les propos du maire qui dit jongler avec l'idée de limiter leur participation aux travaux préparatoires du budget 2011 mais ils disent être d'accord avec lui sur un point: il est nécessaire que la formule de cette rencontre de travail change de forme.
La conseillère du district de Sainte-Marguerite, Catherine Dufresne, se dit préoccupée par l'importance de l'exercice de préparation du budget.
«Le budget est une des activités les plus importantes pour les conseillers. L'an passé, on est passé complètement à côté. Faudrait pas répéter les erreurs de l'an passé. Mais pour ça, il faut se donner un cadre de travail efficace», insiste la benjamine du conseil trifluvien.
Selon elle, il est primordial que tous les conseillers puissent prendre part à l'exercice. «Il (le maire) ne peut pas inviter juste sa gang. On a été élu nous aussi et on a probablement tous des idées sur le budget. Ce qui cloche, c'est la façon de procéder», ajoute la conseillère. Celle-ci travaille présentement à regarder comment ça se passe dans les autres villes de taille semblable pour ce qui est de la préparation du budget.
Son collègue André Noël, conseiller dans le district du Carmel, est aussi d'avis qu'il y a un problème à Trois-Rivières dans la façon de procéder. «Le problème, actuellement, c'est que le lac-à-l'épaule est composé essentiellement d'une série de présentations. Nous, on voudrait une véritable assemblée de travail au cours de laquelle on pourrait vraiment prendre des décisions», explique-t-il.
Lui et certains de ses collègues ont fait part, lundi lors de la séance de travail privée des conseillers, de leurs idées quant à la façon de procéder. «Le directeur général semblait assez ouvert à trouver un mode d'opération qui convienne à tout le monde. Mais présentement, on est dans le flou», ajoute M. Noël. Celui-ci mentionne que le maire et plusieurs conseillers ont quitté peu de temps après que les élus du Groupe des sept eurent abordé le sujet de la séance de travail prébudgétaire.
«On a parlé de la dynamique et de l'information qu'on doit avoir avant d'arriver à cette séance de travail-là. Il faut que les différents scénarios soient mis sur la table pour qu'on puisse prendre des décisions. Au cours des dernières années, tout était pas mal décidé d'avance», remarque le conseiller.
«Au fond, le problème, c'est qu'on ne s'est jamais assis, entre élus, pour se demander ce qu'on voulait comme fonctionnement. Il me semble que ça aiderait», conclut Catherine Dufresne.